Le Centre Municipal de Santé Henri Tauleigne à Bondy


Henri Tauleigne est né le 2 mars 1904 à Paris (XIIIème arrondissement). 

Il habite au 64 rue de Belfort à Bondy au moment de son arrestation. 

Fils d’un cantonnier, Henri Tauleigne est d’abord galochier puis employé livreur. 

« Henri Tauleigne  se maria le 8 avril 1922 à Tigeaux
(Seine-et-Marne) avec Rolande Hugues. Il habitait chez ses parents retraités,
dans son arrondissement de naissance, 8 rue de la Butte aux Cailles. Le couple
divorça en 1926
 . Domicilié à
Bagnolet 140 av. Pasteur, il fut élu le 5 mai 1935 conseiller municipal
communiste de Bagnolet (Seine) sur la liste conduite par Paul Coudert  27e
sur 27. En cours de mandat, il partit habiter à Bondy, 5 place Albert Thomas
(des HBM) »
(Le Maiton). 

Militant communiste, il est un des responsables locaux du Parti communiste à Bondy où il  devient le premier administrateur du Centre municipal de Santé.

Henri Tauleigne est déchu de son mandat le 15 février 1940 par le conseil de préfecture (le Parti communiste est interdit à la suite des décrets de septembre 1939).

Extrait de la liste des RG du 26 juin 1941, montage à
partir du début de la liste

Henri Tauleigne est arrêté le 26 juin 1941 au matin par la police française, dans le cadre de la grande rafle commencée le 22 juin 1941, jour de l’attaque hitlérienne contre l’Union soviétique. Sous le nom «d’Aktion Theoderich», les Allemands arrêtent plus de mille communistes dans la zone occupée, avec l’aide de la police française. 

La liste des Renseignements
généraux répertoriant les communistes internés administrativement le 26 juin
1941, mentionne pour Henri Tauleigne : « Meneur particulièrement actif ».

D’abord placés dans des lieux
d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy (ici l’Hôtel Matignon), ils
sont envoyés en vue de leur déportation comme otages, à partir du 27 juin 1941,
au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), le Frontstalag 122 administré par la Wehrmacht.D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy (l’hôtel Matignon pour Henri Tauleigne et ses camarades arrêtés le 27 juin), ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré par la Wehrmacht et qui ce jour là devient un camp de détention des “ennemis actifs duReich”. 

Depuis ce camp, il va être
déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant
qui mène à sa déportation, voir les deux articles du blog : La
politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) 
et «une
déportation d’otages
».

Cf Article du blog : Les
wagons de la Déportation

Henri Tauleigne est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 ». Ce convoi d’otages composé, pour l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques du parti et syndicalistes de la CGT) et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de représailles allemandes destinées à combattre, en France, les « judéo-bolcheviks » responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le blog le récit
des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz
: 6, 7, 8 juillet 1942
.

Dessin de Franz Reisz, 1946

Son numéro d’immatriculation à Auschwitz n’est pas connu. Le numéro « 46131 ? » figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 (éditions de 1997 et 2000) correspondait à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules, qui n’a pu aboutir en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules.

Lire dans le blog le récit
de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée
au camp principal, 8 juillet 1942.
et 8
juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale »

Après l’enregistrement, il passe
la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux
pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau,
situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est
interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs
ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement
la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement
et à la construction des Blocks.

Henri Tauleigne meurt à Auschwitzle 27 octobre 1942(date inscrite dans les registres du camp et transcrite à l’état civil de la municipalité d’Auschwitz ; in Death Books from Auschwitz, Tome 3, page 1940).

Ignorant son sort, à la Libération le Conseil municipal provisoire de Bagnolet le compte parmi ses membres.

Il est honoré à Bagnolet. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Bondy. Le Centre Municipal de Santé de Bondy porte toujours son nom.

Sources

  • © Des
    Bondynois dans la Résistance
    . In Pdf Vincent Duguet
    (2008).

  • Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Le Maitron, notice Claude Pennetier 2014 (dir), éditions de l’Atelier.
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Au service de la population. La municipalité de
    Bagnolet vous soumet son bilan 1928-1958
    , février 1959, page « Nos disparus » (Le Maitron).
  • © Photo du CMS Henri Tauleigne, service de communication départemental, Panoramio, DR.
  • © Site Internet Mémorial-GenWeb.
  • Archives de la Préfecture de police de Paris. Renseignements
    généraux, Liste des militants communistes internés le 26 juin 1941.

Biographierédigée en mars 2011 (modifiée en 2014 et 2016) par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de « Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 » », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce blog) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette biographie.Pour compléter ou corriger cette biographie, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.comPensez à indiquer les sources et éventuellement les documents dont vous disposez pour confirmer ces renseignements et illustrer cette biographie. 

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