Matricule « 45 853 » à Auschwitz
Henri Mary : né en 1903 à Champs-sur-Marne (Seine et Marne) ; domicilié à Clichy-la-Garenne (Seine) ; tôlier-chaudronnier ; cégétiste et communiste ; arrêté le 27 juin 1941 ; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 17 janvier 1943.
Henri Mary est né le 28 août 1903 à Champs-sur-Marne (Seine et Marne).
Il est domicilié au 36, rue Dagobert à Clichy-la-Garenne (ancien département de la Seine / Hauts-de-Seine) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Marie-Louise Briat, 24 ans, sans profession et d’Eugène, Arthur Mary, 28 ans, chocolatier, son époux.
Henri Mary vit avec Marcelle Convert (1), née le 25 mars 1901, à Champs-sur-Marne.
Il travaille comme tôlier-chaudronnier. Après avoir logé dans différents hôtels à Levallois-Perret et à Clichy, le couple s’installe au 36, rue Dagobert à Clichy.
« Pendant la période du Front populaire, il fut secrétaire permanent du Syndicat des métaux CGT de Clichy, il contribua à l’organisation des grèves avec occupation en 1936. En 1937, il reprit une activité professionnelle, exerça l’année suivante son métier aux Etablissements Fétas, rue des Chasses à Clichy. De la classe 1929, mobilisé le 7 septembre 1939, il prit part aux combats, fut décoré de la Croix-de-guerre 1939-1940 avec deux citations. Démobilisé, il rentra à son domicile le 15 août 1940 » (notice du Maitron).
Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Toute la banlieue parisienne est occupée les jours suivants. Un premier détachement allemand occupe la mairie de Nanterre et l’état-major s’y installe.
Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Militant communiste connu des services de police, il est arrêté à Clichy le 27 juin 1941, par les polices française et allemande.
La liste des Renseignements généraux répertoriant les communistes internés administrativement le 27 juin 1941, mentionne pour Henri Mary : « Meneur communiste très actif ».
Son arrestation a lieu dans le cadre d’une grande rafle concernant les milieux syndicaux et communistes.
En effet, le 22 juin 1941, jour de l’attaque hitlérienne contre l’Union soviétique, sous le nom «d’Aktion Theoderich», les Allemands arrêtent plus de mille communistes dans la zone occupée, avec l’aide de la police française.
D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy (ici l’Hôtel Matignon), ils sont envoyés en vue de leur déportation comme otages, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), le Frontstalag 122 administré par la Wehrmacht.
Henri Mary reçoit reçoit le matricule « 453 » à Compiègne.
« Le 16 juin 1942, le préfet demandait au Renseignements généraux une enquête avec avis «sur l’opportunité de sa libération». Le 19 juin sa compagne Marcelle Convert écrivait au préfet. « Mon mari étant en chômage en 1936 avait été nommé par les ouvriers pour s’occuper du syndicat des métaux à Clichy ». Sitôt qu’il retrouva du travail, il reprit « son métier en usine ».
Les parents de son mari étant à sa charge, Marcelle Convert qui était au chômage depuis l’exode de juin 1940, travaillait depuis trois mois aux automobiles Rosengard. Et elle demandait la libération d’Henri Mary.
Le 26 juin 1942, un inspecteur des Renseignements généraux sur les indications du commissaire de police de Clichy écrivit dans un rapport qu’Henri Mary était : « Un meneur communiste poursuivant clandestinement son activité ». Une affirmation sans preuve, l’auteur du rapport policier soulignait qu’il n’avait « jamais été pris en flagrant délit », mais qu’il était « considéré comme suspect pour la sécurité intérieure du pays » (Notice du Maitron).
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, Henri Mary est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942.
Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro matricule « 45 853 ».
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ». Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Henry Mary meurt à Auschwitz le 17 janvier 1943 d’après les registres du camp.
Il est déclaré « Mort pour la France », le 1er juillet 1947.
Le titre de « Déporté politique » lui a été attribué en 1954.
Il est homologué (GR 16 P 400596) au titre des Forces Française de l’Intérieur (FFI) comme appartenant à l’un des mouvements de Résistance .
Son nom est gravé sur le monument aux morts des déportés et fusillés de 1939-1945, place de la République à Clichy
- Note 1 : Une convention de concubinage de Marcelle, Emilienne Convert avec Henri Mary a été reconnue par acte du greffe le 15 février 1952 (Meaux). Elle est à ce titre titulaire de la carte de « Déporté politique » n°32.641
Sources
- Témoignage de René Petitjean.
- Fichier national de la Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC) Archives de Caen du ministère de la Défense.
- Archives municipales de Clichy (92).
-
Death Books from Auschwitz / Sterbebücher von Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Archives de la Préfecture de police de Paris. Renseignements généraux, Liste des militants communistes internés le 26 juin 1941.
- © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
- Le Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Claude Pennetier (dir), éditions de l’Atelier, CD-Rom édition
1997. Edition informatique 2017, notice Daniel Grason.
Notice biographique rédigée en novembre 2005 (complétée en 2016, 2019 et 2021) par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) à l’occasion de l’exposition organisée par l’association « Mémoire vive » et la municipalité de Gennevilliers. Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
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