Antoine Omnes le 8 juillet 1942
à Auschwitz

Matricule « 45936 » à Auschwitz

Antoine Omnès est
né le 15 juillet 1913 au Havre (Seine-Inférieure / Seine-Maritime). Il est le
fils de Françoise Asoët, 37 ans, et de Jean Omnès, 37 ans, marin, son époux.

il a une soeur, Anna.

Antoine Omnès habite chez ses parents au 55 rue du Général
Faidherbe au moment de son arrestation (l’immeuble a été détruit dans les
bombardements du 5 septembre 1944).

Juin 1936. Les inscrits maritimes CGT du Havre

Il est navigateur, “inscrit maritime”, commeMaurice
Vernichon
 et Marcel
Couillard.

Conscrit de la classe 1933, il effectue son service militaire. Il est mobilisé comme deuxième classe lors de la déclaration de guerre en 1939, à la 22è Division d’Infanterie. La 22è DI, est engagée pour la « manœuvre
Dyle », constituant l’aile droite de son corps d’armée sur la Meuse. « 
Ses moyens de déplacements sont lacunaires,
ses moyens de liaisons n’existent pas et elle ne possède pas de compagnie
divisionnaire antichar
 » (Wikipédia).  

Il est fait prisonnier (liste de prisonniers du 17 septembre 1940).

Les troupes allemandes entrent au Havre le
jeudi 13 juin 1940, et transforment la ville et le port en base navale. Après
la capitulation et l’armistice du 22 juin, la Kreiskommandantur est installée à L’Hôtel de ville du Havre. A
partir de 1941, les distributions de tracts et opérations de sabotage par la
Résistance se multipliant, la répression s’intensifie à l’encontre des communistes
et syndicalistes. Dès le 22 juillet 1941, le nouveau Préfet de Seine
Inférieure, Préfet régional René Bouffet (il est nommé le 4 septembre 1940, et sera
Préfet de la Seine d’août 1942 à 1944) réclame aux services de la Police spéciale de Rouen une liste de militants communistes
du département. Une liste de 159 noms lui est communiquée le 4 août
1941 avec la mention : « tous
anciens dirigeants ou militants convaincus ayant fait une propagande active et
soupçonnés de poursuivre leur activité clandestinement et par tous les
moyens
 ». Ces listes, comportent la plupart du temps – outre l’état
civil, l’adresse et le métier – d’éventuelles arrestations et condamnations
antérieures. Elles seront communiquées à la Feldkommandantur
517
de Rouen, qui les utilisera au fur et à mesure des arrestations
décidées
pour la répression des actions de Résistance. 

On ignore s’il est libéré (en tant qu’inscrit maritime) ou s’il s’est évadé, mais Antoine Omnès est revenu au Havre.

Pendant l’Occupation, Antoine Omnès est arrêté le 24 février
1942,
lors de la rafle du Pont de la
Barre
, au Havre, après l’attaque d’une colonne de marins
allemande par la Résistance
communiste (Groupe Chatel, 2ème Compagnie des FTP).

Extrait du livre de Marie Paule Dhaille-Hervieu.
« Communistes au Havre »

Après l’attentat, les Allemands arrêtent au jugé des hommes
dans les cafés de la place de l’Arsenal et dans le quartier. La rafle se
poursuit le lendemain au Pont de La Barre en direction des milieux communistes
et syndicalistes.

Antoine Omnès est écroué à la prison « Bonne
nouvelle » de Rouen. Selon sa sœur Anna, il passe 3 ou 4 mois en cellule
dans la prison de Rouen avant son transfert à Compiègne.

Lire dans le blog : Le
Havre, sabotages et attentats (avril 1941-février 1942)
  et Le
« brûlot » de Rouen
. Et La
prison « Bonne Nouvelle » de Rouen. Témoignage d’André
Pican, fusillé au Mont Valérien
.

Les Allemandes l’internent au camp de police allemande de
Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122).
Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à leur déportation, voir
les deux articles du blog : La
politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) 
et «une
déportation d’otages
».

Cf Article du blog : Les wagons de la Déportation

Antoine Omnès est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6
juillet 1942 dit des «45000». Ce
convoi d’otages composé, pour l’essentiel, d’un millier de communistes
(responsables politiques du parti et syndicalistes de la CGT) et d’une cinquantaine
d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur enregistrement à Auschwitz)
faisait partie des mesures de représailles allemandes destinées à combattre, en
France, les « Judéo-bolcheviks »
responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti
communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir
d’août 1941. Lire dans le blog le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz
: 6-8 juillet 1942
.

Il est immatriculé le 8 juillet 1942

Antoine Omnès est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8
juillet 1942 sous le numéro «45420» selon la liste par matricules du convoi
établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz.

Lire dans le blog le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale » 

Sa photo d’immatriculation à Auschwitz a
été retrouvée (1) parmi celles que des membres de
la Résistance intérieure
du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les
SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz. 

L’entrée du camp d’Auschwitz

Il entre à « l’infirmerie » d’Auschwitz en
septembre 1942 et en sort le 17 septembre. Antoine Omnès meurt, à Auschwitz, le
4 novembre 1942 d’après le certificat de décès
établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 3 page 884) et le site © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau

Le nom d’Antoine Omnès est inscrit sur le monument commémoratif
de la Résistance
et de la Déportation
situé dans les jardins de l’Hôtel de ville du Havre : « Le 29 avril 1990, l‘urne contenant des
cendres de nos héros et de nos martyrs morts en déportation a été transférée
dans ce monument
« .

  • Note 1 : 522 photos d’immatriculation des
    « 45000 » à Auschwitz ont été retrouvées parmi celles que des
    membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver
    de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation du camp d’Auschwitz. A la Libération elles ont été conservées dans les
    archives du musée d’Auschwitz. Des tirages de ces photos ont été remis à André
    Montagne
    , alors vice-président de l’Amicale
    d’Auschwitz, qui me les a confiés. 

Sources

  • Val de Fontenay, novembre 1993.
  • Acte de naissance (état civil du Havre).
  • Renseignements fournis par Mme Sylvie Barot, conservateur
    des Archives du Havre (18 juin 1992).
  • Lettre d’Anna Omnès (22 mars 1948).
  • Louis Eudier,Notre
    combat de classe et de patriotes
    (1934-1945) publié au Havre, en 1977. 
  • Claude-Paul Couture, chercheur, relate l’arrestation dans
    son dossier du CRDP de Rouen 1986, (p.15) : «En Seine Maritime, de 1939 à 1945». 
  • Thèse de doctorat de Marie-Paule Daille-Hervieu : « Communistes au Havre, communistes du Havre »
    (1930-1983), IEP de Paris, 1997.
  • Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942
    établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau
    des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère dela Défense, Caen) indiquant
    généralement la date de décès au camp.
  • « Décédés du convoi de Compiègne en date du 6/7/1942 ».
    Classeur Ausch. 1/19, liste N°3 (Bureau des archives des victimes des conflits
    contemporains (Ministère dela
    Défense
    , Caen).
  • Liste des détenus ayant été soignés à l’infirmerie
    d’Auschwitz (BAVCC. Ausch 3/T3).
  • Le pont de la
    Barre
     © Photo in Le Havre et Sainte-Adresse par Dan et Nicéphore (WWW.
    havrais-dire.over-blog.com/article-tout-le-monde-sur-le-pont.
  • Photo d’immatriculation à
    Auschwitz : Musée d’état Auschwitz-Birkenau, collection André Montagne.
  • ©Photo
    de la porte d’entrée du camp d’Auschwitz : Musée d’Auschwitz-Birkenau.

Notice biographique rédigée par Claudine Cardon-Hamet en 2000 pour
l’exposition de Rouen de l’association « Mémoire vive » sur les
45000”
et les “31000”
de Seine-Maritime, complétée en 2006, 2011, 2017 et 2018. Docteur en Histoire,
auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 »,
Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille
otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000
 »,
éditions Graphein, Paris 1997 et 2000. Prière de mentionner ces références
(auteur et coordonnées de ce blog) en cas de reproduction ou d’utilisation
totale ou partielle de cette notice. Pour la compléter ou corriger, vous
pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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