Amour Baillon à Auschwitz, photo identifiée par son arrière petite fille

Matricule « 45 190 » à Auschwitz

Amour Baillon : né en 1902 à Chevry-Cossigny (Seine-et-Marne) ; domicilié à Thourotte (Oise) ; ouvrier boulanger ; communiste ; arrêté le 19 octobre 1941 ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 4 novembre 1942.

Amour Baillon est né le 11 août 1902 à Chevry-Cossigny (Seine-et-Marne). Il habite Thourotte (Oise) à 12 km de Compiègne, au moment de son arrestation.
Il est le fils de Jeanne Rosalie Gauthereau, 38 ans (1864-1926) journalière et de Pierre Baillon, 26 ans (1876-1954), bouvier, puis machiniste, son époux (ils se sont mariés le 28 novembre 1903, légitimant le garçon). Il a un frère cadet, Marcel, Pierre (1904-1974).
Conscrit de la classe 1922, Amour Baillon fait son service militaire dans la Marine, sur le croiseur « Waldeck-Rousseau ».
Il est sous les drapeaux, « Matelot breveté », à Dunkerque, au moment de son mariage, qui a donc lieu avec l’autorisation de l’autorité militaire obtenue le 12 février (lieutenant de vaisseau Pierre Lidy), en présence de ses parents et de ceux de sa future épouse.

Il se marie à Rosendaël
(Nord) le 1er mars 1924 avec Hermance, Juliette Fourmentel, née à Daubry (Nord) le 7 juin 1902.
Il est alors domicilié chez ses parents à Crépy-en-Valois (Oise) et son épouse habite chez ses parents au 16, rue des Forts à Rosendaël.
Le couple a trois enfants : André, né en 1924 à Rosendaël (Nord), Denise, née en 1929 à Senlis (Oise) et Jacques, dit « Coco » né en 1933 à Thourotte (Oise). En  1931 et 1936, la famille est domiciliée au 73, rue principale à Thourotte (Oise).
Amour Baillon est ouvrier-boulanger chez Henri Vergne, au 22, rue de Paris à Gournay-sur-Aronde (à 20 kilomètres de Thourotte).  

« Dès le début juin 1940, l’Oise est envahie par les troupes de la Wehrmacht. Nombre de villes et villages sont incendiés ou dévastés par les bombardements. Département riche en ressources agricoles, industrielles et humaines l’Oise va être pillé par les troupes d’Occupation. Ce sont les Allemands qui disposent du pouvoir réel et les autorités administratives françaises seront jusqu’à la Libération au service de l’occupant » (Françoise Leclère-Rosenzweig, « L’Oise allemande »). Le 22 juin 1940, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Connu comme communiste par les services de Police, Amour Baillon est arrêté à Thourotte le 21 octobre 1941.

Il est remis aux autorités allemandes à leur demande et celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122). Il y est enregistré sous le matricule n° 1852.
Le 24 avril 1942 le Préfet de l’Oise, Paul Vacquier demande à la Feldkommandantur 580 quelle suite a été réservée aux demandes argumentées de libération d’internés français à Compiègne, qu’il a proposées dans ses lettres des 14 et 17 avril 1942. Parmi celles-ci un commentaire concernant Amour Baillon : « Pourrait bénéficier, sans danger pour l’ordre public et les troupes occupantes, d’une mesure de libération ».
Mais depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Amour Baillon est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Son arrière petite fille, Sandra Trezel, nous a assuré en octobre 2024 qu’il s’agissait bien de lui, « qui ressemble d’ailleurs à beaucoup de mes oncles » (1).

Son numéro d’immatriculation à Auschwitz était incertain.
Le numéro «45 190 ??» figurant avec deux points d’interrogation dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 (éditions de 1997 et 2000), correspondait en effet à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Cette reconstitution n’avait pu aboutir en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules.
Mais son arrière petite fille, Sandra Trezel, nous a assuré en octobre 2024 qu’il s’agissait bien de lui, « qui ressemble d’ailleurs à beaucoup de mes oncles » (1).

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté à cette date

Amour Baillon meurt à Auschwitz le 4 novembre 1942 d’après les registres du camp, date reprise par l’arrêté du 15 septembre 2005 paru au J.O. du 11 janvier 2006, portant apposition de la mention «Mort en déportation» sur son acte de décès.

Le titre de «Déporté politique» lui a été attribué.

Une rue porte son nom à Thourotte.

  • Note 1 : la présence de la photo de ce déporté avec son matricule d’Auschwitz a été publiée sans précautions sur plusieurs sites spécifiant que l’identification en était incertaine, et nous avions craint que l’identification par son arrière petite fille ait pu en être influencée. Mais elle nous a è nouveau précisé qu’il ressemblait à « beaucoup de ses oncles ».

Sources

  • AD Oise, recensements 1931, 1936
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Bureau des archives des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen (dossier individuel consulté en 1993).
  • 3 messages de Sandra Trézel, arrière petite fille d’Amour Baillon, et petite fille de « Coco » Baillon.

Notice biographique rédigée en octobre 2010, complétée en 2024 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages :« Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 450 00 »,éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographie.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

3 Commentaires

    1. bonjour,
      Amour BAILLON était le frère de mon grand-père, Marcel BAILLON qui lui ,habitait à CREPY-EN-VALOIS
      cordialement
      BAILLON Bernard

  1. Bonjour Amour Baillon était le père de mon grand père Jacques Baillon (dit Coco) il ressemble d’ailleurs énormément a beaucoup de mes oncles

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