Joseph Gawron © Yad Vashem

Matricule probable « 46 276 » à Auschwitz

Joseph Gawron est né le 3 mars 1924 à Saint-Gilles-lez-Bruxelles (Belgique), fils d’immigrés polonais ; domicilié à Paris 11ème ; maroquinier ; arrêté le 22 mai 1942 ; interné aux camp de Pithiviers et Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt.

Joseph Gawron est né le 3 mars 1924 à Saint-Gilles-Lez-Bruxelles, dans une famille de Juifs polonais immigrés en Belgique. Il est le fils de Perla Nasielka et de Samuel Gawron, son époux. Il est l’aîné de trois enfants : un frère cadet de 3 ans et un autre frère, Georges, de 6 ans son cadet, qui échappera à la déportation. Ils sont placés à l’orphelinat après la mort de leur père et l’hospitalisation de leur mère. Les frères ne se connaissent pas. Joseph a alors 8 ans.  Il arrive en France en 1933 où il n’est pas naturalisé français.
A Paris, il habite le quartier Saint-Ambroise, dans une chambre dans le même immeuble que ses tantes au 16, rue Oberkampf (11ème arrondissement). Célibataire, il travaille comme maroquinier chez Huzarski, 34, rue des Archives (Paris 4ème).

Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Dès octobre 1940, Vichy promulgue le statut des Juifs qui créé des conditions discriminatoires pour les personnes de confession israélite. Ce statut est modifié le 2 juin 1941. Exclusion de la fonction publique et de fonctions électives, accès limité par numerus clausus à l’Université, ainsi qu’à certaines professions libérales en forment le contenu. Plus tard, le gouvernement fonde un Commissariat général aux questions juives.

Suite aux démarches de son frère, dossier ACVG mai  1956

Lorsque ses tantes sont arrêtées au printemps 1942, il s’enfuit vers la zone non occupée.
Il semble, selon son frère cadet, qu’il ait été en contact avec un réseau de résistants Juifs pour passer clandestinement la ligne de démarcation.
Il est interpellé à Orléans le 22 mai 1942par la police française, à son domicile au 7, rue de la Croix de Malte, qu’il occupe depuis le 20 mai, au motif d’être « venu de Paris à Orléans sans autorisation« . 

Au moment de son arrestation, 4 membres du groupe « Sologne » y séjournent et sont arrêtés. Nissim Lévy, interné à l’hôpital de Nantes, puis au camp de Choisel à Châteaubriant, Léon Daninos (hôpital de Nantes, puis au camp de Choisel à Châteaubriant), Blumenfeld (hôpital de Nantes) et Rosemberg. 
Son arrestation fait l’objet d’un rapport de la police d’Orléans et elle est suivie par son internement au camp français de séjour surveillé de Pithiviers (fiche du camp de Pithiviers). Sa carte d’identité n°40-CE-72.640 est remise au chef d’escorte. 

Interné au camp de Pithiviers le 23 mai, il est incarcéré le 5 juin 1942 dans le quartier allemand de la prison militaire d’Orléans à la suite d’un ordre téléphoné de la  FeldKommandantur d’Orléans, daté du 4 juin. 

Transfert à Auschwitz  (source ministère de la Défense DAVCC). Le document n’indique pas son internement à Compiègne, mais la date correspond.

Il est renvoyé au camp de Pithiviers (matricule 2073) où il reste jusqu’au 22 juin 1942, date de son transfert au camp allemand de Compiègne (Frontstalag 122). Il y est interné, vraisemblablement au camp « C », le camp où sont alors internés les otages Juifs.

Lire l’article : Les déportés juifs du convoi du 6 juillet 1942 

Depuis le camp de Compiègne, Joseph Gawron est déporté comme otage juif à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.

Dessin de Franz Reisz, 1946

Il reçoit probablement le matricule « 46 276 » à Auschwitz.
Lire dans le site l’article :
Liste  des déportés Juifs du convoi

Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner au camp principal d’Auschwitz (approximativement la moitié du convoi. Les autres, dont tous les otages juifs du convoi, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Joseph Gawron meurt à Auschwitz à une date inconnue. lire dans le site : Les dates officielles de décès des « 45000 » à Auschwitz.

« Les victimes les plus menacées par [les] actions criminelles [des SS et des Kapos] sont en premier lieu les Juifs. Sur les 51 « 45 000 » morts au cours du premier mois (entre le 8 juillet et le 8 août), 21 étaient des Juifs. Le 18 août au matin, 40 jours après l’arrivée, 34 d’entre eux avaient perdu la vie (soit 68 % de leur nombre total) ; dans le même temps, 142 « 45 000 », appartenant aux autres catégories d’otages, avaient disparu, soit 13 % d’entre eux. La froide éloquence de ces statistiques est confirmée par les récits des «45000» rescapés ». (Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942, pages 145-146).
En l’absence de nouvelles le concernant, un acte de disparition est établi le 12 décembre 1953 par le Bureau des déportés et statuts divers de la Direction interdépartementale de Paris, appartenant  à la Sous-Direction des Statuts de combattants et Victimes de Guerre (courrier du 9 mai 1956).

Son nom est inscrit sur la Mur des noms au Mémorial de la Shoah à Paris : emplacement sur le mur : dalle n° 33, colonne n° 11, rangée n° 3.

Sources

  • Renseignements et documents fournis par son frère Georges Gawron, de 6 ans son cadet (correspondance manuscrite du 12 février 2007 et entretien téléphonique) comprenant :
  • Fiche de déportation du 30 août 1949 et dossier au DAVCC 87/b.
  • Fiche des archives de la Préfecture de la police de la Seine et des camps camps de Pithiviers et de Beaune – la – Rolande (archives du Loiret). 
  • Fiche au mémorial Yad Wahem (2006, informations communiqués par son frère Georges).
  • Fiche du fichier national de la Division des archives des victimes des conflits contemporains(DAVCC).
  • Echange de mails avec M. Jean Pierre Stroweis (mars 2020)

Notice biographique réalisée en mai 2010 et complétée en 2019 et 2020 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005 et 2015. Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées du présent site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com 

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