Majer Wyszynski : né en 1910 à Varsovie (Pologne) ; domicilié à Paris 4ème ; chapelier ; de nationalité polonaise ; arrêté comme Juif le 14 mai 1941 ; interné à Beaune-la-Rolande, d’où il s’évade ; repris le 11 novembre 1941, interné à Drancy, puis à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt.
Majer (ou Mayer) Wyszynski est né le 1er mars 1910 à Varsovie (Pologne). Il est de nationalité polonaise. Il est le fils de Pesa Kerszenblat et de Lajbus Wyszynski son époux, tous deux commerçants.
Il vient habiter au 31, quai d’Anjou à Paris 4ème, après l’année 1936 (il n’y a pas de Wyszynski lors du recensement de 1936 à cette adresse). Il y demeure avec sa compagne et ses filles au moment de son arrestation.
Il exerce le métier de chapelier.
Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…)
Le 31 octobre 1940, à Paris 4e, il épouse Bejla Lew, née en 1909 à Sokolow (Pologne). Majer Wyszynski a deux filles : Marie, née le 6 avril 1937, et Liliane, née le 6 janvier 1941, toutes deux à Paris.
Majer Wyszynski est Juif. Il est arrêté une première fois le 14 mai 1941 et interné au camp de Beaune-la-Rolande. Son arrestation a lieu dans le cadre de la première grande rafle de Juifs (1) qui a lieu ce jour-là, et en application de la loi française du 4 octobre 1940 qui autorise l’internement d’office des Juifs étrangers. Des milliers de Juifs étrangers, polonais pour la plupart, âgés de 18 à 40 ans ont été convoqués le 13 par la Préfecture de police de Paris, à 7 heures du matin «pour examen de situation». Ceux qui se présentent, soit 3747 personnes (3 430 Polonais, 123 apatrides et 157 Tchécoslovaques), sont aussitôt arrêtés et envoyés dans les camps du Loiret, à Pithiviers et à Beaune-la-Rolande.
Majer Wyszynski s’évade le 11 août 1941 du camp de Beaune-la-Rolande.
Repris par la police française, il est condamné le 11 novembre 1941 à 6 semaines de prison pour évasion, et est interné au camp de Drancy, le 24 décembre 1941.
Le 16 janvier 1942, il fait partie des 50 prisonniers de Drancy qui sont sélectionnés par le SS-Obersturmführer Theodor Dannecker « en vue de les envoyer éventuellement travailler » (liste datée du 16/01/1942 des internés de Drancy dont le nom a été relevé par le SS-Obersturmführer Theodor Dannecker lors de sa visite au camp in CDJC, fonds Drancy).
Il est «extrait » du camp de Drancy par la Feldgendarmerie le 27 janvier 1942, avec 49 autres travailleurs». (Correspondance datée du 26/01/1942 et 27/01/1942 entre le Commandant Laurent, commandant le camp de Drancy (…), M. Oudard, directeur des affaires administratives de la police générale (RG) : sont jointes les listes concernant le transfert de 298 internés juifs du camp de Drancy au camp de Compiègne le 12/12/1941 par les services de police du SS-Obersturmführer Theodor Dannecker) in CDJC, fonds Drancy.
A la demande des autorités allemandes, il est transféré le 27 janvier 1942 au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122). Il y est interné au camp C, le camp Juif. Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, Majer Wyszynski est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Son numéro d’immatriculation lors de son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 est inconnu. Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ». Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
On ignore la date exacte de la mort de Majer Wyszynski à Auschwitz.
« Les victimes les plus menacées par [les] actions criminelles [des SS et des Kapos] sont en premier lieu les Juifs. Sur les cinquante et un « 45 000 » morts au cours du premier mois (entre le 8 juillet et le 8 août), 21 étaient des Juifs. Le 18 août au matin, 40 jours après l’arrivée, 34 d’entre eux avaient perdu la vie (soit 68 % de leur nombre total) ; dans le même temps, cent quarante deux « 45 000 », appartenant aux autres catégories d’otages, avaient disparu, soit 13 % d’entre eux. La froide éloquence de ces statistiques est confirmée par les récits des «45 000» rescapés ». (in « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942″, pages 145-146).
Lire l’article :Les déportés juifs du convoi du 6 juillet 1942 et Lire : Les Juifs rapidement décimés après leur arrivée à Auschwitz.
Un arrêté ministériel du 13 septembre 1993 paru au Journal Officiel du 24 octobre 1993 porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur les actes et jugements déclaratifs de décès de Majer Wyszynski. Cet arrêté corrige le précédent qui l’indiquait comme « mort le 6 juillet 1942 à Compiègne » par la mention « décédé le 11 juillet 1942 à Auschwitz », soit après les 5 jours prévus par les textes en cas d’incertitude quant à la date réelle de décès à Auschwitz.
Son nom est inscrit sur le « Mur des noms » au Mémorial de la Shoah, dalle n° 120, colonne n° 40, rangée n° 3
- Note 1 : Le préfet Ingrand écrit au commissaire général aux questions juives, Xavier Vallat, le 6 juin 1941 : « Au cours de la visite que j’ai eu l’honneur de vous faire le 5 avril dernier, je vous ai exposé que, le 26 mars précédent, M. le directeur ministériel m’avait exprimé le désir du Commandant des Forces Militaires Allemandes en France de voir la loi du 4 octobre 1940 recevoir son exécution et, d’une manière générale, le gouvernement français prendre les mesures nécessaires pour assurer l’expulsion ou l’internement des juifs étrangers résidant en territoire occupé. J’ai l’honneur de vous informer des conditions dans lesquelles ces directives ont reçu leur exécution : le 14 mai dernier 3 733 Juifs furent rassemblés par les soins de la Préfecture de Police et dirigés le même jour sur les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande (Loiret). J’ai chargé M. le Préfet du Loiret de l’administration de ces camps. Je ne manquerai pas de vous tenir au courant de toutes nouvelles mesures qui pourraient être décidées au sujet de ces internements».
Sources
- Fichier national des déplacés de la Seconde guerre mondiale et dossier « statut » (archives des ACVG, Val de Fontenay).
- Photo : à la gare d’Orléans-Austerlitz © Serge Klarsfeld, Le Calendrier de la persécutions des Juifs de Fance, Ed. FFDJF, 1993.
- © Photo du panneau indicateur entre la gare et le camp de Beaune-la-Rolande, Musée de la Résistance et de la Déportation, Lorris)
- Photo du camp de Drancy © Bundesarchiv, 183B10919.
Notice biographique mise à jour en 2013, 2019 et 2021 à partir d’une biographie rédigée en janvier 2001 pour l’exposition organisée par l’association « Mémoire Vive » à la mairie du 20ème arrondissement, par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages :Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 »,éditions Autrement, Paris 2005) et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé), qui reproduit ma thèse de doctorat (1995). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
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