Dessin © Jérôme Beunier, in “Reims souviens-toi”, p. 35

Matricule « 45 705 » à Auschwitz

Louis Killian ; né en 1920 à Châlons-sur-Marne, où il habite au moment de son arrestation ; maçon ; arrêté en novembre 1941 ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 26 avril 1943.

Louis Killian est né le 24 novembre 1920 à Châlons-sur-Marne.

Il est domicilié au 60, rue du Faubourg Saint-Antoine à Saint-Memmie, faubourg de Châlons-sur-Marne, au moment de son arrestation en novembre 1941.
Il est le fils de Joséphine Gobert et de Joseph, Nicolas Killian, parqueteur, né en 1875 à Châlons-sur-Marne. Ses parents se sont mariés le 18 février 1905 à Châlons-sur-Marne. Il est issu d’une fratrie de treize enfants (dont Paul-Ponce, 1905, Jeanne, 1907, Pierre-Ponce, 1910, Robert, 1913, Fernand, 1915, Suzanne et Jean, 1918). En 1915, son père , mobilisé, est renvoyé dans ses foyers car il est déjà père de famille de 6 enfants). La famille habite au 9, rue des clercs à Châlons-sur-Marne.
Une de ses sœurs, madame Suzanne Chadenat, âgée de plus de 80 ans en 2002, dit de son frère « c’était un gamin tellement plein de vie, tellement fort« .
En 1936, seuls deux de ses frères (Fernand et Pierre, Ponce, tous deux manœuvres, habitent au 60, rue du Faubourg Saint-Antoine chez leur beau-frère, Marcel Bohal, et leur sœur Jeanne, son épouse
Louis Killian exerce la profession de maçon, il serait marié et père d’une fille.

Adolf Hitler à la cathédrale de Reims, le 26 juin 1940 (© journal L’Union).

En 1940, l’évacuation de Reims est décrétée par les autorités militaires françaises le 19 mai devant l’avancée allemande. Le 11 juin 1940 des éléments de la 45ème  division d’infanterie allemande entrent à Reims. Le 14 juin, la Wehrmacht défile à Paris, sur les Champs-Élysées. Le 22 juin, l’armistice est signé : la France est coupée en deux par la « ligne de démarcation » qui sépare la zone occupée de celle administrée par Vichy. Le 22 juin 1940, l’armistice est signé : la moitié nord de la France et toute la façade ouest sont occupées. Le pays est coupé en deux par la « ligne de démarcation » qui sépare la zone occupée et celle administrée par Vichy. Le 10 juillet 1940 Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

René Bousquet et Carl Oberg, Obergruppenführer, chef de la SS et de la Police pour la France

Dès septembre 1940, le Préfet René Bousquet fait établir par commune, des listes de “communistes notoires” et effectue des enquêtes dans les entreprises. Ainsi, en décembre 1940, 200 militants sont identifiés et photographiés dans une trentaine de communes du département.
Au lendemain de l’invasion de l’Union soviétique, il donne des instructions très précises pour la surveillance des « menées communistes ». En septembre 1941, avec l’institution de la « politique des otages », les autorités allemandes se font remettre les notices individuelles des communistes arrêtés et incarcérés par la police française.
Lire dans le site : Le rôle de René Bousquet dans la déportation des « 45000 » de la Marne.

Louis Killian est arrêté en novembre 1941 à 6 heures du matin, à la suite d’une dénonciation par lettre anonyme alors « qu’il n’exerçait aucune activité susceptible de justifier son arrestation » selon les services municipaux de Châlons, consultés en 1992.
Remis aux autorités allemandes à leur demande, celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne, le Frontstlag 122, en avril 1942, en vue de sa déportation comme otage.
Depuis le camp de Compiègne, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, voir les deux articles du site : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942)  et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Louis Killian est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Aushwitz-Birkenau.

Le 8 juillet 1942, il est immatriculé sous le numéro matricule « 45 705 ».
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.

Lire le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale« .
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Dessin de Franz Reisz, 1946

Louis Killian meurt à Auschwitz le 26 avril 1943 d’après le registre de la morgue relevé par la Résistance du camp.

La plaque municipale commémorative, installée sur sa maison d’habitation sur laquelle a été construit un centre commercial, serait détenue par un membre de sa famille.

Sources

  • Mairie de Châlons (2 avril 1992) citant l’ouvrage de l’Abbé Gillet « Châlons sous la botte » qui mentionne le nom de Louis Killian.
  • Listes – incomplètes – du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de la F.N.D.I.R.P).
  • Bureau de la Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen
  • Fichier national des déplacés de la Seconde guerre mondiale (archives des ACVG).
  • Liste – incomplète – par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
  • © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
  • Dessin © Jérôme Beunier, in « Reims souviens-toi« . Plaquette réalisée dans le cadre d’un PAE par 27 élèves des classes de troisièmes B et C (année scolaire 1984-1985) du Collège Saint Rémi de Reims.

Notice biographique (mise à jour en 2010, 2018 et 2023) réalisée à l’occasion de la conférence donnée au CRDP de Reims sous l’égide de l’AFMD de la Marne le 4 décembre 2002, par Claudine Cardon-Hamet en 2002, docteur en Histoire, auteur des ouvrages :Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 et deTriangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, Paris 2005. Prière de mentionner les références (auteur et coordonnées du site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com 

3 Commentaires

    1. Bonjour. Nous sommes heureux d’avoir pu retracer un peu de son parcours. Auriez-vous par hasard des documents familiaux et surtout une photo que nous serions heureux de publier pour lui rendre un meilleur hommage ?
      Cordialement, Claudine et Pierre Cardon

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *