Auguste Dardenne : né en 1905 à Pouru-Saint-Rémy (Ardennes) ; domicilié à Pantin (Seine / Seine-St-Denis) ; chauffeur, manœuvre ; communiste ; arrêté comme otage le 28 avril 1942 ; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 18 septembre 1942.
Auguste Dardenne est né le 26 juin 1905 à Pouru-Saint-Rémy (Ardennes).
Il habite au 26, rue François Arago à Pantin (Seine / Seine-St-Denis) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Marie, Julienne, Joséphine Dardenne, 26 ans, célibataire, sans profession.
Magasinier, il est domicilié en 1928 au 26, rue de Paris à Pantin, chez sa mère.
Il épouse Julia, Victoria, Cornélie Lagaeye le 19 mai 1928 au Pré-Saint Gervais (Seine / Seine-Saint-Denis). Manutentionnaire, elle a 19 ans, née le 4 juin 1908 à Dunkerque, domiciliée au 45, rue de la Villette au Pré-Saint Gervais et résidant au n° 50, de la même rue.
Auguste Dardenne est membre du Parti communiste et il est connu des services de police pour son activité militante (DAVCC).
En 1931, le couple habite au 14, rue des Pruniers à Drancy (recensement de 1931), il est alors chauffeur, comme son beau-père, profession indiquée également sur les listes électorales de 1933 de Drancy où il s’est inscrit.
Le 29 avril 1935, Auguste Dardenne est embauché comme manœuvre par la société «Les Jambons Français» (8, rue de Pantin au Pré-Saint-Gervais). C’est une usine de transformation de viande très polluante (le 27 juin 1935 le conseil municipal est saisi pour que cessent les odeurs et dégagements de suies, et intervient en ce sens). Il y côtoie Raymond Lamand qui y travaille depuis 1931. « Selon une note du 12 août 1942 et un rapport des Renseignements Généraux, Lamand était membre de la section du Pré-St-Gervais du PC jusqu’à sa dissolution, syndicaliste très actif, il était responsable de la Section CGT de l’usine des « Jambons français », on le trouve à la tête du mouvement de grève déclenché dans cet établissement en 1936 » (Arnaud Boulligny, AFMD Caen).
En 1939, à la déclaration de guerre, Auguste Dardenne est mobilisé, et son régiment est sur le Front au moment de l’attaque allemande.
Le 13 juin la Wehrmacht occupe Pantin. Le 14 juin 1940, l’armée allemande occupe Drancy et Gagny et entre par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne les jours suivants.
Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Démobilisé, Auguste Dardenne déménage au 26, rue François-Arago à Pantin, le 15 octobre 1940 et ce jusqu’à son arrestation. Ancien communiste, Auguste Dardenne est à ce titre surveillé dès le début de l’Occupation par les Renseignements généraux, comme tous ses camarades anciens communistes.
Le 19 janvier 1942, les autorités allemandes transmettent une demande d’enquête le concernant aux services des Renseignements généraux de la préfecture de police. Quoique les renseignements recueillis par les RG ne leur permettent pas d’affirmer pas qu’il se livre à la propagande communiste, Auguste Dardenne est néanmoins arrêté comme otage le 28 avril 1942 par la police allemande, sur son lieu de travail, avec quatre autres de ses camarades.
Ce jour-là une rafle est effectuée par l’occupant dans tout le département de la Seine. Lire dans le site La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942). Suivant cette politique des otages, les autorités d’occupation ordonnent l’exécution d’otages
déjà internés et arrêtent 387 militants, dont la plupart avaient déjà été arrêtés une première fois par la police française pour « activité communiste » depuis l’interdiction du Parti communiste (26 septembre 1939) et libérés à l’expiration de leur peine. Les autres sont connus ou suspectés par les services de police. Nous n’avons aucun élément pour savoir s’il avait déjà arrêté. Ces arrestations sont des représailles ordonnées par les Allemands à la suite d’une série d’attentats à Paris (le 20 avril 1942 un soldat de première classe est abattu au métro Molitor, deux soldats le sont dans un autobus parisien et le 22 avril un militaire est blessé à Malakoff).
Auguste Dardenne est ensuite remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci l’internent le même jour au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122).
A Compiègne, il reçoit le matricule n° « 4188 ».
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, Auguste Dardenne est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942.
Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau
Son numéro d’immatriculation lors de son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 est inconnu.
Le numéro « 45423 ? » figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 correspondait à ma tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr en raison de l’existence des quatre listes alphabétiques successives que j’ai partiellement reconstituées, de la persistance de lacunes pour quatre noms, mais d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Il ne figure plus dans mon ouvrage Triangles rouges à Auschwitz
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté à cette date.
Auguste Dardenne meurt à Auschwitz le 18 septembre 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome Tome 2, page 214 et le site internet © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) où il est mentionné avec ses dates, lieux de naissance et de décès, avec l’indication « Katolisch » (catholique).
Un arrêté ministériel du 5 janvier 1998 paru au Journal Officiel de mars 1998 porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur ses actes et jugements déclaratifs de décès. Mais il comporte une date erronée : « décédé en 1942 à Auschwitz (Pologne) ». Il serait souhaitable que le Ministère prenne en compte, par un nouvel arrêté, la date portée sur son certificat de décès de l’état civil d’Auschwitz, accessible depuis 1995 et consultable sur le site internet du © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau. Lire dans le site l’article expliquant les différences de dates entre celle inscrite dans les «Death books» et celle portée sur l’acte décès de l’état civil français) Les dates de décès des « 45000 » à Auschwitz.
Auguste Dardenne a été déclaré « Mort pour la France » et homologué comme « Déporté politique ».
Sources
- Fichier national de la Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC ex BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en décembre 1992.
- Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
- Listes – incomplètes – du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de la F.N.D.I.R.P).
- Death Books from Auschwitz(registres des morts d’Auschwitz), Musée d’Étatd’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- © Compiègne, photomontage Pierre Cardon à partir du livre de Claude Poirmeur
- © Site Internet Legifrance.
- © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
Notice biographique rédigée à partir d’une notice succincte pour le 60è anniversaire du départ du convoi des « 45 000 », brochure répertoriant les “45 000” de Seine-Saint-Denis, éditée par la Ville de Montreuil et le Musée d’Histoire vivante, 2002, complétée en novembre 2007 (2014, 2019, 2020, 2022 et 2024) par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45 000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45 000 », éditions Autrement, Paris 2005 (dont je dispose encore de quelques exemplaires pour les familles). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com