Matricule « 45 808 » à Auschwitz
René Mabila : né en 1909 à Garches (Seine-et-Oise / Hauts de Seine) ; domicilié à Dampmart (Seine-et-Marne) ; maçon ; communiste ; arrêté le 19 octobre 1941 ; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 28 janvier 1943.
René Mabila est né le 3 mai janvier 1909 à Garches (Seine-et-Oise – aujourd’hui Hauts de Seine). Il habite au 8, rue de Carnetin à Dampmart (Seine-et-Marne) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Silvine Baron, journalière, née le 28 octobre 1883 à Selles-Saint-Denis (Loir-et-Cher) et de Léon Mabila, maçon, né en 1883 à Vaucresson (Hauts-de-Seine).
Il a une sœur aînée, Geneviève, née le 4 février 1906. Leurs parents se sont mariés à à Garches le 1er septembre 1908.
René Mabila est maçon. Le 28 septembre 1929, à Villevaudé (Seine-et-Marne), il épouse Eugénie Brimant, domestique, née le premier juillet 1907 à Villevaudé. Le couple a cinq enfants : André, René (1930) qui nait à Lagny le 23 avril (faire part dans la presse locale). Ses parents habitent alors au 25, rue de Melun. Puis naissent Raymond, Eugène (1932), Ginette, Rachel (1933), Roger, Lucien (1935) et Simone, Geneviève) (1937).
René Mabila est membre du Parti communiste auquel il a adhéré en 1936.
Il est le secrétaire de la cellule de la cellule de Thorigny-sur-Marne. Dans le rapport de police du 29 mars 1955 – enquête effectuée pour la définition du Statut – ont lit « Ayant appartenu au parti communiste. Avant guerre, membre actif du PC et secrétaire de la cellule communiste de Thorigny ».
Le dernier emploi connu d’André Mabila est chef d’équipe chez Schneider, 52, quai de Boulogne à Rungis.
Le dimanche 16 juin 1940, des éléments motorisés de la Werhmacht franchissent la Seine à Valvins sur un pont de bateaux. Ils traversent Avon avant d’entrer dans Fontainebleau, précédant le gros des troupes. .Le 14 juin, l’armée allemande était entrée par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cessant d’être la capitale du pays et devenant le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne et les départements voisins les jours suivants. Le 22 juin, l’armistice est signé.
Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Depuis l’été 1940, René Mabila fait partie de l’organisation clandestine communuiste reconstituée par Gustave Martin à Lagny (impression et distribution de tracts contre Vichy et la politique de collaboration), mais aussi recrutement pour « l’O.S », l’ »Organisation Spéciale » armée, constituée à partir de la fin de 1940 », avec Pierre Dumont, Albin Desmazes, Louis Lahaie, et Béziat de Dampmart.
René Mabila est arrêté à son domicile par la police française et la Feldgendarmerie le 19 octobre 1941 à Dampmart. De nombreux élus ou militants communistes du département sont arrêtés les 19 et 20 octobre. 44 d’entre eux seront déportés à Auschwitz.
Lire dans le site la rafle des communistes en Seine-et-Marne, octobre 1941.
A la demande des autorités allemandes René Mabila est transféré au camp de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122), le 19 octobre 1941.
A Compiègne, il reçoit le n° matricule « 1778 ».
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, René Mabila est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942.
Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi.
Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro matricule « 45 808″ .
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ». Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces).
Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
René Mabila meurt à Auschwitz le 28 janvier 1943 d’après son certificat de décès établi au camp pour le registre d’état civil de la municipalité d’Auschwitz in Death Books from Auschwitz, Tome 2, page 755).
Sa fiche d’état civil établie en France à la Libération porte toujours la mention « décédé en septembre 1942 à Auschwitz (Pologne)». Il serait souhaitable que le ministère corrige ces dates fictives qui furent apposées dans les années d’après guerre sur les état civils, afin de donner accès aux titres et pensions aux familles des déportés. Cette démarche est rendue possible depuis la parution de l’ouvrage « Death Books from Auschwitz » publié par les historiens polonais du Musée d’Auschwitz en 1995. Lire dans le site Les dates de décès à Auschwitz.
Il a été déclaré « Mort pour la France » le 22 décembre 1947.
Le titre de « Déporté politique » lui a été attribué le 15 décembre 1947.
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Dampart.
Sources
- Archives en ligne des Hauts de Seine
- Photos communiquées par © Mireille Mabila (avril 2006).
- Acte de décès, Mairie de Dampmart 1992.
- Division des archives des Victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen (dossier et fiche individuelle consultés au Val de Fontenay en juillet 1992).
- « La Résistance en Seine et Marne« , Claude Cherrier et René Roy, (Presses du Village).
- Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Mémorial « GenWeb ».
- © arbre généalogique de Michel Gayout https://www.geneanet.org/profil/michelgayout
Notice biographique rédigée en août 2011, complétée 2022 par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) . Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
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