Paul Cavanié : né en 1913 à Aubervilliers (Seine / Seine-Saint-Denis) ; domicilié à Courtry (Seine-et-Marne) ; cheminot ; communiste ; arrêté le 20 octobre 1941 comme otage ; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt.

Paul Cavanié est né le 20 janvier 1913 à Aubervilliers (Seine – aujourd’hui Seine-Saint-Denis). Il habite Le Pin, rue de Courtry (Seine-et-Marne) ou à «Courtry par Le Pin» (fiche DAVCC) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Marie Léopoldine Béloteau, née le 12 mars 1881 à Marans (Charente-Maritime) et de Jules Cavaillé, né le 13 mai 1876 à Maurs (Cantal).
Il a un frère et deux sœurs (Bernard né en 1910, Denise, née en 1914 et Carmen). Leurs parents se sont mariés à Aubervilliers le 21 mai 1904.
De la classe 1933, il est appelé au service militaire et l’effectue au 117è régiment d’artillerie à Toulouse.
En 1936, il habite avec ses parents et ses deux sœurs au 19, grand-rue de Courtry.

Paul Cavanié est membre du Parti communiste. Sur sa fiche au DAVCC figure la note : « son nom se trouvait sur une liste de candidats communistes aux dernières élections municipales« , soient celles des 5 et 12 mai 1935.

Selon des fiches de police il serait conseiller municipal à Courtry (mais nous n’avons pu trouver de documents électoraux de cette époque). Il sera d’ailleurs arrêté en 1941 en même temps que l’ancien maire, Antony Lefevre, et deux autres anciens conseillers municipaux, Jean Boisseau et Abel Lance qui figurent tous sur une liste d’otages
Le 1er février 1937, il est embauché comme homme d’équipe par la Compagnie de chemin de fer du Nord, qui fusionnera avec d’autres en 1938 pour composer la SNCF. Il travaille alors à la gare SNCF de Sevran-Livry, située à 200 m du centre ville de Sevran (Seine-Saint-Denis).
Il est mobilisé après la déclaration de Guerre, à Toulouse. Le 117è Régiment d’artillerie est dissous le 6 juin 1940 à Saint-Yriex dans la Creuse.

Le 14 juin, les troupes allemandes sont à Meaux ; le 15 juin à Brie-Comte-Robert et à Melun. Le dimanche 16 juin 1940, des éléments motorisés de la Werhmacht franchissent la Seine à Valvins sur un pont de bateaux. Ils traversent Avon avant d’entrer dans Fontainebleau, précédant le gros des troupes. .Le 14 juin, l’armée allemande était entrée par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cessant d’être la capitale du pays et devenant le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne et les départements voisins les jours suivants.  Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Paul Cavanié est démobilisé à Châteauroux (Indre) en juillet 1940 et reprend aussitôt son travail à la SNCF.
Fin octobre 1940, les services de police notent une recrudescence de la propagande communiste et surveillent les militants communistes d’avant guerre connus.
Paul Cavanié est arrêté par la police française et la Feldgendarmerie le 20 octobre 1941 à Courtry. De nombreux élus ou militants communistes du département sont arrêtés les 19 et 20 octobre. Parmi eux, 44 seront déportés à Auschwitz.
Lire dans le site la rafle des communistes en Seine-et-Marne, octobre 1941.

A la demande des autorités allemandes Paul Cavanié est transféré au camp de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122), le 21 octobre 1941.
Il y reçoit le n° matricule 1827. Paul Cavanié figure sur la liste de recensement (décembre 1941) des communistes du camp de Compiègne nés entre 1912 et 1922 « aptes à être déportés à l’Est », en application de l’avis du 14 décembre 1941 du commandant militaire en France, Otto von Stülpnagel (archives du CDJC IV 198).
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz.
Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Paul Cavanié est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Son numéro d’immatriculation à Auschwitz n’est pas connu.
Le numéro « 45342 ?» figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 correspondait à ma tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr en raison de l’existence des quatre listes alphabétiques successives que j’ai reconstituées, de la persistance de lacunes pour quatre noms, mais d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules.
Il ne figure plus dans mon ouvrage Triangles rouges à Auschwitz.

Paul Cavanié serait mort à Auschwitz le 20 juin 1943, date figurant sur sa fiche au DAVCC, mais qui ne figure pas dans les registres du camp. Elle est donc incertaine.
Il a été déclaré « Mort pour la France ».

Le titre de « Déporté politique » lui a été attribué le 24 août 1955.
Son nom est honoré sur le monument aux morts de Courtry, parmi les « victimes civiles », ce qui ne correspond malheureusement pas à la réalité.

Sources

  • Division des archives des Victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen (fiche individuelle consulté en juillet 1992 au Val de Fontenay).
  • « La Résistance en Seine et Marne« , Claude Cherrier et René Roy, (Presses du Village).
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC / Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
  • Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys, cabinet du Préfet.

Notice biographique rédigée en janvier 2011 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de « Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 » », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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