Matricule « 45 660 » à Auschwitz
Octave Hervaux : né en 1903 à Romorantin (Loir-et-Cher) où il habite ; électricien, employé au Gaz ; arrêté le 1er mai 1942 comme otage ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 18 août 1942.
Octave, Robert Hervaux est né le 9 février 1903 à Romorantin (Loir-et-Cher).
Il habite 18, rue du Lys à Romorantin au moment de son arrestation.
Il est électricien, employé au Gaz, rue du Lys à Romorantin.
Il est le fils de Pauline Blanchet, 34 ans, journalière et de Louis Hervaux, 50 ans, journalier, son époux.
Il épouse Micheline, Juliette, Eugénie, Désirée Noël, confectionneuse, le 6 septembre 1926 à Romorantin. Elle est née le 12 septembre 1910 à Romorantin.
Le couple a une fille prénommée Odette.
Octave Hervaux est mobilisé en 1939, et il est fait prisonnier. Il s’évade du Stalag où il a été interné.
Le 14 juin 1940, la Wehrmacht défile à Paris, sur les Champs-Élysées. Les 15 et 16 juin 1940, importants bombardements allemands sur Montrichard, Blois et Vendôme. Le 22 juin, l’armistice est signé : la moitié nord de la France et toute la façade ouest sont occupées. Le pays est coupé en deux par la « ligne de démarcation » qui sépare la zone occupée et celle administrée par Vichy. Le 1er juillet, elle passe par le département du Loir-et-Cher en suivant le cours du Cher, de Châtres jusqu’à Chissay (à l’exception de Selles-sur-Cher qui demeure en zone occupée). Le 10 juillet 1940 Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ».
Octave Hervaux est arrêté à Romorantin par les polices française et allemande, le 1er mai 1942 dans le cadre de la rafle des 1er et 2 mai 1942 qui concerne 140 communistes ou présumés tels (dont certains avaient déjà été arrêtés lui en 1940 ou 1941) dans 3 départements (Cher, Loir-et-Cher, Loiret). Elle est opérée en représailles à la mort d’un Feldgendarme à Romorantin la nuit du 30 avril 1942.
13 romorantinais sont arrêtés. Six d’entre eux seront déportés à Auschwitz : Moïse Bodin, Victor Budin, Gustave Crochet, Octave Hervaux, Edouard Roguet, Daniel Pesson.
Octave Hervaux est conduit à la maison d’arrêt d’Orléans le 2 mai 1942, et les autorités allemandes l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122), le 5 mai 1942, en vue de sa déportation comme otage.
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, Octave Hervaux est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf l’article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Octave Hervaux est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro matricule « 45 660 ».
Sa photo d’immatriculation (1) à Auschwitz a été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession.
Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté à cette date.
Octave Hervaux meurt à Auschwitz le 18 août 1942 (date inscrite dans les registres du camp et transcrite à l’état civil de la municipalité d’Auschwitz ; in Death Books from Auschwitz, Tome 2, page 446).
Lire dans le site : 80 % des « 45 000 » meurent dans les six premiers mois
Sa fiche d’état civil établie en France à la Libération portait la mention «décédé le 15 novembre 1942 à Auschwitz (Pologne)». Il est regrettable que le ministère n’ait pas corrigé cette date, à l’occasion de l’inscription de la mention « mort en déportation » sur son acte de décès (Journal officiel du 16 juillet 1994), ceci étant rendu possible depuis la parution de l’ouvrage publié par les historiens polonais du Musée d’Auschwitz en 1995. Lire dans le blog Les dates de décès à Auschwitz
Il a été déclaré « Mort pour la France » le 16 avril 1946. Le titre de « Déporté politique » lui a été attribué.
Son nom est inscrit sur les monuments aux morts de Romorantin-Lantenay, quai de l’île Marin et dans le vieux cimetière.
Note 1 : 522 photos d’immatriculation des « 45 000 » à Auschwitz ont été retrouvées parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation du camp d’Auschwitz. A la Libération elles ont été conservées dans les archives du musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau. Des tirages de ces photos ont été remis par Kazimierz Smolen (ancien détenu dans les bureaux du camp d’Auschwitz, puis devenu après-guerre directeur du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) à André Montagne, alors vice-président de l’Amicale d’Auschwitz, qui me les a confiés.
Sources
- Mairie de Romorantin. Communications de Mme Valin (fiches de dénombrement des Internés et Déportés, service des Statistiques) et de Mme Vally, archiviste (1990).
- « La Résistance dans le Loir-et-Cher « , Op. édité par l’ANACR en 1964.
- Liste établie en 1977 par le président de l’ADIRP du Loir et Cher, Georges Larcade, et communiquée à la commission d’histoire de la FNDIRP.
- Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Bureau de la division ou pôle des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen (fiche individuelle consultée en juillet 1992).
- Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau indiquant généralement la date de décès au camp (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen).
- © Site Site Internet Mémorial-GenWeb
- © Site www.mortsdanslescamps.com
- Etat civil de Romorantin, tables décennales.
Notice biographique rédigée en février 2011, complétée en 2017, 2021 et 2024, par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de « Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 » », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce blog) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette biographie.
Pour compléter ou corriger cette biographie, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com
Hommage au héros.
Honneur et Patrie.