Matricule « 46 196 » à Auschwitz
Marcel Vincent : né en 1907 à Maisons-Laffitte (Seine-et-Oise / Yvelines); domicilié à Esbly (Seine-et-Marne) ; patron peintre ; communiste ; arrêté le 20 octobre 1941 ; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 18 septembre 1942.
Marcel, Auguste Vincent né Lecoq, nait au 9 rue de l’Eglise le 11 novembre 1907 à Maisons-Laffitte (Seine-et-Oise, aujourd’hui Yvelines).
Il habite au 38, rue du Parc à Esbly (Seine-et-Marne) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Marie Lecoq, domestique, 22 ans, née en 1886 à La Méaugon (Côtes-du-Nord / Côtes d’Armor), reconnu par sa mère le 1er décembre 1908, et légitimé par le mariage de celle-ci, le 10 janvier 1914 à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord) avec Isidore Vincent, né en 1881, à Isles-les-Villenois (Seine-et-Marne).
En avril 1914, la famille Vincent habite au 11, avenue Gambetta, à Paris 20e.
Marcel Vincent, conscrit de la classe 1927, est recensé avec le matricule n° « 5639 » par le bureau de recrutement militaire de Versailles. Mais il est également recensé par le bureau de recrutement militaire de la subdivision de Coulommiers avec le n° matricule « 1088 », volume 3. Les délais de communicabilité de 100 ans prévus par la Loi portent à l’année 2027 pour nous permettre de savoir dans quel département il est appelé au service militaire, et s’il l’effectue.
Marcel Vincent est patron peintre.
Il a épousé Renée Perney, avec laquelle il a eu un fils, René. Le couple a divorcé.
Lors des recensements de 1931 et de 1936, il habite au 38ter, rue du Parc à Esbly, seul avec son père, qui travaille comme manouvrier pour divers patrons à Esbly. Il est toujours patron peintre.
Marcel Vincent adhère au Parti communiste en1936 et sera secrétaire de la cellule locale d’Esbly.
Le 14 juin 1940, les troupes allemandes sont à Meaux ; le 15 juin à Brie-Comte-Robert et à Melun. Le dimanche 16 juin 1940, des éléments motorisés de la Werhmacht franchissent la Seine à Valvins sur un pont de bateaux. Ils traversent Avon avant d’entrer dans Fontainebleau, précédant le gros des troupes. .Le 14 juin, l’armée allemande était entrée par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cessant d’être la capitale du pays et devenant le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne et les départements voisins les jours suivants. Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Marcel Vincent est arrêté le 20 octobre 1941, avec 5 autres militants, dont André Touret, Modeste Douchet, et André Bichot, qui seront comme lui déportés à Auschwitz. De nombreux élus ou militants communistes du département sont arrêtés les 19 et 20 octobre. Parmi eux, 42 seront déportés à Auschwitz.
Lire dans le site : la rafle des communistes en Seine-et-Marne, octobre 1941.
Dans l’enquête des services de la préfecture faite en 1942 à la suite de la demande de libération effectuée par l’épouse d’André Bichot, des éléments du rapport le concernent « le prénommé (Bichot) était connu pour avoir des idées très avancées et avoir adhéré au parti communiste (…) il était noté comme tel sur la liste conservée à la Brigade de Gendarmerie d’Esbly, communiquée d’ailleurs à monsieur le commissaire de police spéciale à Melun avant les propositions d’internement. Il en a été de même pour les trois autres militants (André Touret, Modeste Douchet, André Bichot) sur le compte desquels sont établis les présents rapports ».
Marcel Vincent et ses camarades d’Esbly sont transférés par car au camp de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122), le 20 octobre 1941.
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz.
Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne Marcel Vincent est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro matricule « 46 196″.
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ». Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Le Musée d’Auschwitz-Birkenau indique qu’il est admis au Block 20 (le Block « hôpital » du camp).
Marcel Vincent meurt à Auschwitz le 18 septembre 1942 d’après son certificat de décès établi au camp pour le registre d’état civil de la municipalité d’Auschwitz ; in Death Books from Auschwitz, Tome 3, page 1277).
Lire dans le site Les dates de décès à Auschwitz.
Marcel Vincent a été déclaré « Mort pour la France« .
Le titre de « Déporté politique » lui a été attribué.
Sources
- « La Résistance en Seine et Marne« , Claude Cherrier et René Roy, (Presses du Village).
- Listes – incomplètes – du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de la F.N.D.I.R.P).
- Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen (fiche individuelle consultée en juillet 1992).
- Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
- Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Archives de Caen du ministère de la Défense). « Liste communiquée par M. Van de Laar, mission néerlandaise de Recherche à Paris le 29.6.1948 », établie à partir des déclarations de décès du camp d’Auschwitz.
Notice biographique installée en 2011, complétée en 2017 et 2022 par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) . Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com