La famille n’a pas conservé de photo de Pierre Dumont, mais son arrière petite fille souligne la ressemblance du visage  du déporté ci-dessus  avec la fille de Pierre Dumont, Lucienne, sa grand-mère
Pierre Dumont : né en 1908 à Villeneuve-le-Comte (Seine-et-Marne) ; domicilié à Lagny (Seine-et-Marne) ; tanneur, jardinier ; responsable syndical CGT, communiste ; arrêté le 19 octobre 1941; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 12 septembre 1942.

Pierre Dumont est né le 18 août 1908 à Villeneuve-le-Comte (Seine-et-Marne). Il habite Lagny au 25, rue de Melun (Seine-et-Marne), au moment de son arrestation.
Il est le fils de Marie Louise Durand (1875-1947) et de Human Dumont (1874-1947), son époux.
Il a deux frères et une sœur (André né en 1903, Madeleine et Louis). En 1911, la faille habite au 87, rue de Tournan.
Il a épousé Léone, Louise Delattre, sans profession, née à Serris (Seine-et-Marne), le 26 décembre 1913.
Il est manouvrier (peut-être jardinier, profession qu’il indique à Auschwitz, peut-être sur le conseil de déportés plus anciens pour espérer être dans un des Kommando réputés les moins durs).

La tannerie Herrenschmidt

Pierre Dumont travaille à la tannerie Herrenschmidt où il est responsable syndical en 1936. La famille habite alors au 54, rue de Melun (recensement de la population de 1936).
Le couple a un garçon, Daniel, né en 1933 à Lagny et une fille, Lucienne, qui naît également à Lagny, le 26 avril 1937. Ses parents sont alors domiciliés au 25, rue de Melun (Le journal de Seine-et-Marne du 8 mai 1937).

Selon l’histoire familiale, Pierre Dumont est un militant syndical et membre du Parti communiste. Les souvenirs sont rapportés par son arrière petite-fille,
Maeva Magneron, qui les tient de sa grand-mère Lucienne : « Mon arrière-grand-père s’est fait licencier plusieurs fois à cause de ses activités syndicales, il était chargé de distribuer des tracts et les stockait chez lui. Il aurait commencé à s’engager au sein du Parti communiste à partir de 1936 ».
En janvier 1939 la direction générale de la Sûreté auprès du Ministère de l’intérieur sollicite les préfets pour connaître « l’organisation et l’activité de chacun des partis extrémistes » de leur département, dont les cellules du parti communiste. Dans le rapport du Préfet de Seine-et-Marne, qui est alors Hyacinthe Tomasini (nommé en 1935, remplacé de juin 1940 à novembre 1941 par Pierre Voizard), Pierre Dumont est désigné comme secrétaire adjoint de la cellule communiste (premier secrétaire, Maurice Rust, emboutisseur et Gustave Martin, trésorier). « Les réunions organisée par cette cellule se tiennent une fois par semaine dans une petite salle se trouvant au domicile du trésorier de la section, M. Bouyrat, tailleur d’habits, 32, rue du Chemin de fer à Lagny. Les militants se réunissent quelquefois au Café Jovenes, 17, rue Saint-Denis. L’activité de la cellule de Lagny s’est ralentie depuis plusieurs mois, en raison notamment d’un désaccord survenu entre les dirigeants et M. G. Georges, ex-secrétaire de cellule, conseiller municipal communiste de Lagny qui aurait démissionné, depuis peu de temps, du parti communiste».

Le 14 juin 1940, les troupes allemandes sont à Meaux ; le 15 juin à Brie-Comte-Robert et à Melun. Le dimanche 16 juin 1940, des éléments motorisés de la Werhmacht franchissent la Seine à Valvins sur un pont de bateaux. Ils traversent Avon avant d’entrer dans Fontainebleau, précédant le gros des troupes. Le 14 juin, l’armée allemande était entrée par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cessant d’être la capitale du pays et devenant le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne et les départements voisins les jours suivants.  Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Depuis l’été 1940, il fait partie de l’organisation clandestine reconstituée par Gustave Martin à Lagny (impression et distribution de tracts contre Vichy et la politique de collaboration), mais aussi recrutement pour « l’O.S », l’organisation armée constituée à partir de la fin de 1940 » avec Albin Desmazes, Louis Lahaie, René Mabilla et Béziat de Dampmart.

Pierre Dumont est arrêté le 19 octobre 1941 à son domicile par la Felgendarmerie. Les 19 et 20 octobre 1941, de nombreux élus ou militants communistes du département sont arrêtés. Parmi eux, 44 seront déportés à Auschwitz.
Lire dans le site la rafle des communistes en Seine-et-Marne, octobre 1941.
« Ma grand-mère se souvient du moment où les allemands sont venus arrêter mon arrière-grand-père. Les Allemands ont cherché des tracts, mais ils n’ont rien trouvé car mon arrière-grand-mère les avait brûlés » .
A la demande des autorités allemandes, Pierre Dumont et ses camarades de Lagny sont transférés par autocar au camp de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122), le 19 octobre 1941.
« Ma grand-mère se souvient qu’elle s’est rendue, accompagnée de sa mère,  à Compiègne pour voir son père avant le départ du convoi pour Auschwitz. Les prisonniers et les visiteurs étaient séparés par un comptoir. Ils n’avaient pas le droit de s’embrasser ni de se toucher ».
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz.
Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Pierre Dumont est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Son numéro d’immatriculation à Auschwitz n’est pas encore connu. Le numéro « 45504 ? » figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 (éditions de 1997 et 2000) correspondait à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules, qui n’a pu aboutir en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Il ne peut être validé avec certitude que si la photo du déporté portant ce numéro est reconnue comme la sienne par sa famille ou ses amis. La ressemblance de la photo du déporté portant ce numéro avec sa fille, selon son arrière petite-fille, augmente la possibilité de cette validation. 

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces).
Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Dessin de Franz Reisz, 1946

Pierre Dumont meurt à Auschwitz le 12 septembre 1942 d’après son certificat de décès établi au camp pour le registre d’état civil de la municipalité d’Auschwitz, in Death Books from Auschwitz, Tome 2, page 246).
Il a été déclaré « Mort pour la France« . Le titre de « déporté politique » lui a été attribué. Le nom de Pierre Dumont est inscrit sur le monument aux morts de Lagny.
Sa veuve est décédée à Rueil-Malmaison en 2010.

Sources

  • Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), Ministère de la Défense, Caen (fiche individuelle consultée en juin 1992).
  • « La Résistance en Seine et Marne« , Claude Cherrier et René Roy, (Presses du Village).
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • © Site Site Internet mémorial « GenWeb ».
  • Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys, cabinet du préfet.
  • Courriels de son arrière petite-fille Maeva Magneron, janvier 2017 et juin 2017 (document d’Arolsen et fiche d’état civil de leur fille Lucienne).

Notice biographique installée en 2011, complétée en 2017 et 2022 par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) .  Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com 

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