Emile Desplanques en 1935
Emile Desplanques : né en 1914 à Lille (Nord) ; domicilié à Gennevilliers (Seine) ; électricien à la SNCF ; CGT et communiste ; arrêté le 1er mars 1941 ; arrêté comme otage le 28 avril 1942 ; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 19 septembre 1942.

Emile Desplanques est né le 13 janvier 1914 à Lille (Nord).  Il habite au 74, rue Paul Vaillant-Couturier à Gennevilliers (ancien département de la Seine / Hauts-de-Seine).
Il est le fils de Léocadie Bourdon, 34 ans, ménagère et de Louis, Régis, Joseph Desplanques, 42 ans, garçon brasseur, son époux. Son père est né à Armentières (Nord) le 14 août 1870. Ses parents habitent alors rue de l’Est, Cité Brunswick 3.
En 1924 ses parents habitent Gennevilliers au 9, rue Ferrier.
Emile Desplanques travaille à la SNCF comme aide ouvrier, monteur électricien.
Il adhère aux Jeunesses communiste en 1934, puis au Parti communiste et à la CGT.

Domicilié chez ses parents rue Ferrier en 1935, il épouse Marie-Rose, charlotte Blésy le 21 septembre 1935 à Gennevilliers. Elle est née le le 30 août 1915 à Béziers. Le couple a un garçon, Jacques, qui naît le 1er janvier 1936.
Emile Desplanques effectue son service militaire en 1935.

Après l’interdiction du Parti communiste le 26 septembre 1939, il milite dans la clandestinité.
Cheminot, il est vraisemblablement « affecté spécial » sur son poste de travail lors de la mobilisation générale.

Le vendredi 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Toute la banlieue parisienne est occupée les jours suivants. Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Il est arrêté le 1er mars 1941, par des policiers français du commissariat de Puteaux, qui le conduisent au commissariat. Il y est brutalisé pour qu’il donne le nom de ses camarades. En vain. Il est écroué à la maison d’arrêt de la Santé jusqu’au 22 avril 1941, puis mis en liberté surveillée.
La SNCF le révoque à cause de cette arrestation. Il poursuit malgré tout son action clandestine.

Le 28 avril 1942, il est arrêté à nouveau à Gennevilliers, comme otage, cette fois par la police allemande, lors d’une grande rafle qui touche de nombreux militants communistes de la région parisienne. Cette rafle vise des militants du Parti communiste clandestin ou considérés comme tels. Lire dans le site La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942). Suivant cette politique des otages, les autorités d’occupation ordonnent l’exécution d’otages déjà internés et le 28 juin, arrêtent 387 militants (avec le concours de la police parisienne), dont la plupart avaient déjà été arrêtés une première fois par la police française pour « activité communiste » depuis l’interdiction du Parti communiste (le 26 septembre 1939) et libérés à l’expiration de leur peine. Les autres sont connus ou suspectés par les services de Police. Il s’agit de représailles ordonnées à la suite d’une série d’attentats à Paris (le 20 avril un soldat allemand de première classe est abattu au métro Molitor, deux soldats allemands dans un autobus parisien, le 22 avril un militaire allemand est blessé à Malakoff). Lire le témoignage de Claude Souef : La rafle des communistes du 28 avril 1942 à Paris.

Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (le Frontstalag 122).
Les autorités allemandes l’internent au camp de Compiègne (le Frontstallag 122), administré et gardé par la Wehrmacht.
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis Compiègne, Emile Desplanques est déporté à Auschwitz le 6 juillet 1942. Ce même jour, il lance un billet sur la voie dans lequel il écrit à sa femme : « courage et confiance, je serai bientôt de retour« .  Lire dans le site : Les lettres jetées du train

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Il est immatriculé à son arrivée à Auschwitz, le 8 juillet 1942. Le numéro matricule figurant dans mes deux premiers ouvrages sur
le convoi du 6 juillet 1942 (éditions de 1997 et 2000) et signalé comme incertain (voir l’avertissement précédant la liste alphabétique) correspondait
à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Elle avait notamment pour objectif de faciliter l’identification des 524 photos
anthropométriques de « 45000 » préservées de la destruction par des résistants du camp et retrouvées après la libération d’Auschwitz. Cependant, cette reconstitution n’a pu complètement aboutir en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Il serait donc hasardeux de maintenir le numéro « 45.467 » pour  Emile Desplanques en l’absence de nouveaux éléments. En effet la photographie correspondant à ce numéro matricule a disparu et ne peut donc être compare à la photographie de 1935 ci-dessus.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Dessin de Franz Reisz, 1946

Emile Desplanques meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942, à la suite d’une « sélection » des « inaptes au travail » destinés à être éliminés dans les chambres à gaz de Birkenau. Dans les années d’après-guerre, l’état civil français, n’ayant pas eu accès aux archives d’Auschwitz emportées par les armées soviétiques, a fixé la date de son décès au 15 septembre 1942 sur la base des déclarations de deux de ses compagnons de déportation.

Le 6 juillet 1946, la « Voix populaire » de Gennevilliers rend hommage aux 11 communistes déportés quatre ans plus tôt dans « le convoi maudit » vers Auschwitz

La « Voix populaire » du 6 juillet 1946 montage P. Cardon

Le titre de « déporté politique » a été attribué à Emile Desplanques, ainsi que la mention « Mort pour la France ».

Une plaque honore sa mémoire et celle de trois autres cheminots en gare de Lyon (Paris 12ème).
Sources

  • Photo de 1935 communiquée en juillet 2006 par une nièce d’Emile Desplanques, Mme Vatin après la lecture de « Triangles Rouges à Auschwitz« .

  • Archives municipales de Gennevillers. Liste des Déportés, nom des rues, biographie).
  • Fichier national de la Division des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), Ministère de la Défense, Caen.
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943 le décès des détenus immatriculés).

Notice biographique rédigée en novembre 2005 (complétée en 2016,  2019 et 2021) par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) à l’occasion de l’exposition organisée par l’association « Mémoire vive » et la municipalité de Gennevilliers.  Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette biographie. Pour compléter ou corriger cette notice biographique, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com  

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