Matricule « 45 336 » à Auschwitz
Fernand Carteron : né en 1914 à Saint-Loup-de-Vaud (Seine-et-Marne) ; domicilié à Rouilly (Seine-et-Marne) ; arrêté comme otage communiste le 19 octobre 1941; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 11 juillet 1942.
Fernand Carteron est né le 18 mai 1914 à Saint-Loup-de-Vaud (Seine-et-Marne).
Il habite au 14 La Bretonnière à Rouilly (Seine-et-Marne), au moment de son arrestation.
Il est le fils d’Antoinette Pron, 33 ans, née en 1881 à Rouilly et de Charles Carteron son époux, 38 ans, né également à Rouilly en 1873.
Fernand Carteron a quatre frères : Marcel, né en 1907, André, né en 1910, tous deux à La Chapelle Saint-Sulpice, Gabriel et Pierre.
Les quatre garçons sont adhérents au Parti communiste. Son frère André est terrassier, adhérent à la CGT en 1936. Il est employé par l’entreprise Denain et Anzin à Rouilly (Seine-et-Marne) et gagne 1000 francs par mois.
Conscrit de la classe 1934, Fernand Carteron est appelé au service militaire, qu’il effectue au 97ème Régiment de Dragons à Melun. En 1936, la famille habite au n°14, Le Bretonnière à Rouilly.
Leur père est « rentier », André est manouvrier chez Picot et Marcel est manouvrier chez Vauthier. Fernand est alors encore au service militaire (qui est repassé d’un an à deux ans en 1935).
Fernand Carteron est manœuvre (ouvrier glaisier).
Il est secrétaire de la cellule « Besançon » du Parti communiste à Rouilly de 1937 à 1938, dont son frère André était auparavant secrétaire adjoint.
Les services de police le qualifient d’«ardent propagandiste ».
Son frère, André Carteron part combattre pour la défense de la République espagnole contre le fascisme. Membre de la 14è Brigade internationale, la « Marseillaise », il est porté disparu à Tortosa le 26 juillet 1938, lors de la bataille de l’Ebre, dernière grande contre-attaque des Brigades internationales. Il est vraisemblable que Fernand Carteron, conscrit de la classe 1934, ait été mobilisé en 1939.
Le 14 juin 1940, les troupes allemandes sont à Meaux ; le 15 juin à Brie-Comte-Robert et à Melun.
Le dimanche 16 juin 1940, des éléments motorisés de la Werhmacht franchissent la Seine à Valvins sur un pont de bateaux. Ils traversent Avon avant d’entrer dans Fontainebleau, précédant le gros des troupes. Le 14 juin, l’armée allemande était entrée par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cessant d’être la capitale du pays et devenant le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne et les départements voisins les jours suivants.
Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
A l’occupation, Fernand Carteron a trouvé du travail chez Monchaussé à Saint-Hilliers, entreprise de travaux agricoles (battage de céréales etc…).
Fernand Carteron est arrêté le 19 octobre 1941 à son domicile par la police française et la Felgendarmerie.
Les 19 et 20 octobre 1941, de nombreux élus ou militants communistes du département sont arrêtés. Parmi eux, 44 seront déportés à Auschwitz.
Lire dans le blog la rafle des communistes en Seine-et-Marne, octobre 1941.
A la demande des autorités allemandes, Fernand Carteron et ses camarades de Seine-et-Marne sont transférés par autocar au camp de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122), le 19 octobre 1941.
A Compiègne il reçoit le numéro matricule « 1725 ». Il figure en 86è position sur la liste de recensement (décembre 1941) des communistes du camp de Compiègne nés entre 1912 et 1922 « aptes à être déportés à l’Est », en application de l’avis du 14 décembre 1941 du commandant militaire en France, Otto von Stülpnagel (archives du CDJC IV 198).
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz.
Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Fernand Carteron obtient de la direction du camp, l’autorisation d’épouser, à la mairie de Compiègne, le 8 mai 1942, Janine, Pierrette Rayé. Elle est née le 21 juin 1922 à Lescherolles (77).
Depuis le camp de Compiègne, Fernand Carteron est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro « 45336 ».
Fernand Carteron meurt à Auschwitz le 11 juillet 1942 à Auschwitz selon son acte d’état civil modifié par l’arrêté du 12 juillet 2007 portant apposition de la mention «Mort en déportation » sur les actes et jugements déclaratifs de décès, paru au JO du 7 août 2007.
Sa veuve est décédée à Melun le 16 novembre 2011.
Sources
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen (fiche individuelle consultée en novembre 1992).
- © Site www.mortsdanslescamps.com
- « La Résistance en Seine et Marne« , Claude Cherrier et René Roy, (Presses du Village).
- Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys, cabinet du préfet et dossier individuel.
- Archives en ligne, recensement de Rouilly en 1936.
- Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys, cabinet du préfet et dossier individuel.
Notice biographique installée en 2011, complétée en 2017 et 2022 par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) . Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
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