Elu municipal à Metz

Matricule « 46 287 » à Auschwitz

Roger Kinsbourg : né en 1890 à Remiremont (Vosges) ; domicilié à Chenôve (Côte d'Or) ; agent d’assurance ; ancien conseiller municipal de Metz ; arrêté le 27 juin 1941 ; interné à Compiègne ; déporté comme otage juif le 6 juillet 1942 à Auschwitz le 27 juillet 1942.

Roger Kinsbourg est né le 22 août 1890 au 24, place de l’Eglise à Remiremont (Vosges). Il habite à Chenôve (Côte d’Or) 7, rue Charles Poisot au moment de son arrestation.  Il est le fils d’Aline Weil, 24 ans et d’Anatole, David Kinsbourg, 32 ans, son époux. Son père né en 1858, est docteur en médecine et ancien conseiller municipal de Metz. Il a une sœur cadette :  Madeleine, Rosalie, Carmen, Suzanne (1893-1901) .
Roger Kinsbourg est agent général d’assurances.
Son registre matricule militaire indique qu’il habite Paris 9ème au moment du conseil de révision et qu’il y travaille comme commis d’exportation.  Il mesure 1m 66, a les cheveux noirs et les yeux bleus clairs, le front et le nez moyens, et le visage long. Il a un niveau d’instruction « n°5 » pour l’armée (il est bachelier et licencié es lettres).
Conscrit de la classe 1910, Roger Kinsbourg est appelé au service militaire le 1er octobre 1911. Il est affecté au 149ème régiment d’infanterie où il arrive le 10 du mois. Il passe au 170ème régiment d’infanterie le 15 avril 1913. Il « passe dans la disponibilité » le 8 novembre 1913.
Lorsqu’est décrétée la mobilisation générale du 1er août 1914, il est mobilisé jusqu’à la fin de la guerre. Il fait partie des trois classes d’appelés qui resteront le plus longtemps sous les drapeaux (5 ans et 9 mois).
Roger Kinsbourg arrive au 170ème régiment d’infanterie le 2 août 1914 qui monte au front. Il est blessé par un éclat d’obus le 27 avril 1916 à Verdun-Douaumont. Evacué et hospitalisé, il ne reviendra au dépôt du régiment que le 15 juin 1916. Il passe au 8ème escadron du Train le 16 octobre 1916 et il est « affecté TM 582 » (affecté au Transport de Matériel, unité 582, en général composée d’une vingtaine de soldats, 4 sous-officiers et un officier) aux armées. il est par la suite affecté au QG de la 18ème Division d’infanterie. Entre le 14 janvier 1917 et le 13 janvier 1918,  il passe successivement à la section auto du « TM 420 » rattaché au 8ème escadron du Train, puis « TP 560 », au « TM 566, au « TM 868 ». Il a aussi été affecté au groupe d’Artillerie à grande portée (ALGP) n° 60. Roger Kinsbourg est démobilisé le 19 janvier 1919.
Il épouse Hélène Levy (1), 23 ans, le 24 juin 1920 à Strasbourg (Haut-Rhin). Elle est née le 9 novembre 1897 à Strasbourg (Bas-Rhin).
Le couple a une fille, Huguette, qui naît le 14 février 1925 (épouse de Jean-Pierre Vireton, elle est décédée en 2005).

Le Lorrain, 2 mai 1929

Au deuxième tour des élections municipales de 1929, Roger Kinsbourg est élu conseiller municipal de Metz (Moselle) sur la liste d’Entente municipale de Paul Vautrin, maire sortant (actionnaire du journal Le Lorrain, avec De Wendel. Il sera proche des ligues patriotiques et du Bloc Lorrain… et très anticommuniste).
Comme conseiller municipal, il fait partie des personnalités citées régulièrement dans la presse, lors de l’élection des « Reines du commerce messin » dont il est président du jury (Le Lorrain 3/02/1931), ou lors de l’inauguration par le président Albert Lebrun du Canal des Mines de Fer de Moselle, le 14 août 1932.
On trouve trace au Journal officiel du 27 mai 1932, d’une médaille de bronze « pour services rendus aux œuvres de prévoyance« . Cette même année, il fait une causerie à l’entracte d’un concert de la musique du 146è RI, intitulée « Metz et le sport hippique » (concert et causerie radiodiffusés par la TSF de Strasbourg (in L’Echo d’Alger du 30 juin 1932).

Le Lorrain du 12/06/1929. Roger Kinsbourg « conseiller municipal »

Il aurait été adjoint au maire de Metz selon Gabriel Lejard : si nous n’avons pu vérifier formellement cette information dans les archives municipales (de nombreux documents ayant été perdus pendant la guerre selon les AD 57), nous avons la preuve qu’il n’est pas adjoint au maire au lendemain de l’élection de 1929 (document ci-contre).
En consultant de nombreuses coupures de presse, nous savons que les adjoints au maire ont nom, Hocquard, Royer, Samuel, Hennequin et Veydet. Nous avons pu noter que dans les comptes-rendus de presse où son nom est souvent cité entre 1929 et 1935, c’est toujours avec sa qualité de « conseiller municipal » (comme dans le dernier, en janvier 1935, où il préside un mariage civil d’enfants de personnalités messines).
Par ailleurs, à l’occasion du décès de son père en 1937, le journal « Le Lorrain »présentera ses condoléances à M. Roger Kinsbourg « agent général d’assurances, ancien conseiller municipal de Metz » (Le Lorrain 0/01/1937) : il n’aurait certainement pas manqué d’écrire « ancien adjoint au maire » s’il l’avait été. Cet avis et le terme d’ancien conseiller municipal nous indique également qu’il n’est pas élu en 1935. Comme la liste de Paul Vautrin est réélue dès le premier tour, il n’y figurait donc pas, de sa propre volonté ou de celle du maire sortant.

Son mariage d’avec Hélène Lévy est dissous par arrêt de divorce rendu le 10/2/1931 par la Cour d’Appel de Colmar.
Le 8 février 1933, il épouse en secondes noces Alice, Gertrude, Louise Weiss, à Spada (Meuse). Elle est née le 3 septembre 1898 à Pagny-sur-Moselle (Meurthe-et-Moselle), décédée le 10 février 1999 à Thiaucourt-Regniéville (Meurthe-et-Moselle) à l’âge de 100 ans.
Roger Kinsbourg, très marqué par la guerre et très patriote, est élu à l’unanimité vice-président du « Souvenir Français » de Moselle en avril 1935, au cours d’une assemblée générale présidée par le général Hirshauer, au cours de laquelle sont fustigés l’antimilitarisme et exaltée l’amitié franco-italienne de la dernière guerre… En présence du Consul d’Italie des toasts sont portés en l’honneur du Roi et du Duce.
Son père décède le 4 janvier 1937 à Remiremont. L’enterrement du Docteur Kinsbourg a lieu en présence d’une nombreuse assistance et de personnalités officielles.
En 1938, le couple Kinsbourg a quitté la Moselle et habite au 7, rue Charles Poisot à Chenôve (Côte d’Or).
En octobre 1938, Roger Kinsbourg effectue une période militaire d’une dizaine de jours au 66ème bataillon régional. Il est classé « sans affectation militaire » en mars 1939. On sait que les classes 1909, 1910 et 1911 ont été appelées lors de la mobilisation générale, mais ont été libérées très tôt. Son registre matricule militaire n’en fait toutefois pas état, mais par contre, il y est inscrit qu’il est « dégagé de toute obligation militaire » le 25 juin 1940.

Sueddeutsche Zeitung Photo 1940

Le 14 juin 1940, l’armée allemande d’occupation entre dans Paris. La ville cesse alors d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 17 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Dijon et s’y installent. Interdictions, réquisitions, couvre-feu, l’armée allemande contrôle la ville. Dijon est durement touchée par la politique antisémite et les arrestations orchestrées par les troupes allemandes et l’administration de Vichy. L’armistice est signé le 22 juin. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ».

Le 3 octobre 1940, les Juifs de nationalité française perdent – par le décret du gouvernement de Vichy – leur statut de citoyens à part entière (obtenu le 21 septembre 1791). En effet à la suite de la première ordonnance allemande prescrivant le recensement des Juifs en zone occupée, un fichier des Juifs est établi dans chaque préfecture et un premier « Statut des Juifs » est édicté le 3 octobre 1940 par gouvernement de Vichy. Il est beaucoup plus draconien que l’ordonnance allemande (pour les Allemands, le Juif est défini par son appartenance à une religion, pour Vichy par son appartenance à une race). Les Juifs de nationalité française perdent, par ce décret du gouvernement de Vichy, leur statut de citoyens à part entière : à partir du 3 octobre 1940, la police française fait appliquer les ordonnances allemandes concernant l’obligation pour les Juifs de zone occupée d’avoir une carte d’identité portant la mention « Juif » : ils doivent se faire recenser dans les commissariats proches de leur domicile. Dans certains départements les préfets ont transmis à la commission nationale de révision des naturalisations des listes d’étrangers naturalisés (et parmi eux de nombreux Juifs). Cela n’a pas été le cas dans le Calvados pour les Juifs déportés le 6 juillet 1942. Seul Jacques Grynberg est dénaturalisé en mai 1944, mais directement au plan national, la commission n’ayant pas connu son parcours depuis le Bas-Rhin à Paris puis à Caen.

Roger Kinsbourg est arrêté le 27 juin 1941 par la Gestapo  date mentionnée dans un courrier du préfet de région au cabinet de Pétain (cf note 2). Le 3 juillet, son nom et son adresse figurent sur une liste de militants communistes arrêtés « à ce jour », établie par la 11ème brigade régionale de Police judiciaire et adressée au Préfet .
Pour Gaby Lejard, qui pensait que cette arrestation avait eu lieu le 21 ou 22 juillet (qui est la date de sa propre arrestation au cours de l’opération « Aktion Théoderich« (3), Roger Kinsbourg avait trouvé des tracts communistes dans sa boite à lettre « comme il était un peu rigolard, il les montrait à tout le monde, ce qui est sans doute la cause de son arrestation« . Il semble en effet avoir été victime d’une dénonciation anonyme.

le Préfet de Région de Dijon répond à une sollicitation du directeur de cabinet du Maréchal Pétain concernant l’arrestation de Roger Kinsbourg

Cette dénonciation anonyme est rapportée par le Préfet de Région de Dijon, qui répond à une demande du directeur de cabinet du Maréchal Pétain, sollicité par la mère de Roger Roger Kinsbourg, qui a très certainement évoqué le passé de « Poilu » blessé à Verdun en 1916, et président du « souvenir Français à Metz.

« Dijon, le 3 septembre 1941.
Le Préfet régional à monsieur le directeur du cabinet civil de monsieur le maréchal Pétain.
Déférant au désir de M. le maréchal Pétain, chef de l’Etat, j’ai l’honneur de vous faire connaître que monsieur Roger Kinsbourg, ancien conseiller municipal de Metz, propriétaire à Chenôve, a été arrêté par les autorités d’occupation le 27 juin 1941, à la suite d’une dénonciation, dont il n’a pas été possible de connaître l’origine. Monsieur Roger Kinsbourg, qui n’avait jamais fait l’objet d’une enquête de police dans le département, a été dénoncé comme communiste et israélite. La Gestapo ayant perquisitionné à son domicile, trouva un sabre et deux tracts communistes qui avaient été adressés à M. Kinsbourg et que celui-ci remit spontanément à la Gestapo, alors qu’il se proposait à les remettre aux autorités de police française, comme à l‘accoutumée.
L’intéressé est actuellement interné au Frontstalag de Compiègne, où d’après les dernières nouvelles que j’ai reçues de lui par des militants syndicalistes, arrêtés en même temps que lui et libérés depuis, il se trouverait avec un moral très bas.
Depuis l’internement de monsieur Kinsbourg, j’avais prescrit une enquête le concernant, afin d’intervenir auprès du Haut commandement allemand en France, par le canal de la Feldgendarmerie locale, en vue d’obtenir si possible sa libération. Je ne manquerai pas de vous tenir informé de mes démarches. Le Préfet.

Roger Kinsbourg est interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne, le Frontstalag 122, « dans le camp des prisonniers politiques » (Gabriel Lejard), qui cite la date du 5 juillet 1941, qui est la même que celle de son propre internement.
Selon Gaby Lejard, « le Sous-préfet venait le voir toutes les semaines, lui apportait des colis : il était pistonné« .

De nombreuses interventions ont en effet lieu en faveur de sa libération, mais n’aboutirent pas (le Maire de Chenôve, le directeur de cabinet du Maréchal Pétain sollicité par la mère de Roger Roger Kinsbourg, l’ambassadeur de France De Brinon, délégué général du gouvernement Français dans les territoires occupés).
Le commissaire de police écrit « Mr le Feldkommandant, ayant été informé de ce que R. Kinsbourg se livrait à une activité communiste assez intense, fit effectuer une perquisition au cours de laquelle il fut découvert plusieurs tracts communistes qui motivèrent son arrestation immédiate et son internement à Compiègne».

Comme le nom de Roger Kinsbourg figurait bien sur la liste des Juifs du convoi du 6 juillet 1942, cela signifie que c’est bien comme otage Juif qu’il est déporté à Auschwitz et non comme communiste.

Lire l’article : Les déportés juifs du convoi du 6 juillet 1942 

Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages». 

Depuis le camp de Compiègne, Roger Kinsbourg est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante trois « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro matricule « 46 287 ».

Dessin de Franz Reisz, 1946

Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi les 522 que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Gaby Lejard témoigne de la mort de Roger Kinsbourg (enquête de police du 30 juin 1948)

« A l’arrivée à Auschwitz, c’est lui qui est le plus battu ! Et pourtant on a reçu une sacrée volée. On a payé cher« . « Il avait du sang partout » raconte Gabriel Lejard (cassette Audio, Claudine Cardon-Hamet).
Gabriel Lejard a témoigné officiellement a deux reprises en 1946 et 1948 lors d’une enquête sur la déportation et la mort de Roger Kinsbourg, diligentée par le ministère des Anciens combattants et recueillie par le commissaire René Horiot du 3ème arrondissement de Dijon :
« ayant contracté la dysenterie, il était dans l’obligation de se rendre au travail et son état ne faisait que s’aggraver. ; je l’ai vu la dernière fois aux environs du 25 juillet de la même année. Il était dans un état lamentable et m’a indiqué : « je suis perdu. Je vais entrer à l’hôpital , mais je n’en sortirai pas et si tu as la chance de rentrer, tu expliqueras à ma femme comment je suis mort ». Effectivement deux ou trois jours après, nous avons appris qu’il était décédé à l’hôpital sans avoir été soigné. son corps a été incinéré« .
En 1987, peu de temps avant sa mort, Gaby Lejard me disait à peu près la même chose concernant la mort de Roger Kinsbourg « Il m’a dit, Gaby, je suis foutu, si tu rentres, tu diras comment ils m’ont arrangé » (cassette Audio, Claudine Cardon-Hamet).

Roger Kinsbourg meurt à Auschwitz le 27 juillet 1942 d’après les registres du camp.
Le titre de « Déporté politique » lui a été attribué en 1954.
Son nom est inscrit sur le Mur des Noms au Mémorial de la Shoah à Paris (dalle n° 56, colonne n° 19, rangée n° 2), ainsi que sur la plaque commémorative sise au 5, rue de la Synagogue à Dijon.
Il est également honoré sur le monument aux morts de Chenôve.

  • Note 1Après leur divorce, elle épousera Joseph Gourneau. Elle est décédée le 21 septembre 1989 à Neuilly-sur-Seine, à l’âge de 91 ans. 
  • Note 2 : La date du 2 juillet 1941 figure dans son dossier au DAVCC à Caen. Mais elle reprend la date communiquée par son épouse, ce qui n’est pas une source nécessairement sure.. Nous retenons donc la date du 27 juin car elle est mentionnée par le Préfet de Région dans son courrier au cabinet du maréchal Pétain.
    Pour Gabriel Lejard, c’était le 21 ou 22 juin 1941, qui est la date de sa propre arrestation. Nous avions trouvé encore une autre date (le 2 août 1941) au Val de Fontenay avant le transfert des archives de la déportation à Caen, mais dans la mesure où son nom et son adresse figurent sur une liste de militants communistes arrêtés à ce jour, établie le 3 juillet 1941 par la 11ème brigade régionale de Police judiciaire à destination du préfet, elle est manifestement erronée.
  • Note 3 : Il s’agit de la grande rafle commencée le 22 juin, jour de l’attaque hitlérienne contre l’Union soviétique, sous le nom «d’Aktion Theoderich». Ce jour là, plus de 1000 communistes sont arrêtés en région parisienne et dans les départements de la zone occupée avec l’aide de la police française. D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy, ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré par la Wehrmacht et qui ce jour là devient un camp de détention des “ennemis actifs du Reich”.

    Sources
  • Témoignages de Gabriel Lejard enregistrés en juillet 1984 (cassette audio par Claudine Cardon-Hamet) et lettres manuscrites, articles de presse.
  • Livre des déportés ayant reçu des médicaments à l’infirmerie de Birkenau, kommando d’Auschwitz (n° d’ordre, date, matricule, chambre, nom, nature du médicament) du 1.11.1942 au 150.7.1943. Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Archives de Caen du ministère de la Défense).
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Fichier national de la Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen.
  • © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
  • Archives en ligne des Vosges.
  • Kinsbourg Genealogy and Kinsbourg Family History Information @ Geni
  • © Registres matricules militaires des Vosges et coupures de presse. Recherches de Pierre Cardon.
  • © Memorial Genweb
  • Mails de Monsieur Dimitri Vouzelle (31/12/2023 et 2/1/2024) concernant les dates d’arrestation, que je remercie vivement pour ses informations et la communication de 3 documents des Archives départementales de Côte d’Or..

Notice biographique rédigée en février 1998, complété en 2015, 2016, 2021 et 2024 par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique. Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

2 Commentaires

  1. Bonjour
    J’ai trouvé d’autres dates concernant l’arrestation de Roger Kinsbourg. Gabriel Lejard lors d’une audition faite pendant l’enquête sur la mort de Kinsbourg donne la date du 21 ou 22 juin 1941. Il dit avoir été transféré à Royallieu avec Kinsbourg le 5 juillet 1941.
    Dans son dossier à la DAVCC à Caen, il est mentionné la date du 2 juillet 1941 en ce qui concerne son arrestation; date donnée par son épouse.
    Bien à vous
    Dimitri Vouzelle

    1. Je vous remercie vivement pour vos informations. Je viens de vérifier dans notre dossier concernant Roger Kinsbourg. Il y a effectivement plusieurs dates différentes. Celle du 2 août figurait sur sa fiche papier au Val de Fontenay avant le transfert des archives au DAVCC de Caen, et c’est celle que j’avais initialement retenue. Mais elle ne peut être conservée dans la mesure où le nom de Roger Kinsbourg et son adresse figurent bien sur une liste de militants communistes arrêtés le 2 juillet par la police de sureté. J’ai donc refait le paragraphe, avec une note explicative.
      Par ailleurs, concernant les dates des 21 ou 22 juin communiquées par Gaby Lejard, elles sont identiques à celles qu’il a communiquées également pour Paul Charton. Elles correspondent à la grande vague d’arrestations au cours de laquelle 1000 communistes sont arrêtés en zône occupée au lendemain de l’attaque de l’URSS par la Wehrmacht. Il n’y a d’ailleurs rien d’étonnant à ce que Gaby ait confondu ces dates à son retour des camps. Presque tous les rescapés, même les plus fiables, ont fait ce genre d’erreurs, après toutes ces années passées dans les camps français et allemands.

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