Matricule « 45 169 » à Auschwitz

André Amiard le 8 juillet 1942 à Auschwitz
André Amiard : né en 1903 à Pontoise (Seine-et-Oise / Val-d'Oise) ; domicilié à Mitry-Mory (Seine-et-Marne) ; communiste ; arrêté le 20 octobre 1940, condamné à 3 mois de prison ; arrêté comme otage communiste le 19 octobre 1941; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 15 août 1942.

André Amiard est né le 30 mai 1903 au 2 bis, rue de l’Eperon à Pontoise (ancienne Seine-et-Oise / Val-d’Oise). Il habite à Mitry-Mory (Seine-et-Marne) au 44, rue de la Rochelle, au moment de son arrestation.
Il est le fils d’Eugénie Léontine Dubois, 42 ans, ouvrière en robes née le 23 octobre 1863 à Atlainville (Seine-et-Oise) et d’Adrien, Pierre, Elie Amiard, menuisier, 46 ans, né le 11 avril 1857 dans le Calvados).
Il est le cadet d’une fratrie de 11 enfants : Amédée 1887-1916 ; Marius 1888-1916 ; Yves 1889-1951 ; Germaine 1891-1892 ; Jules 1892-1930 ; René 1894 -1974, Germaine 1896-1897 ; Valentine 1898-1982 ; Marcel 1899-1953. Leurs parents se sont mariés le 18 novembre 1886 à Sarcelles (Seine-et-Oise).
Leur mère décède le 8 juillet 1918 et leur père le 29 juin 1928 à Pontoise.
En 1936 André Amiard est domicilié au 44, rue de la Rochelle à Mitry-Mory, chez son beau-frère Maurice Lenail, entrepreneur (Moulin Prépart Paris), sa sœur Valetine et leur fils Maurice (né en 1921).
Il travaille alors comme employé de bureau à la Compagnie d’Assurances Franco-Asiatique (85, rue St Lazare à Paris 17ème).
Membre du Parti communiste, il est secrétaire de la cellule locale dont son beau-frère est trésorier.
Par la suite André Amiard est employé comme agent d’assurance à la Garantie Mutuelle des Fonctionnaires à Paris 8ème (la GMF, est créée en 1934 par des syndicalistes).
Conscrit de la classe 1923, il est mobilisé le 3 septembre 1939, à la 16è batterie de repérage dépendant de la VIIIe armée (les BR sont des unités modernes formées à Saint-Cloud, et sont destinées à assurer le repérage des batteries ennemies) : elle est installée sur le site du Herrenwald en Moselle.
Le 14 juin 1940, les troupes allemandes sont à Meaux ; le 15 juin à Brie-Comte-Robert et à Melun. Le dimanche 16 juin 1940, des éléments motorisés de la Werhmacht franchissent la Seine à Valvins sur un pont de bateaux. Ils traversent Avon avant d’entrer dans Fontainebleau, précédant le gros des troupes. Le 14 juin, l’armée allemande était entrée par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cessant d’être la capitale du pays et devenant le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne et les départements voisins les jours suivants.  Le 22 juin, l’armistice est signé.
Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Le 1er août 1940, la 16è BR s’est repliée dans les Pyrénées. André Amiard est démobilisé à Tarbes (Hautes-Pyrénées), le 3 septembre 1940 et revient à Mitry-Mory où il reprend des activités militantes clandestines, avec son beau-frère.
En octobre 1940, les services de police qui constatent une recrudescence de la propagande communiste, mettent en place des filatures et perquisitionnent aux domiciles des communistes connus avant guerre.

Le 20 octobre 1940, André Amiard est arrêté avec son beau-frère par les services de la police d’État de Seine-et-Marne pour « distribution de tracts ». Le 31 octobre, ils sont condamnés tous deux à trois mois de prison par le Tribunal correctionnel de Meaux.
Le 25 janvier 1941, ils sont libérés à l’expiration de leur peine de prison.
Le 19 octobre 1941, il est à nouveau arrêté arrêté à son domicile, cette fois-ci par la Feldgendarmerie, comme otage.
Le même jour trois autres militants de Mitry-Mory sont également arrêtés : Jean Guilbert, Pierre Colombier (tous deux déportés à Auschwitz) et Charles Collet.
Les 19 et 20 octobre, de nombreux
élus ou militants communistes du département sont arrêtés.
Parmi eux, 44 seront déportés à Auschwitz.
Lire dans le site la rafle des communistes en Seine-et-Marne, octobre 1941


André Amiard et ses camarades de Seine-et-Marne sont transférés par autocar au camp de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122), le 20 octobre 1941.
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, André Amiard est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942.
Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro « 45 169 ».

Sa photo d’immatriculation (4) à Auschwitz a été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi.
Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

André Amiard meurt à Auschwitz le 15 août 1942 d’après son certificat de décès établi au camp pour le registre d’état civil de la municipalité d’Auschwitz ; in Death Books from Auschwitz, Tome 2, page 25).
Sa fiche d’état civil établie en France à la Libération porte la mention «décédé le 10 octobre 1942, à Auschwitz». Elle a été corrigée après une communication du centre d’Arolsen.
Lire dans le site Les dates de décès à Auschwitz.
Le nom d’André Amiard est inscrit sur le monument aux morts de Mitry-Mory.

Sources

  • Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau indiquant généralement la date de décès au camp.
  • « La Résistance en Seine et Marne« , Claude Cherrier et René Roy, (Presses du Village).
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen (fiche individuelle consultée en 1992).
  • Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau indiquant généralement la date de décès au camp.
  • © Site Site Internet mémorial « GenWeb ».
  • Archives en ligne de la ville de Pontoise.

Notice Biographique rédigée en janvier 2011, complétée en 2021 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de « Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 » », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice.
Pour la compléter ou la corriger , vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com 

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