Georges Cora : né en 1921 à Paris 20ème où il habite ; apprenti charcutier, imprimeur ; communiste ; arrêté le 21 décembre 1940 ; condamné à 6 mois de prison (Santé) ; libéré ; arrêté le 28 février 1942 comme otage ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 21 octobre 1942.
Georges, André Cora est né le 19 décembre 1921 à Paris 20ème. Il habite au 52, boulevard Mortier à
Paris 20ème au moment de son arrestation. Il est le fils de Marcelle, Emilienne Barbotte, née en 1895 à Paris et de Georges Cora, né le 5 mars 1894 à Paris 14ème . Son père est polisseur et travaillera chez Panhard, puis chez Gladiator, où il sera affecté spécial en 1916 après sa mobilisation en 1914. Ses parents se sont mariés le 16 mars 1918 à Paris Paris 20ème .
Après sa naissance, ses parents habitent au 1, rue des Prairies, puis au 37, de la même rue après la naissance de sa sœur Huguette, en 1923.
En février 1933, la famille vient habiter au 52, boulevard Mortier, un ensemble HBM en briques rouges nouvellement construit (1932).
En 1936, Georges André Cora est apprenti charcutier chez Blondeau dans le 20ème. Son père travaille comme polisseur chez Chevrier à Paris 3ème.
On sait par l’enquête administrative diligentée en 1955 (1) pour l’attribution du titre de Déporté politique, que Georges André Cora est ensuite embauché comme imprimeur.
Il est célibataire. Il adhère aux Jeunesses communistes en 1938 et en reste un militant actif après l’interdiction des organisations communistes en septembre 1939. Conscrit de la classe 1941, il n’est pas mobilisable.
Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Sans travail fin novembre 1940, Georges Cora retrouve un emploi dans une usine de la métallurgie.
Il est arrêté le 21 décembre 1940 au domicile de sa mère, pour « activité communiste » en application du décret du 26 septembre 1939 pour distribution de tracts communistes (note blanche des Renseignements généraux). Selon l’enquête administrative diligentée en 1955 (1) pour l’attribution du titre de Déporté politique, « il recevait des paquets de tracts et participait aux réunions clandestines du Parti communiste ». Georges Cora est écroué à la Maison d’arrête de la Santé le 22 décembre 1941. Transféré au Dépôt de la Préfecture, le 11 mai 1941, il est condamné à 6 mois de prison le jour même par la 15ème chambre correctionnelle de Paris . Il est relaxé le lendemain «après avoir été admonesté», son incarcération ayant couvert la durée de la peine.
Georges Cora est de nouveau arrêté le 28 avril 1942, comme otage communiste et transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122), le 28 avril. Son arrestation a lieu dans le cadre de la rafle organisée ce jour-là par l’occupant dans tout le département de la Seine. Elle vise des militants du Parti communiste clandestin ou considérés comme tels.
Lire dans le site La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942).
Suivant cette politique des otages, les autorités d’occupation ordonnent l’exécution d’otages déjà internés et le 28 juin, arrêtent 387 militants (avec le concours de la police parisienne), dont la plupart avaient déjà été arrêtés une première fois par la police française pour « activité communiste » depuis l’interdiction du Parti communiste (le 26 septembre 1939) et libérés à l’expiration de leur peine. Les autres sont connus ou suspectés par les services de Police. Il s’agit de représailles ordonnées à la suite d’une série d’attentats à Paris (le 20 avril un soldat allemand de première classe est abattu au métro Molitor, deux soldats allemands dans un autobus parisien, le 22 avril un militaire allemand est blessé à Malakoff). Lire le témoignage de Claude Souef : La rafle des communistes du 28 avril 1942 à Paris.
Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (le Frontstalag 122).Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, Georges Cora est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Son numéro d’immatriculation lors de son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 est inconnu. Le numéro « 45 395 ? » figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 correspondait à ma tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Ce numéro, quoique plausible compte tenu de l’âge du déporté photographié avec ce numéro, ne saurait être considéré comme sûr en raison de l’existence des quatre listes alphabétiques successives que j’ai reconstituées, de la persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Il ne figure plus dans mon ouvrage Triangles rouges à Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ». Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Georges Cora meurt à Auschwitz le 21 octobre 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 185 et © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau).
Etienne Pessot et Lucien Matté qui le connaissaient ont témoigné de sa mort.
Georges Cora est homologué comme Déporté politique le 7 février 1949 (la carte est délivrée à sa mère, Marcelle Tinot à Paris 14ème.)
Georges Cora est homologué comme Résistant, au titre de la Résistance Intérieure Française (RIF) comme appartenant à l’un des cinq mouvements de Résistance (FFC, FFI, RIF, DIR, FFL). Cf. service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 141816.
Par un arrêté de 1949 paru au Journal Officiel du 1er décembre 1949, il est homologué comme « soldat » à titre posthume au titre de la Résistance intérieure française, avec prise de rang au 1er avril 1942.
La mention Mort en déportation est apposée sur son acte de décès (arrêté du 12 novembre 1987 paru au Journal Officiel du 26 février 1988). Cet arrêté porte néanmoins une date erronée : décédé le 15 décembre 1942 à Auschwitz, établie par le ministère des Anciens combattants à la
Libération à partir des témoignages de deux de ses camarades rescapés (Etienne Pessot et Lucien Matté). Il serait souhaitable que le ministère prenne désormais en compte par un nouvel arrêté la date portée sur son certificat de décès de l’état civil d’Auschwitz, accessible depuis 1995 (Death
Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau).
- Note 1 : Cette enquête a repris le dossier dit De Brinon du 19 janvier 1943 : de nombreuses familles de «45000» ont adressé des demandes de renseignements aux services administratifs de Vichy, lesquels ont transmis les résultats de leurs enquêtes à François de Brinon, représentant le gouvernement français auprès du Haut Commandement allemand dans le Paris de l’Occupation (il est nommé le 5 novembre 1940 ambassadeur de France auprès des Allemands, puis le 17 novembre suivant «délégué général du gouvernement français dans les territoires occupés»).
- Note 2 : Il est mentionné sur le site du Mémorial de la Shoah, comme étant déporté dans le convoi n° 2 (convoi du 5 juin 1942, parti de Compiègne) et son nom est inscrit sur le « mur des noms ». Cependant le document joint en annexe sur le site du Mémorial montre que son nom a été rayé sur le document allemand. Georges Pessot et Lucien Matte du convoi du 6 juillet qui le connaissaient, ont témoigné qu’il était bien dans leur convoi, le 6 juillet 1942.
Sources
- Archives en ligne de Paris, recensement de population, registres matricules, élection.
- Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès destinés à l’état civil d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Fichier national de la Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche
individuelle consultée en octobre 1993 par Fernand Devaux et DAVCC, dossier individuel consulté en 1994 par Claudine Cardon-Hamet. - © Photo de la porte d’entrée du camp d’Auschwitz : Musée d’Auschwitz-Birkenau.
- © Site Internet Légifrance.gouv.fr Photo d’immatriculation à Auschwitz : Musée d’état Auschwitz-Birkenau / collection André Montagne.
- © Mémorial de la Shoah, Centre de documentation juive contemporaine (CDJC).
Paris IVème.
Notice biographique mise à jour en 2010, 2013, 2019 et 2021 à partir d’une notice succincte rédigée en janvier 2001 pour l’exposition organisée par l’association « Mémoire Vive » à la mairie du 20ème arrondissement, par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages :Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé), qui reproduit ma thèse de doctorat (1995). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice.
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