Matricule « 45 801 » à Auschwitz 

Photo d’identité et Musée de l’Histoire vivante. Montreuil.
© Andrée, Anne-Pierre Lasterrades Longhi

 

Pierre Longhi : né en 1909 à Corte (Corse) ; domicilié à Montreuil (Seine / Seine-Saint-Denis) ; ajusteur-mécanicien ; secrétaire régional du Parti communiste, maire adjoint, conseiller général ; arrêté le 28  avril 1942 ; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 24 août 1942. 

Pierre Longhi est né le 23 août 1909 à Corte (Corse). Il est domicilié à Montreuil (Seine / Seine-Saint-Denis) au 66, rue Edouard Vaillant au moment de son arrestation.
Il est le fils de Marie, Françoise Cristiani, ménagère, et d’Antoine Longhi, artisan serrurier, son époux.

Pierre Longhi fréquente l’école primaire de Chatellux-sur-Cure (Yonne), près d’Avallon. Il y obtient le certificat d’études primaires à treize ans. Il a un frère cadet, Jean (1), né le 9 août 1911 à Corte (Corse), mort le 25 décembre 2005 à Saint-Martin-du-Puy (Nièvre).
Lorsque leur père trouve un travail d’ajusteur chez Pinchart-Deny frères (perforation de métaux, découpage, emboutissage) à Montreuil, la famille s’y établit, rue Danton.
Pierre Longhi travaille dans diverses entreprises des 12è et 20è arrondissements  de Paris, avant d’entrer comme ajusteur mécanicien à la Cartoucherie de Vincennes (Paris 12è) qui employait alors 800 ouvriers (cette usine militaire regroupe des ateliers pyrotechniques).

« A l’occasion des manifestations en faveur de Sacco et Vanzetti, « enthousiasmé par les formations des Jeunes gardes antifascistes », comme par le travail de la cellule communiste de la maison Bardet, Pierre Longhi adhère en août 1927 aux Jeunesses communistes et au Parti communiste et milite au sous-rayon de Vincennes avec René Humberdot » (Le Maitron).
En 1929, Pierre Longhi est secrétaire-archiviste de la Fédération nationale du syndicat CGTU du personnel civil des Etablissements de l’Etat et secrétaire adjoint de cette fédération en 1932. Il collabore à la « Tribune fédérale » de la fédération unitaire du personnel civil des Établissement militaires, affiliée à la CGTU puis à la CGT après la réunification syndicale en 1936. Il est alors proche de Pierre Dadot, secrétaire fédéral, qui est le secrétaire permanent de cette fédération depuis 1927. Il devient aussi le secrétaire du 3è rayon de la 4è entente des Jeunesses communistes en 1929.


Le 24 mars 1929, la police l’appréhende
– comme les 128 autres congressistes – de la conférence communiste de la Région parisienne, salle Reflut à Clichy-la-Garenne (Seine /Hauts-de-Seine) (2).
Il siège au bureau régional est-parisien. En janvier 1933, Pierre Longhi est proposé pour être envoyé à Moscou suivre les cours de l’École léniniste internationale. Fernand Soupé soutient cette perspective : « Le camarade Longhy (sic) est de l’ensemble des militants de notre région un de ceux qui a certainement les plus grandes facilités d’assimiler les problèmes essentiels qui se posent devant un militant. Il possède une grande facilité d’expression et a une façon tout à fait populaire de poser les questions à la masse. A l’heure actuelle ce camarade a un travail plus orienté vers le mouvement syndical, il est un responsable de la fédération des EM [Établissements militaires] ».
Pierre Longhi répond à la proposition qui lui est faite : « Pour des raisons particulières il m’est impossible d’accepter la mission dont tu voulais me charger ». Soupé écrivit à Albert Vassart le 30 janvier 1933, « Je crois que nous devons discuter de la façon la plus sérieuse avec ce camarade » (Le Maitron).
Rien n’y fait. Mais Pierre Longhi devient néanmoins permanent du parti communiste en 1935.

12 mai 1935, la foule à Montreuil-sous-bois le soir des élections municipales © L’Humanité

Candidat sur la liste du Parti communiste lors des élections municipales du 12 mai 1935, il est élu 7è sur 36. Il n’a que vingt-six ans lorsqu’il devient 4è adjoint au maire de Montreuil-sous-Bois, Fernand Soupé.

Pierre Longhi au centre, avec cinq autres conseillers généraux communistes (dont Daniel Renoult et sa barbe, et Fernand Soupé (chapeau). in la « Voix de l’Est » de septembre 1935

Pierre Longhi est élu conseiller général de la 2è circonscription de Montreuil (la ville a obtenu un deuxième siège, compte tenu de l’augmentation de la population) le 26 mai 1935. Il frôle la majorité absolue au premier tour, et il écrase le candidat des droites, Anne, au second tour. Il est le benjamin du Conseil général.
Un numéro spécial gratuit de la « Voix de l’Est » de septembre 1935 publie en « une » sa photo et celle de cinq autres conseillers généraux communistes élus en mai (dont Fernand Soupé, Daniel Renoult).

Pierre Longhi avec Jacques Duclos © Andrée, Anne-Pierre Lasterrades Longhi

Parallèlement, il devient en 1936 secrétaire de la Région communiste Paris-Est et conserve cette responsabilité en 1937.
Après son élection au Conseil général Pierre Longhi est cité au moins 34 fois dans L’Humanité, 4 fois dans le bulletin municipal officiel de la ville de Paris entre 1935 et 1939.
Ci-après quelques extraits de ces coupures de presse. En 1935, Pierre Longhi, jeune conseiller général participe à de nombreuses réunions électorales, ainsi le 12 octobre lors des élections municipales complémentaires à la Muette avec le candidat communiste Petibon.
En avril 1936, à la suite d’incidents survenus à Meaux lors d’une assemblée publique contradictoire organisé par des organisations du Front populaire, présidée par un socialiste, et à laquelle participait le maire de Meaux, Prunet (étiqueté réactionnaire par L’Humanité), un autre candidat du même parti asséna un coup de poing au président de séance… Réunion aussitôt suspendue par le commissaire de Police de Meaux. Pierre longhi, avec le candidat communiste Carrez et le conseiller général PC Marcel Chevremont organisent un meeting de protestation le 22 avril. (L’Humanité, du 22/04/1936).
Le 7 décembre, secrétaire régional du Parti communiste, il préside une réunion ouverte aux responsables des services d’ordre des cellules de la Seine et de la Seine-et-Oise (L’Humanité), avec Maurice Lampe, secrétaire de la région Paris Ville, de retour d’Espagne (L’Humanité du 7/12/1337).

Le 30 janvier 1937, « Pierre Longhi épouse à Romainville Emilienne, Jeanne Lebreton, née le 3 mars 1911 au Havre. Coiffeuse, militante communiste, elle était divorcée de Paul Lallemand depuis octobre 1935. Le couple aura une fille, Andrée, Anne-Pierre » (Le Maitron). Son épouse avait deux filles d’un premier mariage (Paulette et Colette Lallemand). Pierre Longhi les adopte.

Pierre Longhi avec Jacques Duclos © Andrée, Anne-Pierre Lasterrades Longhi

Jacques Duclos qui habite Montreuil connaît bien le couple. Pierre Longhi est  photographié aux côtés du dirigeant communiste. 
Le 9 novembre 1938, Pierre Longhi participe à un compte rendu de mandat public, avec Jacques Duclos, Fernand Soupé, maire de Montreuil et René Thomassi, secrétaire de section (l’Humanité du 7 novembre 1938).

Pierre Longhi participe aux côtés de Jacques Duclos à une conférence sur la Révolution française que celui-ci donne à Montreuil le 25 mai 1939.
Avec la signature du Pacte germano-soviétique, Pierre Longhi prend ses distances avec le Parti communiste et cesse toute activité politique. Mais il ne « manifeste pas publiquement son désaccord avec le Parti communiste ». (Le Maitron).

Pierre Longhi est mobilisé au mois d’octobre 1939, après la déclaration de guerre du 3 septembre 1939 . Il est affecté dans un régiment d’artillerie à Toulouse puis dans l’Est.

Pierre Longhi est déchu en tant qu’élu communiste de ses mandats de conseiller général et d’élu municipal le 21 janvier 1940.

Le Figaro du 20 janvier 40

Dans sa notice biographique consacrée à Pierre Longhi, Claude Pennetier conclut après analyse de plusieurs sources : « Il semble qu’il n’ait pas accepté le tournant politique qui suivit le Pacte germano-soviétique, ni la politique du parti communiste en juin 1940, et qu’il se trouva coupé du Parti communiste à Montreuil. Mais, attaché à la ligne antifasciste et hostile à l’occupation allemande, il trouva lui-même le chemin de la Résistance en banlieue Est et dans la Nièvre, sans doute par son frère » (Le Maitron). (1 et 3)

Le 14 juin 1940, l’armée allemande occupe Drancy et Gagny et entre par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne les jours suivants.  Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Après sa démobilisation, Pierre Longhi reprend son travail à la Cartoucherie de Vincennes où travaille également Georges Brumm qui sera lui aussi déporté à Auschwitz dans le même convoi.
Selon le témoignage de son épouse, Emilienne, au moment de son arrestation « il revenait de faire une liaison dans la Nièvre et devait repartir deux jours plus tard après pour rester en province, mais il n’en a pas eu le temps. La Gestapo est venu le chercher le lendemain matin ». (Il s’agit plus vraisemblablement de soldats allemands).
Le 20 mai 1941, le commissaire de police de Montreuil note : « Pendant un certain temps, il n’aurait plus eu aucune liaison avec le Parti communiste et passait auprès des militants de ce parti pour un renégat. D’après les derniers renseignements recueillis, il aurait repris une certaine activité dans le Parti, mais il n’a pas été possible d’obtenir confirmation de ces renseignements».

Pierre Longhi est arrêté le 28 avril 1942. Ce jour là, une rafle est effectuée par l’occupant dans tout le département de la Seine.
Lire dans le site La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942). Suivant cette politique des otages, les autorités d’occupation ordonnent l’exécution d’otages déjà internés et arrêtent 387 militants, dont la plupart avaient déjà été arrêtés une première fois par la police française pour « activité communiste » depuis l’interdiction du Parti communiste (26 septembre 1939) et libérés à l’expiration de leur peine. Les autres sont connus ou suspectés par les services de police. Il s’agit de représailles ordonnées à la suite d’une série d’attentats à Paris (le 20 avril un soldat de première classe est abattu au métro Molitor, deux soldats dans un autobus parisien, le 22 avril un militaire est blessé à Malakoff).

Pierre Longhi est interné le même jour au camp allemand de Compiègne (le Frontstalag 122), où il reçoit le numéro matricule « 4209 ».

Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Sa fille témoigne que « pendant le trajet, il a réussi à nous faire parvenir une lettre, écrite au crayon, transmise par un cheminot ».
Madame Andrée, Anne-Pierre Lasterrades- Longhi a lu cette lettre, retrouvée parmi les papiers de sa mère, devant la caméra de Paul Philippi (in « Ce qu’il en restera« , vidéo).

« Ma chérie, nous roulons et mon écriture s’en ressent. Peu importe. J’en profite car si nous allons en Allemagne, nous ne pourrons plus écrire clandestinement, et je ne sais pas si nous aurons des permissions. Tant pis, il n’y a rien à y faire. Laisses les enfants placés, vends les meubles comme je te l’ai fait savoir. Et surtout soit forte. Ce sera ma seule consolation que j’ai eu une Mimi (Emmilienne) digne de moi. Ne te laisses jamais abattre. Embrasses bien Françoise et papa quand tu les verras. Et serrez vous bien les uns près des autres. Tendres affections. Ton Pierre Longhi« . (Transcription de la vidéo par nos soins).

Son épouse « Mimi » se replie alors à Avallon. Elle habite alors au 4, ruelle de la Tour du Magasin. Elle est agent de liaison au maquis « Camille », auquel appartient son beau-frère, Jean Longhi.

Depuis le camp de Compiègne, Pierre Longhi est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942.
Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Pierre Longhi est enregistré à son arrivée à Auschwitz, le 8 juillet 1942 sous le numéro «45 801» selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz.
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Ramené au camp principal, compte tenu de sa profession d’ajusteur, il est affecté au Block 22 avec Gabriel Lejard, un des rescapés du convoi qui a évoqué sa fin tragique, témoignage audio, qu’il convient de prendre avec distance, les souvenirs de Gaby n’étant pas très précis, puisqu’il ne connaissait pas Longhi auparavant .

 » Affecté à un Block (dirigé par des ] tueurs, je me retrouve au Block 22 avec mon ami Charton et un parisien que nous ne connaissons pas. Nous bavardons et nous faisons connaissance avec Pierre Longhi. Mais il était en très mauvais état et [avait] le moral à zéro. Nous savions qu’il ne sortirait pas vivant de ce lieu. Il pleurait beaucoup. Il fallait le consoler. C’est là qu’il m’a dit :  » Je vais mourir déshonoré car j’ai été exclu du Parti ».  Les raisons je les ignore [à l’heure d’aujourd’hui] mais peut-être m’en a-t-il parlé. Je ne peux pas être affirmatif. Nous étions durs pour ceux qui avaient flanché. Mais les. nazis ne faisaient pas de détail. J’en ai connu qui n’étaient pas communistes et qui n’avaient rien fait et qui sont morts tout de même. Nous n’en avons pas tenu compte et nous l’avons consolé et [lui] avons apporté pour le mieux un réconfort fraternel. […]. Je peux vous affirmer qu’il n’a pas souffert longtemps. Fin juillet, il était pris dans une sélection et envoyé à la chambre à gaz ». 

Pierre Longhi meurt le 24 août 1942 à Auschwitz d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 739 et le site internet © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) où il y est indiqué avec ses dates et lieux de naissance et de décès.

Lire dans le site : 80 % des « 45 000 » meurent dans les six premiers mois

Un arrêté ministériel du 5 août 2008, paru au Journal Officiel du 8 août 2008, porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur ses actes et jugements déclaratifs de décès. Mais cet acte porte une date erronée « décédé le 31 juillet 1942 à Auschwitz (Pologne) ». Dans les années d’après-guerre, l’état civil français a fixé des dates de décès fictives (le 1er, 15 ou 30, 31 d’un mois estimé) à partir des témoignages de rescapés (ici celui de Gaby Lejard), afin de donner accès aux titres et pensions aux familles des déportés. Il serait souhaitable que le ministère prenne désormais en compte, par un nouvel arrêté, les archives du camp d’Auschwitz emportées par les Soviétiques en 1945, et qui sont accessibles depuis 1995 et consultables sur le site internet du © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau
Voir l’article : Les dates de décès des « 45000 » à Auschwitz.

Sa famille tente de le faire homologuer comme « Déporté résistant » et fournit une attestation du chef du « réseau Camille » témoignant qu’il a effectué des missions en province et été traqué par la Gestapo. Un rapport des RG mentionne qu’il a été exclu du P.C (ce que Emilienne, Jeanne Longhi a toujours contesté).
Il est homologué au grade de sergent au titre de la Résistance intérieure française le 23 avril 1949. Il est homologué « Déporté politique » en 1956 et déclaré « Mort pour la France ».
Pierre Longhi est homologué (GR 16 P 246512 ) au titre de la Résistance intérieure française (RIF) comme « isolé » appartenant à l’un des mouvements de Résistance .

Pierre Longhi in Le Maitron

Sa mémoire est honorée publiquement le 11 novembre 1945 à Montreuil. Une cellule du PCF à la cartoucherie de Vincennes porte son nom. Son nom figure sur la plaque commémorative apposée rue Victor Hugo à Montreuil intitulée « Honneur aux communistes de Montreuil tombés pour une France libre forte et heureuse« . Mais à partir de 1946, la direction du Parti communiste décide qu’il ne sera plus honoré, vraisemblablement à cause de ses prises de distance en 1939 et 1940 vis à vis de la politique conduite par la direction clandestine.

Jacques Duclos écrit à son épouse qui l’a sollicité, qu’il a conservé toute son estime à son mari, mais qu’il ne peut rien faire concernant l’attitude de défiance de la direction communiste à son égard. Le Maitron fait mention d’une lettre de Léon Mauvais d’avril 1946 à Jeanne Longhi : « Nous t’indiquons qu’il n’y a pas lieu de changer l’attitude que le Parti a eue jusqu’à présent« ).

Jeanne Longhi continue de multiplier ses interventions, pour que son mari soit honoré, en particulier auprès du maire de Montreuil. Le 28 mai 1980, Marcel Dufriche, communiste, ancien résistant,  lui répond :

« Cabinet du Maire / le 27 Mai 1980.  A Madame Veuve Longhi.
Madame, Je vous remercie de votre lettre du 16 mai dernier et vous précise d’emblée que dans mon discours du 20 mai à l’occasion du 45è anniversaire de la municipalité, j’ai mis en bonne place le nom de Pierre Longhi. Je n’ai jamais pu savoir pourquoi pendant toute une période le souvenir de votre mari, notre camarade, n’a pas été évoqué, comme il aurait dû l’être.

Lettre du Maire de Montreuil en 1980

Aujourd’hui, je peux vous assurer que nous l’associons pleinement quand nous rendons hommage aux communistes qui ont ont fait le sacrifice de leur vie pour la France. Et ce n’est pas à la rue Tampon que nous donnerons le nom de P. Longhi mais à une voie qui desservira la nouvelle cité qui se construit en plein centre-ville, rues Galliéni et Stalingrad. Je vous prie d’agréer Madame, mes sentiments dévoués. Le Maire, Marcel Dufriche ».

Cette annonce n’est pas suivie d’effet. En mars 1984, Jean-Pierre Brard remplace Marcel Dufriche à la première magistrature municipale et le projet n’est pas repris.

Andrée Anne-Pierre Lasterrades- Longhi à Compiègne (vidéo de Paul Philippi).

Le journaliste et réalisateur Paul Philippi réalise pour FR3 Corse (France 3 Corse) un documentaire intitulé « Ce qu’il en restera », consacré aux déportés du convoi du 6 juillet 1942 et en particulier à ceux nés en Corse.  Un long passage est consacré à Pierre Longhi, avec notamment une interview de la fille de Pierre Longhi, madame Andrée, Anne-Pierre Lasterrades Longhi.

En 2013, sur proposition de Catherine Vieu-Charier, élue communiste de Paris, adjointe au Maire de Paris chargée de la mémoire et du monde combattant (Mandature 2008-2014), au nom de la 9è Commission, le Conseil de Paris ajoute le nom de Pierre Longhi et de Gorges Le Bigot (tous deux conseillers généraux de la Seine) sur la plaque commémorative qui rappelait la mémoire de huit élus morts pour la France durant la dernière guerre : cinq conseillers municipaux de Paris et trois conseillers généraux de la Seine. Deux biographies succinctes de Georges Le Bigot et Pierre Longhi sont intégrées au projet de résolution.
Cette proposition de Mme Vieu-Charier fait suite à un colloque historique organisé par la Ville de Paris dans l’hémicycle, au cours duquel des historiens font remarquer que deux élus, également morts pour la France, ne figuraient pas sur la plaque. « Afin de leur rendre hommage, il est proposé d’ajouter les noms de ces deux conseillers sur la plaque commémorative apposée dans la salle du Conseil de Paris » face à la tribune..  Cette proposition est approuvée lors de la délibération du septembre 2013. (voir la note 4).

  • Note 1 : Jean Longhi, combattant en Espagne au sein des brigades internationales, responsable communiste, résistant, dirige le maquis Camille du Morvan (commandant Grandjean).
  • Note 2 : Lors des cette conférence communiste de la Région parisienne, la police interpelle un « délégué étranger » malgré une bagarre avec des congressistes. À la fin de la réunion des militants narguent les inspecteurs : une seconde bagarre éclate entraînant la blessure grave d’un policier (l’agent Resclon, frappé avec des manches de pioche, meurt dans les jours qui suivent). La police entre alors en force dans la salle et arrête les cent vingt-neuf délégués.
    • Note 3 : Dans la notice consacrée à Pierre Longhi par l’encyclopédie collaborative Wikipédia il est dit qu’il cesse toute activité politique après la signature du Pacte Germano-soviétique « Il devient le secrétaire du Parti communiste pour la région Paris-Est, mais arrête toute activité politique après la signature du pacte germano-soviétique et prend ses distances avec le parti, finalement interdit en France fin 1939 et devenu clandestin. Selon un rapport de police de 1941, il « passait auprès des militants de ce parti pour un renégat ». Il s’agit de raccourcis qu’il convient de nuancer. En effet Pierre Longhi n’a pas désavoué publiquement le pacte germano soviétique : à preuve il est déchu de son mandat de conseiller municipal en février 1940 par les autorités préfectorales (seuls ont été déchus les conseillers municipaux qui ne l’ont pas désavoué publiquement). Etant donné qu’il a été mobilisé dans l’artillerie, d’abord à Toulouse puis dans l’Est (in Wikipédia), il est donc logique qu’il n’ait pas d’activité politique. Mais s’il prend ses distances avec le PC clandestin c’est à partir de juin 1940, sur la conduite du Parti communiste clandestin vis à vis des autorités allemandes (demande de re-parution de l’Humanité, tentatives de « reprise » des mairies).
      Ce que Claude Pennetier a souligné dans le Maitron : « Il semble qu’il n’ait pas accepté le tournant politique qui suivit le Pacte germano-soviétique, ni la politique du parti communiste en juin 1940, et qu’il se trouva coupé du Parti communiste à Montreuil. Mais, attaché à la ligne antifasciste et hostile à l’occupation allemande, il trouva lui-même le chemin de la Résistance en banlieue Est et dans la Nièvre, sans doute par son frère » (Le Maitron). Et c’est cette coupure avec le PC de Montreuil qui est donc traduite à juste raison par le rapport du commissaire de police de Montreuil en 1941 par : « il passait auprès des militants de ce parti pour un renégat ».

  • Note 4 : Le texte de la délibération de septembre 2013 indique : « Article 1 : Est approuvée la proposition de M. le Maire de Paris d’ajouter les noms de deux conseillers généraux sur la plaque commémorative en hommage aux élus morts pour la France salle du Conseil de Paris à Paris 4e. Article 2 : Le texte de la plaque est complété par les noms des deux conseillers généraux : « Georges Le Bigot et Pierre Longhi ».

Sources

  • FNDIRP de Montreuil (lettre du 23 avril 1988).
  • Lettre et témoignage de Gabriel Lejard (cassette audio et lettre du 17 mai 1988).
  • Lettre de sa fille Andrée, Anne-Pierre Lasterrades-Latestère (8 juillet 2005) et mail du 15 mai 2015 contestant la citation de Gabriel Lejard.
  • Le « Maitron », Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, tome 35, page 38 et note concernant Maurice Ancelle à propos des incidents à Clichy.
  • Délibéré du 1erfévrier 1940 du conseil de préfecture du département de la Seine.
  • Fichier national de la Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre 1993.
  • Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
  • Death Books from Auschwitz(registres des morts d’Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Photo in collection du Musée de l’Histoire vivante. Montreuil.
  • Médaillon photo in Mémorial Genweb.
  • Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ed. Amicale des déportés d’Auschwitz.
  • Lettre de Marcel Dufriche à Madame Jeanne Longhi (1980).
  • Délibération du Conseil de Paris, DAC 2013.
  • Vidéo du journaliste et réalisateur Paul Philippi, réalisée pour FR3 Corse (France 3 Corse), « Ce qu’il nous restera », consacré aux déportés du convoi du 6 juillet 1942 nés en Corse, qu’il m’a fait parvenir.

Notice biographique rédigée à partir d’une notice succincte pour le 60è anniversaire du départ du convoi des « 45 000 », brochure répertoriant les “45 000” de Seine-Saint-Denis, éditée par la Ville de Montreuil et le Musée d’Histoire vivante, 2002, complétée en novembre 2007 (2014,  2019, 2020, 2022 et 2024) par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45 000 », éditions Autrement, Paris 2005 (dont je dispose encore de quelques exemplaires pour les familles).  Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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