Henri Tauleigne ; né en 1904 à Paris (13è) ; domicilié à Bondy (Seine-Saint-Denis) ; galochier puis employé livreur ; conseiller municipal communiste de Bagnolet ; administrateur du centre de santé de Bondy ; arrêté le 26 juin 1941 ; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 14 août 1942.
Henri Tauleigne est né le 2 mars 1904 à Paris (13è arrondissement). Il habite au 64, rue de Belfort à Bondy (Seine-Saint-Denis) au moment de son arrestation.
Fils d’un cantonnier, Henri Tauleigne est d’abord galochier puis employé livreur.
« Henri Tauleigne se maria le 8 avril 1922 à Tigeaux (Seine-et-Marne) avec Rolande Hugues. Il habitait chez ses parents retraités, dans son arrondissement de naissance, 8 rue de la Butte aux Cailles. Le couple divorça en 1926 . Domicilié à Bagnolet 140, avenue Pasteur, il fut élu le 5 mai 1935 conseiller municipal communiste de Bagnolet (Seine) sur la liste conduite par Paul Coudert , 27e sur 27. En cours de mandat, il partit habiter à Bondy, 5, place Albert Thomas (des HBM) » (Le Maitron).
Militant communiste, il est un des responsables locaux du Parti communiste à Bondy où il devient le premier administrateur du Centre municipal de Santé situé à l’époque dans l’immeuble où se trouve aujourd’hui l’OPHLM.
Henri Tauleigne est déchu de son mandat le 15 février 1940 par le conseil de préfecture (le Parti communiste est interdit à la suite des décrets de septembre 1939).
Le 14 juin 1940 les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne et les départements voisins les jours suivants. Fin juin, le fort d’Ivry est occupé par l’armée allemande, la Maison de santé et de nombreux logements sont réquisitionnés. L’armistice est signé le 22 juin. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Henri Tauleigne est arrêté le 26 juin 1941 au matin par la police française, dans le cadre de la grande rafle commencée le 22 juin 1941, jour de l’attaque hitlérienne contre l’Union soviétique. Sous le nom «d’Aktion Theoderich», les Allemands arrêtent plus de mille communistes dans la zone occupée, avec l’aide de la police française.
La liste des Renseignements généraux répertoriant les communistes internés administrativement le 26 juin 1941, mentionne pour Henri Tauleigne : « Meneur particulièrement actif ».
D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy (l’hôtel Matignon pour Henri Tauleigne et ses camarades arrêtés le 27 juin), ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré par la Wehrmacht et qui ce jour là devient un camp de détention des “ennemis actifs du Reich”.
Depuis ce camp, il va être déporté à destination d’Auschwitz.
Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, voir les deux articles du site : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation
Henri Tauleigne est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 ». Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Son numéro d’immatriculation à Auschwitz n’est pas connu. Le numéro « 46131 ? » figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 correspondait à ma tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr en raison de l’existence des quatre listes alphabétiques successives que j’ai partiellement reconstituées, de la persistance de lacunes pour quatre noms, mais d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Il ne figure plus dans mon ouvrage Triangles rouges à Auschwitz
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté à cette date.
Henri Tauleigne meurt à Auschwitz le 27 octobre 1942, date inscrite dans les registres du camp et transcrite à l’état civil de la municipalité d’Auschwitz ; in Death Books from Auschwitz, Tome 3, page 1940 et sur le site internet du Musée d’Auschwitz (voir note 1).
Ignorant son sort, à la Libération le Conseil municipal provisoire de Bagnolet le compte parmi ses membres.
Il est honoré à Bagnolet et son nom est inscrit sur le monument aux morts de Bondy.
Le Centre Municipal de Santé de Bondy porte toujours son nom.
Note 1 : Dans l’étude par ailleurs très utile © Des Bondynois dans la Résistance, par Vincent Duguet (2008), on trouve deux dates erronées : aucun convoi ne part en effet le 14 juillet 1942 à destination d’Auschwitz, mais le bien 6 juillet, et la date de décès d’Henri Tauleigne à Auschwitz est avérée. De plus fin 1942, il n’y a pas de départ à partir d’Auschwitz pour des mines de sel, où l’article mentionne son décès.
Sources
- Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Le Maitron, notice Claude Pennetier 2014 (dir), éditions de l’Atelier.
- Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Au service de la population. La municipalité de Bagnolet vous soumet son bilan 1928-1958, février 1959, page « Nos disparus » (Le Maitron).
- © Photo du CMS Henri Tauleigne, service de communication départemental, Panoramio, DR.
- © Site Internet Mémorial-GenWeb.
- Archives de la Préfecture de police de Paris. Renseignements généraux, Liste des militants communistes internés le 26 juin 1941.
Notice biographique rédigée en 2007, mise en ligne en 2012, complétée en 2015, 2019, 2020, 2022 et 2024 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com