Michel Bertaux : né en 1923 à Caen (Calvados), où il habite ; mécanicien ; communiste ; arrêté le 1er mai 1942 comme otage communiste ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz ; décédé à Auschwitz-Birkenau le 19 septembre 1942. 

Michel Bertaux est né le 10 décembre 1923 à Caen (Calvados), où il habite au 29, rue Louis Savare au moment de son arrestation.
Il est le fils d’Yvonne, Marie, Joséphine Lafosse, née en 1900 à Caen, et d’Edouard, Henri Bertaux, né le 21 décembre 1899 à Sains-du-Nord (Nord), employé des Chemins de fer de l’Etat.
Ses parents se sont mariés à Caen le 17 juin 1921. Elle est couturière et lui mécanicien. Elle habite route d’Harcourt et lui au 59, rue Albert premier à Caen.
Michel Bertaux a un frère aîné, Gilbert, Edouard, Gaston, né à Caen le 21 février 1922.
La famille habite d’abord au 59, rue Albert premier à Caen.
En 1935, leurs parents ont inscrit Gilbert et Michel aux cours de préapprentissage de l’Institut Lemonnier (dépendant de l’Union syndicale des Syndicats chrétiens). Les deux frères y sont d’excellents élèves.
En 1936 toute la famille habite au 29, rue Louis Savare à Caen.  

En mai 1936, Michel obtient le prix d’excellence section mécanique – deuxième année, et Gilbert le 1er prix section mécanique – troisième année.

En 1937, ils auraient déménagé au 25, rue Louis Savare (coupure de presse de Ouest-Eclair de février 1937 mentionnant la plainte déposée par son père pour vol de vélo à Vaucelles).
Michel Bertaux est célibataire et travaille comme manœuvre à Carpiquet (banlieue de Caen) au moment de son arrestation. Son père est « brigadier-manœuvre » à la SNCF en 1942.
Michel Bertaux est membre des Jeunesses communistes.

Le 14 juin 1940, l’armée allemande d’occupation entre dans Paris, vidé des deux tiers de sa population. La ville cesse alors d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 18 juin 1940, les troupes allemandes arrivant de Falaise occupent la ville de Caen, et toute la Basse Normandie le 19 juin. En août huit divisions d’infanterie allemande – qu’il faut
nourrir et loger – cantonnent dans la région. L’heure allemande remplace l’heure française.
Dès le début de l’Occupation allemande, la police de Vichy a continué de surveiller les anciens élus ou militants communistes « notoires », et procède à des perquisitions et des arrestations. Vichy entend ainsi faire pression sur les militants communistes connus ou anciens élus pour faire cesser la propagande communiste clandestine.

Jeune militant communiste connu, Michel Bertaux est arrêté avec son père dans la nuit du 1er au 2 mai 1942. Son père est libéré le 4 mai.
Ils figurent sur la liste de 120 otages « communistes et Juifs » établie par les autorités allemandes.

Liste des communistes arrêtés par la police française sur réquisition allemande

Leur arrestation a lieu en représailles au déraillement de deux trains de permissionnaires allemands à Moult-Argences (38 morts et 41 blessés parmi les permissionnaires de la Marine allemande à la suite des sabotages par la Résistance, les 16 et 30 avril 1942, de la voie ferrée Maastricht-Cherbourg où circulaient deux trains militaires allemands.
Des dizaines d’arrestations sont effectuées à la demande des occupants. 24 otages sont fusillés le 30 avril.
Lire dans le site : Le double déraillement de Moult-Argences et les otages du Calvados (avril-mai 1942) et la note du Préfet de Police de Paris à propos du sabotage de Moult-Argences : Collaboration de la Police français (note du Préfet de police, François Bard).

Le « petit Lycée » de Caen

Ils sont emmenés de nuit à la Maison centrale de la Maladrerie de Caen, entassé avec d’autres militants arrêtés le même soir, au sous-sol dans des cellules exiguës. A la demande des autorités allemandes (la Feldkommandantur 723), Michel Bertaux et ses codétenus sont conduits en autocars le 3 mai au «Petit lycée» de Caen occupé par la police allemande, où sont regroupés les otages du Calvados. On leur annonce qu’ils seront fusillés. Par la suite, un sous-officier allemand apprend aux détenus qu’ils ne seront pas fusillés, mais déportés.  Après interrogatoire, ils sont transportés le 4 mai 1942 en cars et camions à la gare de marchandises de Caen. Le train démarre vers 22 h 30 pour le camp allemand de Royallieu à Compiègne le Frontstalag 122 (témoignage d’André

Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, Michel Berteaux va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Michel Bertaux est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Dessin de Franz Reisz, 1946

Son numéro d’immatriculation à Auschwitz n’est pas connu. Le numéro « 45235 ? » figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 (éditions de 1997 et 2000) et signalé comme incertain correspond à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules, qui n’a pu aboutir en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Il est donc hasardeux de maintenir ce numéro en l’absence de nouvelles preuves.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Michel Bertaux meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942 d’après les registres du camp.
Il a été homologué « Déporté politique » et il a été déclaré « Mort pour la France ».

Une plaque commémorative a été apposée le 26 août 1987 à la demande de  David Badache et André Montagne, deux des huit rescapés calvadosiens du convoi. Le nom de Michel Bertaux est inscrit sur la stèle à la mémoire des caennais et calvadosiens arrêtés en mai 1942. Située esplanade Louvel, elle a été apposée à l’initiative de l’association « Mémoire Vive », de la municipalité de Caen et de l’atelier patrimoine du collège d’Evrecy. Elle est honorée chaque année.

Sources

  • Fiche FNDIRP établie par sa mère. N° 21350.
  • Liste V (N°31850)
  • Liste S (N° 28)
  • Death Books from Auschwitz / Sterbebücher von Auschwitz / livre des morts), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Fichier national du Bureau de la division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen. octobre 1993.
  • Recherches généalogiques (état civil, recensement, registre matricule militaire, articles de presse) effectuées par Pierre Cardon

Notice biographique rédigée en janvier 2001, complétée en 2017 et 2020, par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) à l’occasion de l’exposition organisée par des enseignants et élèves du collège Paul Verlaine d’Evrecy, le lycée Malherbe de Caen et l’association « Mémoire Vive ». Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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