François Delcroix : né en 1910 à Sallaumines (Pas-de-Calais) ; domicilié à Nanterre (Seine) ; manœuvre ; communiste ; arrêté le 26 juin 1941 ; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 18 septembre 1942.
François, Julien Delcroix est né le premier février 1910 à Sallaumines (Pas-de-Calais) au domicile de ses parents, cité du Nouveau monde. Il habite au moment de son arrestation au 92, rue Jules Quentin à Nanterre (Seine / Hauts-de-Seine). L’autre adresse portée sur sa fiche au DAVCC, le 11, cité Jardins à Nanterre est celle de son frère en 1936.
Il est le fils de Laurence, Eugénie Mouche, 23 ans et demi, ménagère et de Robespierre Delcroix, 23 ans, mineur. Il a un frère aîné, Robert, né en 1906 à Loison-sous-Lens (Pas-de-Calais).
Venu en région parisienne, il y travaille comme manœuvre. Il est ensuite chauffeur de four (métallurgie).
En 1933, il est domicilié au 53, rue Ernest Renan à Nanterre, et s’inscrit sur les listes électorales de la ville.
François Delcroix épouse à Nanterre Marceline, Julienne Perche, le 16 mars 1935. Ménagère, elle est née le 15 janvier 1903 à Pluzunet (côte-du-Nord / Côtes d’Armor). Elle est veuve en première noces de Paul, René Tisserand. François Delcroix est toujours « chauffeur d’usine ». Ils dont tous les deux domiciliés au 202, avenue Jules Quentin à Nanterre.
Le couple a deux filles.
En 1936, la famille n’est plus domicilié à cette précédente adresse, ni au 92, rue Jules Quentin (qui sera son adresse en 1941), ni au 11, cité Jardins, où habite son frère Robert Delcroix, son épouse Pauline et leurs enfants Carmen, Lucienne et Robert.
François Decroix est membre du Parti communiste à Nanterre.
Son épouse décède au domicile familial (le 92, rue Jules Quentin), le 8 mai 1939. A cette date, il est toujours chauffeur de four.
Le vendredi 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Un premier détachement allemand occupe la mairie de Nanterre et l’état-major s’y installe. La nuit du 14 au 15 juin, de nombreuses troupes allemandes arrivent à Nanterre et sans s’adresser à la municipalité, occupent maisons et villas de plusieurs quartiers. En ce début de l’été 1940, l’effectif des troupes d’occupation à Nanterre s’élève par moments à 3500 hommes et près de deux cents officiers.
Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Connu antérieurement des services de police pour son appartenance au Parti communiste, François Delcroix est arrêté le 26 juin 1941, dans le cadre d’une grande rafle concernant les milieux syndicaux et communistes. En effet, le 22 juin 1941, jour de l’attaque hitlérienne contre l’Union soviétique, sous le nom «d’Aktion Theoderich», les Allemands arrêtent plus de mille communistes dans la zone occupée, avec l’aide de la police française.
D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy (ici l’Hôtel Matignon), ils sont envoyés en vue de leur déportation comme otages, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), le Frontstalag 122 administré par la Wehrmacht.
La liste des Renseignements généraux répertoriant les communistes internés administrativement le 26 juin 1941, mentionne pour François Delcroix : « Meneur particulièrement actif ». Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, François Delcroix est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942.
Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a été pas retrouvée parmi les 522 photos que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ». Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
François Delcroix meurt à l’infirmerie d’Auschwitz le 18 septembre 1942, d’après les registres du camp. Le titre de « Déporté politique » lui a été attribué.
Sources
- Témoignage de Lucien Ducastel, octobre 1988.
- Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Archives de Caen du ministère de la Défense). « Liste communiquée par M. Van de Laar, mission néerlandaise de Recherche à Paris le 29.6.1948 », établie à partir des déclarations de décès du camp d’Auschwitz.
- Archives de la Mairie de Nanterre, 1992.
- Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Fichier national de la Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen.
- Société d’Histoire de Nanterre : « Nanterre 1939-1945 » article de Marianne Pastor-Andréucci. Soldats allemands à Nanterre, photo page 6
- Archives de la Préfecture de Police de Paris, dossier BS1.
Notice biographique rédigée en novembre 2005 (complétée en 2016, 2019 et 2022) par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) à l’occasion de l’exposition organisée par l’association « Mémoire vive » et la municipalité de Nanterre. Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
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