Henri ANDRE
Henri André : né en 1916 à Mézières (Ardennes) ; domicilié à Paris 5ème ; employé d’imprimerie ; communiste ; arrêté le 25 janvier 1941 ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt en septembre 1942.

ANDRE, Henri, Théodore est né le 13 janvier 1916 à Mézières (Ardennes).  Il habite au 295 rue Saint Jacques à Paris 5ème (adresse confirmée par ses fiches aux Renseignements généraux) au moment de son arrestation. Sa fiche au DAVCC (SHD Caen) indique uniquement une adresse à Courbevoie correspondant à celle de la personne ayant signalé sa disparition et à prévenir en cas de nouvelles.
Il est le fils d’Hélène André et de père inconnu.
Il adhère au Parti communiste en 1935, à la cellule du 5ème arrondissement. En 1937, il s’inscrit sur les listes électorales du cinquième arrondissement, profession : cafetier, et il habite 295, rue Saint Jacques à Paris 5ème
Au moment de son arrestation; il est ouvrier d’imprimerie chez Desfossé au 13, quai Voltaire à Issy-les-Moulineaux (ancien département de la Seine) où il travaille avec Louis Faure, qui sera déporté avec lui dans le même convoi le 6 juillet 1942. Son camarade le décrit : «grand, blond, avec un genou raide». Et de fait Henri André, conscrit de la classe 1936, a été « réformé définitif » pour une tumeur au genou. En 1937, il s’inscrit sur les listes électorales du cinquième arrondissement, profession : cafetier, et il habite 295, rue Saint Jacques à Paris 5ème

Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Devant la recrudescence de l’activité clandestine communiste à la fin de l’année 1940, des inspecteurs de la P.j. enquêtent sur une filière de fabrication de faux tickets d’alimentation impliquant des imprimeurs et ouvriers imprimeurs (à l’époque le Parti communiste clandestin utilise ces tickets comme vecteur de propagande en direction des jeunes chômeurs).
Henri André est arrêté le 25 janvier 1941, le même jour que Louis Faure, à qui il transmettait des tracts du Parti communiste clandestin.
Le 25 janvier 1941, son domicile est perquisitionné : les policiers de la Brigade spéciale saisissent une vingtaine de tracts, des exemplaires de L’Humanité n° 85 et de La Voix de Paris.

Fiche de police

Au cours de son interrogatoire, Henri André déclare les avoir reçus au métro Vavin d’un nommé« Pierre », dont il ignore où il travaille et où il habite. Les lettres et carnets trouvés chez lui ne contiennent pas d’informations permettant aux policiers de remonter la filière.
Le commissaire de police l’inculpe de « vol de tickets d’alimentation » et d’infraction au décret du 26 septembre 1939 (reconstitution de ligue dissoute) puis le défère au procureur.

Fiche d’interrogatoire des Renseignements généraux

Il est envoyé au Dépôt de la Préfecture le 25 janvier 1941. Il est incarcéré comme Louis Faure à la Maison d’arrêt de la Santé, puis à Fresnes, le 7 avril 1941 pour activités communistes.
Le 17 mars 1941  il est condamné à 9 mois d’emprisonnement par la 12ème chambre du tribunal de police correctionnelle de la Seine. Il fait appel de la sentence, comme Louis Faure. Le 26 mai, sa peine est confirmée en appel par la 10ème chambre de la Cour d’appel de Paris.

Au lieu d’être libéré à sa levée d’écrou, il est interné administrativement le 25 octobre 1941 sur ordre du préfet de police de Paris François Bard, au camp d’internement administratif de Rouillé (Vienne) (1).
Le18 mars 1942, il fait partie du petit groupe de 15 jeunes communistes du camp de Rouillé qui – à la demande des autorités allemandes – sont transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122) en vue de leur déportation comme otage : Henri André, Marcel Algret, Maurice Alexis, Jean Bach,

Liste des internés au CSS de Rouillé (montage photo Pierre Cardon)

Roger Desjameau, Louis Faure, René Faure, Georges Guinchan, Gaston Jouy, Henri Migdal, René Louis, Marcel Nouvian, Roger Tessier, seront tous déportés à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942. Jean Valentin sera déporté à Buchewald. André Giraudon sera fusillé à Compiègne le 10 mai 1942.
Au camp de Compiègne, Henri André reçoit le numéro matricule « 3807 ».

Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Henri André est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a été pas retrouvée parmi les 522 photos que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la
destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Compte tenu de sa profession, Henri André aurait peut-être travaillé à l’imprimerie du camp, comme plusieurs autres anciens imprimeurs, dont Louis Faure, mais celui-ci ne l’a pas mentionné.

Henri André est mort du typhus dans le courant de septembre 1942, selon le témoignage de Louis Faure (46234), rescapé.
Il a été classé comme « interné politique » et n’a pas fait l’objet d’une homologation comme déporté : selon Louis Faure, il avait perdu sa mère peu de temps avant sa déportation, et aucune démarche ne semble avoir été entreprise.
Il ne figure pas non plus dans la liste détenue en mairie des déportés de Courbevoie.

  • Note 1 : Le camp d’internement administratif de Rouillé (Vienne) est ouvert le 6 septembre 1941, sous la dénomination de «centre de séjour surveillé», pour recevoir 150 internés politiques venant de la région parisienne, c’est-à-dire membres du Parti Communiste dissous et maintenus au camp d’Aincourt depuis le 5 octobre 1940. D’autres venant de prisons diverses et du camp des Tourelles. © In site de l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé.

Sources

  • Fichier national de la Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen.
  • Témoignage de deux rescapés : Marcel Guilbert de Boulogne et de Louis Faure qui le décrit «grand, blond, avec un genou raide».
  • Archives départementales de la Vienne
  • Archives de la Préfecture de police. C 331 / 24. Montage photo à partir du document original pour préserver l’anonymat des autres internés.
  • Cartons Brigades Spéciales des Renseignements généraux (BS1), par dérogation aux Archives de la Préfecture de police de Paris.

Notice biographique rédigée en 2005 (complétée en 2017 et 2019) par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005. Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger , vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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