André Delozien : né en 1911 à Lens (Pas-de-Calais) ; domicilié à Paris 6è ; pâtissier ; fait prisonnier ; arrêté le 24 juin 1941 ; arrêté comme otage le 28 avril 1942 ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 31 octobre 1942.
André Delozien est né le 15 février 1911 à Lens (Pas-de-Calais).
Il est domicilié au 54, rue de Seine à Paris 6è au moment de son arrestation.
Il est le fils de Cécile, Angèle, Joséphine, Marguerite Béhal, 25 ans, ménagère et d’Augustin, Joseph Delozien, 25 ans (né le 5 novembre 1885 , né à St Pol-sur-Ternoise), ouvrier mineur.
Il a deux sœurs (Cécile, et Renée, nées en 1909) et un frère cadet, Maurice Alexandre (né en 1912).
Leur père est « tué à l’ennemi » le 11 août 1915 à Asservilliers, sur le front de Somme. André Delozien et ses frères et sœurs sont adoptés par la Nation (jugement du 25 janvier 1921).
Il est appelé au service militaire en 1931, circonscription de Béthune.
Le 21 mai 1935, à Saint-Cyr-en-Pail (Mayenne), il épouse Lucienne Potier, née le 5 avril 1913, dans cette même ville.
André Delozien travaille comme pâtissier, à la maison Raimond, en 1936. A cette date, avec son épouse Lucienne et leur premier enfant Monique (née en 1935), ils habitent au 54, rue de Seine, dans le quartier de Saint-Germain des Prés. Une deuxième fille, Michèle, naît par la suite en 1940.
André Delozien est mobilisé à la déclaration de guerre de 1939. Caporal au 1er SIM (section d’infirmiers militaires), il est fait prisonnier au moment de l’attaque allemande et interné au Stalag III A (à Luckenwalde (Brandebourg, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Berlin).
Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…)
Rapatrié sanitaire à l’hôpital militaire parisien Begin, il est libéré le 7 mars 1941.
Le 6 mai suivant, il entre comme manœuvre à l’entrepôt militaire allemand de l’île Saint-Germain, à Issy-les-Moulineaux.
André Delozien est arrêté le 24 juin 1941 sur son lieu de travail pour avoir chanté l’Internationale (il convient néanmoins de noter que c’est à partir du 22 juin 1941, jour de l’attaque hitlérienne contre l’Union soviétique, que les Allemands arrêtent plus de mille communistes ou présumés tels avec l’aide de la police française (nom de code de l’opération : «Aktion Theoderich»). Il est relaxé le lendemain, mais est désormais dans les fichiers préfectoraux de suspects d’activités communistes.
Il est arrêté de nouveau le 28 avril 1942 par les autorités allemandes (peut-être pour « propos gaullistes » ou « propos anti-allemands », et sur dénonciation, selon la fiche volante des RG). Le 28 avril 1942, une rafle concernant tout le département de la Seine vise des militants du Parti communiste clandestin ou considérés comme tels.
Lire dans le site La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942).
Suivant cette politique des otages, les autorités d’occupation ordonnent l’exécution d’otages déjà internés et le 28 juin, arrêtent 387 militants (avec le concours de la police parisienne), dont la plupart avaient déjà été arrêtés une première fois par la police française pour « activité communiste » depuis l’interdiction du Parti communiste (le 26 septembre 1939) et libérés à l’expiration de leur peine. Les autres sont connus ou suspectés par les services de Police. Il s’agit de représailles ordonnées à la suite d’une série d’attentats à Paris (le 20 avril un soldat allemand de première classe est abattu au métro Molitor, deux soldats allemands dans un autobus parisien, le 22 avril un militaire allemand est blessé à Malakoff).
Lire le témoignage de Claude Souef : La rafle des communistes du 28 avril 1942 à Paris.
Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (le Frontstalag 122).
André Delozien est immédiatement interné au camp allemand à Compiègne (le Frontstalag 122) où il reçoit le matricule « 3960 ».
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, André Delozien est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
On ignore son numéro d’immatriculation à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 . Le numéro «45445 ?» ifigurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 correspondait à ma tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr en raison de l’existence des quatre listes alphabétiques successives que j’ai partiellement reconstituées, de la persistance de lacunes pour quatre noms, mais d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Il ne figure plus dans mon ouvrage Triangles rouges à Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté à cette date.

André Delozien meurt à Auschwitz le 31 octobre 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 219 et le site internet © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) où il est mentionné avec ses dates et lieux de naissance et de décès, et avec l’indication « Katolisch » (catholique).
Lire dans le site : 80 % des « 45 000 » meurent dans les six premiers mois
Sources
- Fichier national de la Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre 1992.
- Death Books from Auschwitz (registres des morts d’Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
- Archives en ligne du Pas-de- Calais, état civil de Lens (l’acte de naissance ne comporte ni mention marginale de son mariage, ni de son décès à Auschwitz).
- Archives en ligne de Mayenne.
- Recensement de 1936, rue de Seine.
Notice biographique par Claudine Cardon-Hamet, mise à jour avec Pierre Cardon en 2010, 2019, 2021 et 2025 à partir d’une notice succincte rédigée en janvier 2001 pour l’exposition organisée par l’association « Mémoire Vive » à la mairie du 20è arrondissement. Claudine Cardon-Hamet est docteur en Histoire, auteure des ouvrages : Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45 000 », éditions Autrement, Paris 2005 et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45 000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice. Pour la compléter ou y proposer des corrections, vous pouvez nous faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com