Henri Marti (photo de sa fiche des RG)

Matricule « 45 842 » à Auschwitz    Rescapé

Henri Marti : né en 1909 à Paris 13ème ; domicilié à Paris 5ème ; plombier ; syndicaliste et communiste ; arrêté le 6 avril 1941 ; interné à Rouillé et Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, Sachsenhausen, Tebnitz, Sachsenhausen, Flossenbürg, Pottenstein. Rescapé.

Jean, Henri Marti est né le 14 septembre 1909, au 30 rue Samson à Paris 13ème. Jean Marti, dont le prénom usuel est Henri, habite au 99, rue Monge dans le 5ème arrondissement de Paris, au moment de son arrestation. Il est le fils de Blanche Tribout, 20 ans et de Jean Marti, 31 ans, son époux.
Henri Marti est plombier de formation. Appelé en 1929 au service militaire (matricule 5413), il en est réformé définitivement.

Il adhère au Parti communiste en 1934 et devient par la suite, le secrétaire de la cellule de la SECMA. Il est également délégué CGT du «banc d’essai» de la SECMA.
Henri Marti épouse Albertine Marie Le Régent ou Le Régant (2 orthographes sur 2 documents officiels), le 7 septembre 1935 à Paris 13ème. Elle est née à Molac (Morbihan) le 5 mars 1912, 23 ans. Elle travaille comme fille des salle. Elle est domiciliée alors au 279 rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris 8ème. Henri Marti est domicilié 6, boulevard Kellermann (Paris 13ème).

Henri Marti et Josette

Le couple a deux enfants, un garçon, Jean et une fille, Josette. Henri Marti travaille à l’usine SECMA (Gnome et Rhône de moteurs d’avions), boulevard Kellermann (Paris 13ème).
En 1937, il s’inscrit sur les listes électorales du 5ème arrondissement, et il est domicilié au 32, rue Daubenton.

Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…)

Suivant les instructions du régime de Vichy, et devant la recrudescence de distributions de tracts et d’inscription communistes dans Paris, la police surveille systématiquement les militants communistes connus de ses services avant-guerre.

Henri Marti est arrêté à son domicile par la police française le 6 avril 1941, après une distribution de tracts. On sait, par les PV de ses  interrogatoires, qu’il a été un temps concierge rue Daubenton, et qu’en avril 1941, il était au chômage.
Lors de son premier interrogatoire, malgré les pressions et les pièges des inspecteurs de la Brigade spéciale des Renseignements généraux, il nie formellement toute activité clandestine.  La perquisition à son domicile n’a rien donné : les tracts étaient cachés sous le matelas du lit de la petite Josette. Malgré cela, les deux inspecteurs D. et R.  concluent, dans le PV du 6 avril 1941 qui fait le bilan des interrogatoires, qu’ils « ont acquis la certitude que le nommé Marti assistait à des réunions clandestines de la cellule du Jardin des plantes reconstituée par P. » « P. » est un électricien, ancien secrétaire de la cellule, chez lequel se tenaient les réunions de la cellule clandestine.
Selon la BS1, Henri Marti y assistait et « il y recevait du matériel« . « Il avait été en rapport avec « P » par madame « G. ». Celle-ci lui avait permis de retrouver le contact avec le Parti communiste clandestin.

Fiche des Renseignements généraux

Cette perquisition a-t-elle été ordonnée à la suite d’une dénonciation, comme l’a pensé Henri Marti, – cinq autres militants ayant été arrêtés comme lui au même moment – ? Un rapport de la BS1 des RG daté du 5 avril indique la raison de ces arrestations. « Au cours d’une enquête ouverte à la suite de la constatation d’une certaine recrudescence de la propagande communiste clandestine (par distribution de tracts et apposition de papillons et affichettes) dans le 5ème arrondissement, les Services de la Préfecture de Police viennent de mettre fin à l’action révolutionnaire d’un certain nombre d’éléments, qui groupés en « centre clandestin, s’était donné pour tâche la diffusion clandestine du matériel de propagande (tracts, papillons et affiches) dans cet arrondissement ». C’est donc à la suite de ces filatures que les six militants du 5ème arrondissement ont été arrêtés et inculpés grâce aux recoupements des interrogatoires et aux filatures.

Lire dans le site La Brigade Spéciale des Renseignements généraux.

Ces pratiques policières sont mentionnées dans l’ouvrage collectif sur le 13ème arrondissement de Paris :  Du Front populaire à la Libération. Les  auteurs y indiquent  que la police a réalisé dans la période allant d’avril à fin mai 1941, des filatures à partir de distributions de tracts opérées sans protection, au lieu d’arrêter les militants en flagrant-délit. Ces filatures vont permettre l’arrestation de nombreux militants et militantes communistes de l’arrondissement (quinze pour le seul quartier de la Gare).
Une fois arrêté, Henri Marti est emmené au Dépôt de la Préfecture. Inculpé d’infraction au décret du 26 septembre 1939 (« reconstitution de ligue
dissoute »), il est écroué le 7 avril à la Maison d’arrêt de la Santé.

1945 : Première partie du carnet d’Henri Marti

Le12 avril 1941, il est condamné par la 12ème chambre du Tribunal correctionnel de la Seine à huit mois de prison pour propagande communiste. Le 30 avril, il est transféré à la Maison d’arrêt de Fresnes. Il fait appel du jugement, mais celui-ci est confirmé le 16 juin par la 10ème chambre de la Cour d’appel de Paris. A l’expiration de sa peine, il est ramené au Dépôt de la Préfecture le 7 octobre 1941. En application du décret du 18 novembre 1939 (1), le préfet de police de Paris, François Bard, le fait interner le 9 octobre au Centre de séjour surveillé (camp d’internement) de Rouillé (2).

Au camp de Rouillé, début mai 1942, les autorités allemandes adressent au directeur du camp une liste de 187 internés à transférer au camp allemand de Compiègne (le Frontstalag 122). Le nom de Jean Marti y figure au n°123 de la liste. Le groupe finalement composé d’environ 160 internés arrive à Compiègne le 22 mai 1942. Cependant, sur la page du carnet où Henri Marti a noté de mémoire en 1945 ses dates et lieux d’enfermement dans les prisons et les camps de  France, de Pologne annexée et d’Allemagne, il a inscrit la date du 4 juin 1942 comme étant celle de son internement à Compiègne. Ce qui est vraisemblablement une erreur.

Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Henri Marti est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Henri Marti est enregistré au «Stammlager» (camp principal) d’Auschwitz sous le numéro « 45842 », dans les heures qui suivent l’arrivée de son convoi le 8 juillet 1942 à 11 heures (et non le 11 juillet comme il l’indique dans son carnet (3). Ce matricule sera tatoué sur son avant-bras gauche quelques mois plus tard. Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces contiguës). Le 9 juillet, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal.

« Le 13 juillet, écrit Pierre Monjault, nous sommes interrogés sur nos professions. Les spécialistes dont ils ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et s’en retournent à Auschwitz-I, ils sont approximativement la moitié de ceux qui restaient de notre convoi ». Henri Marti, du fait de ses compétences en plomberie est affecté au Kommando des « Installateurs », ce qui  lui permet de circuler dans les camps d’Auschwitz puis de Birkenau.

Très affaibli par le régime du camp, Henri Marti est à deux reprises désigné pour être gazé, non comme malade, mais comme « musulman » (4). La première fois, Henri Marti s’esquive de la colonne que l’on envoyait à la mort. « Il se cache dans les caves du block : enfoui au milieu des pommes de terre, il s’arrange pour échapper à ses poursuivants en jouant avec eux un tragique cache-cache, jusqu’au départ de la colonne. S’étant enfui au moment de sa désignation, avant que son matricule n’ait été relevé, il peut ainsi se présenter sans risque le soir à l’appel.
Une seconde fois, Henri Marti est désigné « pour les gaz » ; (…) 
il tente à nouveau de s’enfuir, mais est rattrapé par un SS. « Franzose » dit ce dernier sur un ton interrogatif, puis, après quelques secondes d’hésitation, d’un coup de pied, il le repousse dans le Block. Cet assassin avait sauvé une existence (Raymond Montégut).

Henri Marti fait partie du réseau clandestin français de solidarité et de résistance créé en décembre 1942 par quelques « 45000 » au sein des survivants du convoi. Le 15 janvier 1943, il est envoyé au Kommando disciplinaire à Birkenau (5).

Creusement du Königsgraben par le Kommando disciplinaire

Un jour, raconte Auguste Monjauvis, notre camarade Marti fut arrêté en passant du linge. Il fut envoyé au Strafarbeit, kommando de la mort journalière, le kommando disciplinaire. Il en revint quinze jours après, les membres et la figure pleins d’œdèmes. Il avait été sauvé, parce qu’il n’avoua jamais. L’organisation clandestine avait fonctionné [pour le faire sortir].

Après l’arrivée des 230 femmes françaises résistantes déportées à Birkenau le 24 janvier 1943, il participe aux actions de solidarité que le groupe français apporte aux « 31000 ». Eugène Garnier en a la responsabilité : « Eugène était secondé au « kommando des jardins » par d’autres « 45 000 » : Albert Morel, Giobbé Pasini,  René Demerseman et par ceux qui travaillaient dans des équipes de spécialistes circulant dans le camp : Henri Marti, Henri Gorgue, Pierre Monjault, Paul Louis Mougeot, Georges Gaudray » (Auguste Monjauvis).

En application d’une directive de la Gestapo datée du 21 juin 1943 accordant aux détenus des KL en provenance d’Europe occidentale la possibilité de correspondre avec leur famille et de recevoir des colis renfermant des vivres, Frédéric Ginolin, comme les autres détenus politiques français d’Auschwitz (140 « 45000 » environ), reçoit en juillet 1943 l’autorisation d’échanger des lettres avec sa famille – rédigées en allemand et soumises à la censure – et de recevoir des colis contenant des aliments. Ce droit leur est signifié le 4 juillet 1943. Entre le 14 août 1943 et le 12 décembre 1943, il est en quarantaine au Block 11 avec la quasi totalité des Français survivants. Lire l’article du blog « les 45000 au block 11.

Durant  cette quarantaine au Block 11, Jean Thomas lui tatoue un petit bateau sur la poitrine, du côté du cœur.

Le 12 décembre 1943, à la suite de la visite du nouveau commandant du camp, Arthur Liebehenschel, et après quatre mois d’un régime qui leur a permis de retrouver quelques forces, les « 45000 sont, pour la plupart, renvoyés dans leurs Kommandos et Blocks d’origine.
Le 15 avril 1944, Henri Marti est affecté à Birkenau (comme on le lit sur son carnet).
Le 15 août 1944, il revient à Auschwitz : Lire dans le site, « les itinéraires suivis par les survivants ».

Henri Marti est l’un des trois « 45.000 » qui assistent à l’ouverture des portes d’une chambre à gaz .  « Nous faisions des fouilles pour poser l’eau à quelques mètres des chambres à gaz » écrit Henri Marti. Lire dans le site : Trois « 45000 » assistent à l’ouverture des portes d’une chambre à gaz.

Roger Arnould a rédigé en 1972, une note où il précise les circonstances dans lesquelles il a entendu ce récit : Depuis qu’ont été entreprises nos recherches pour tenter d’écrire l’histoire des « 45 000 » d’Auschwitz, j’ai eu l’occasion de recueillir bien des témoignages, tant en m’entretenant avec les familles des disparus qu’avec les derniers rescapés. Tout ce qu’ils m’ont confié me semble un bien lourd héritage à transmettre. Il le faudra pourtant. J’ai peur d’oublier parfois. Ainsi, un jour de cet automne, est venu me voir Henri Marti. Un ancien qui ne ménage pas sa peine ; il m’a dit et apporté beaucoup de choses pour servir à l’histoire de son convoi. Mais, parmi tant de souvenirs qu’il m’a rapportés, il en est un que je ne peux garder pour moi plus longtemps.
 A Birkenau – témoigne Henri Marti – j’appartenais au Kommando des « installateurs » et je faisais équipe avec Clément Coudert de Nancy et Cyrille Chaumette de Saint-Omer, lequel est mort là-bas. Un jour, notre travail nous a conduits aux chambres à gaz alors en plein fonctionnement, un lieu où les détenus du camp ne pénétraient jamais.
Sur place, nous avons rencontré un déporté parisien, Georges Berman, du douzième arrondissement qui, au Sonderkommando, travaillait à l’évacuation des cadavres à la sortie des chambres à gaz.
Il fut heureux de nous voir et de pouvoir s’entretenir un peu avec nous, car il vivait ici en reclus, sans contact avec le camp. Je dois ici, rapporter le point le plus important de notre conversation. Georges Berman parlait et je n’oublierai jamais ses paroles dites très calmement : « Aucun de ceux qui sont ici ne sortira vivant et je sais que mes jours sont comptés, je ne reverrai jamais Paris. Mais vous, qui êtes des « politiques », vous avez des chances de vous en sortir, en tout cas plus que nous qui n’en avons aucune. Alors je voudrais que vous ayez le cœur assez bien accroché pour regarder ce que je vais vous montrer. Plus tard, vous direz ce que vous avez vu. Il faut que le monde sache.
Ouvrez bien vos yeux et regardez ». Alors, il nous conduisit à quelques pas de là, au moment précis où les deux portes des chambres à gaz s’ouvraient.

Le gaz Zyklon-B venait de faire son œuvre. Le spectacle, que nous avons supporté quelques instants à peine, était insoutenable, comme l’odeur qui régnait dans les locaux. Les cadavres nus de femmes, d’enfants, d’hommes encore chauds, flasques, glissaient de l’amoncellement consécutif, après l’effet du gaz, à l’entassement lors de l’entrée des vivants dans la chambre exiguë. Je dois dire que si j’ai le courage de relater cela de vive voix et ce n’est pas la première fois que je m’y contrains, je n’ai jamais eu la force de l’écrire, de le décrire comme je viens de le faire. Georges Berman, comme il l’avait prévu, y est resté. Je pense à lui souvent et à sa recommandation ».

Dès 1944, devant l'avancée des armées soviétiques, les SS commencent à ramener vers le centre de l’Allemagne les déportés des camps à l’Est du Reich, dont Auschwitz. Les premiers transferts de "45.000" ont lieu en février 1944 et ne concernent que six d’entre eux. Quatre-vingt-neuf autres "45.000" sont transférés au cours de l'été 1944, dans trois camps situés plus à l'Ouest – Flossenbürg, Sachsenhausen, Gross-Rosen - en trois groupes, composés initialement de trente "45000" sur la base de leurs numéros matricules à Auschwitz.  Une trentaine de "45.000" restent à Auschwitz jusqu'en janvier 1945.
1945 : deuxième  partie du carnet d’Henri Marti

Henri Marti est transféré le 29 août 1944, (il a noté le 11 septembre 1944 sur son carnet) avec vingt-neuf autres « 45 000 » à Sachsenhausen où ils sont enregistrés.

Du début octobre 1944 au 28 mars 1945, il est affecté à Berlin-Siemens Stadt, un des kommandos de Sachsenhausen avec RenéMaquenhen, Auguste Monjauvis et René Petitjean. Ils sont ensuite ramenés à Sachsenhausen.
Le 10 octobre 1944 Henri Marti et Paul Louis Mougeot sont transférés à Trebnitz puis, le 1er février 1945 au Kommando Heinkel, d’où ils partent pour Flossenbürg à près de 300 km. Ils y arrivent le 5 février.

Henri Marti est ensuite envoyé à Pottenstein, en Bavière, à 85 Km, où il arrive le 26 février 1945.
Il est libéré le 16 avril 1945. Il reste au camp jusqu’au 30 avril. Il entreprend un long périple par le train dont il a soigneusement noté les gares : Gößweinstein (à 7 km) du camp. Le 7 mars Bamberg (45 km), le 8 Würzburg (100 km), le 9 Hanau près de Francfort. Puis Francfort, Mayence, Thionville, Metz, Romigny et enfin Paris où il arrive le 13 mai à 3 heures.

Henri Marti après son retour des camps

A son retour en France, Henri Marti reprend son activité militante : il est membre du Comité de la section du Parti communiste du 5ème arrondissement et il est un militant des actifs de diverses associations dans les entreprises où il travaille successivement.
Après son changement de domicile, il habite au 6, rue Kellermann, Paris 13ème et il devient le responsable de la cellule J.P. Bernard du 13ème arrondissement (section Italie). Il est également membre du comité directeur des déportés du 13èmearrondissement.
Henri Marti entreprend de retrouver ses anciens camarades de déportation. Il répond également aux lettres des familles qui tentent d’obtenir des informations sur le sort de celui qui n’est pas revenu.

Lettre du 4 juillet 1945 à Félix Moreau, frère de Gorges Moreau

Lorsqu’il ne peut les renseigner – comme  on le lit dans cette lettre du 4 juillet 1945 adressée à Félix Moreau, frère de Georges Moreau – il lui communique les vingt et une adresses de rescapés qu’il a pu rassembler, avec l’espoir que l’un d’entre eux pourra lui apporter son témoignage.

Henri Marti est mort le 16 août 1983 à Chaumont-sur-Yonne où il s’était retiré à la retraite, route de Champigny.

Henti Marti à la fin des années 1970

Son frère aîné, Jacques Marti, né le 13 novembre 1897 a été également déporté depuis Compiègne, le 29 août 1944. Il meurt sur le Cap Arcona dans la baie de Lübeck-Neustadt. Lire dans le Blog le récit d’un des rescapés « 45000 » sur la tragédie du Cap Arcona : Louis Cerceau.

  • Note 1 : Le décret du 18 novembre 1939 donne aux préfets le pouvoir de décider l’éloignement et,
    en cas de nécessité, l’assignation à résidence dans un centre de séjour surveillé, des individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique. Classée «secret», la circulaire n° 12 du 14 décembre 1939, signée Albert Sarraut, ministre de l’Intérieur, fixe les conditions d’application du décret du 18 novembre 1939 qui donne aux préfets le pouvoir de décider l’éloignement et, en cas de nécessité, l’assignation à résidence dans un centre de séjour surveillé, des «individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique». Lire l’article très documenté et illustré sur le blog de Jacky Tronel (Histoire pénitentiaire et justice militaire) : Circulaire d’application du décret-loi du 18 novembre 1939.
  • Note 2 : Le camp d’internement administratif de Rouillé (Vienne) est ouvert le 6 septembre 1941, sous la dénomination de «Centre de séjour surveillé», pour recevoir 150 internés politiques venant de la région parisienne, c’est-à-dire membres du Parti Communiste dissous et maintenus au camp d’Aincourt depuis le 5 octobre 1940. D’autres venant de prisons diverses et du camp des Tourelles. Il a été fermé en juin 1944. In site de l’Amicale de Chateaubriant-Voves-Rouillé.
  • note 3 : plusieurs « 45000 » rescapés ont pensé que leur transport avait duré de quatre à cinq jour, tant ils en ont gardé un pénible souvenir.
  • Note 4« Musulman » : dans la Lagersprache (argot) du camp, c’est un déporté tellement affaibli, que sa mort est imminente, il est apathique, prostré, « mort-vivant ». Il est cachectique, surmené, sous-alimenté, insuffisamment protégé du froid, il a perdu plus de 30% de son poids. « le musulmanisme est la dernière phase de la sous-alimentation » écrit le docteur Beilin. 
  • Note 5 : Le Strafarbeit kommando (SK), compagnie disciplinaire. Créé dès août 1940 pour les hommes, ce Kommando avait été transféré en mai 1942, à Birkenau. Les détenus y étaient employés au creusement du Königsgraben, le fossé central de drainage du camp. Plusieurs des « 45 000 » y furent affectés pendant un temps plus ou moins long : parmi eux se sont trouvés, selon Roger Abada : Guy Lecrux, Charles Lelandais, Roger Pélissou, et
    Henri Marti (qui l’indique dans son carnet).

Sources

  • Témoignage de Josette Marti, fille de Henri Marti.
  • Roger Arnould, article du Patriote Résistant (mensuel de la FNDIRP) où il publie son  témoignage sur les chambres à gaz.
  • Archives de la Préfecture de police de Paris, Carton Brigades Spéciales des Renseignements généraux (BS1)
  • Bureau des Archives des victimes des conflits contemporains, ministère de la Défense, Caen, son dossier « statut ». Birkenau.
  • Site du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau, photo du Königsgraben.
  • Archives de la Préfecture de Police de Paris. Les Lilas.

Notice biographie installée en août 2012 et complétée en 2019 et 2023 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, Paris 2005 et 2015. Prière de mentionner ces références totale ou partielle de cette notice biographique. Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel deportes.politiques.auschwitz@gmail.com. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *