Alfred Joly le 8 juillet 1942 à Auschwitz

Matricule « 45 689 » à Auschwitz

Alfred Joly : né en 1912 à Calonne-Ricouart (Pas-de-Calais) ; domicilié à Précigné (Sarthe) ; boulanger ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 10 septembre 1942.

Alfred, Albert Joly, est né le 31 janvier 1912 à Calonne-Ricouart (Pas-de-Calais). Il habite au hameau de la Chauvinière à l’orée de la forêt de Bercé, sur la commune de Précigné (Sarthe), au moment de son arrestation.
Il est le fils d’Eugénie – Elise Joly (1896-1952), seize ans, ménagère, née le 10 avril 1896 à Gosnay (Pas-de-Calais). Le 17 juin 1913, à Calonne-Ricouart, sa mère épouse Auguste, Joseph Cordonnier, 34 ans.
Alfred Joly est boulanger.
En 1936, il habite au 16, place de Morny à Deauville (Calvados).
Le 13 janvier 1936 il épouse France, Eugénie, Alice Canivet à Deauville (Calvados). Sans profession, elle est domiciliée à la même adresse. Elle est née à Caen (Calvados) le 7 octobre 1914. Le couple a trois enfants.

Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 18 juin 1940, l’armée allemande entre au Mans.  Le 10 juillet 1940 Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

On ignore sa date d’arrestation, mais on sait qu’Alfred Joly est remis aux autorités allemandes à leur demande, et que celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122).
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz.
Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Alfred Joly est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro « 45.689 ».
Sa photo d’immatriculation (1) à Auschwitz a été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Alfred Joly meurt à Auschwitz le 10 septembre 1942 d’après son certificat de décès établi au camp pour le registre d’état civil de la municipalité d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 517). Ce que confirme le témoignage d’Eugène Garnier qui pensait qu’il est décédé au début septembre. L’arrêté paru au J.O. du du 9 août 1994 porte apposition de la mention « Mort en déportation » sur son acte de décès, et la date «décédé le 10 septembre 1942 à Auschwitz». Lire dans le site Les dates de décès à Auschwitz.

Plaque au cimetière de Précigné

Il a été déclaré « Mort pour la France« .

  • Note 1 : 522 photos d’immatriculation des « 45.000 » à Auschwitz ont été retrouvées parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation du camp d’Auschwitz. A la Libération elles ont été conservées dans les archives du musée d’Etat d’Auschwitz. Des tirages de ces photos ont été remis par Kazimierz Smolen (ancien détenu dans les bureaux du camp d’Auschwitz, puis devenu après guerre directeur du Musée d’Etat d’AuschwitzBirkenau) à André Montagne, alors vice-président de l’Amicale d’Auschwitz, qui me les a confiés.

Sources

  • Certificat d’Eugène Garnier (mars 1946) concernant la mort d’Alfred Joly.
  • Mairie de Calonne-Ricouard (1992), extrait de naissance avec mention marginale, enregistré le 28 septembre 1946.
  • Mairie de Précigné (février 1991).
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).Listes – incomplètes – du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de la F.N.D.I.R.P).
  • Division des archives des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen, dossier individuel consulté au Val-de-Fontenay en novembre 1993.
  • Plaque 1939-1945, Licence CC-BY-NC-SA 2.0 creative Commons

Notice biographique rédigée par Claudine Cardon-Hamet en avril 2006, réinstallée en 2014, complétée en 2018 et  2021 ; Docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 », Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000. Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice.
Pour la compléter ou corriger, vous pouvez me faire un courriel à 
deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

4 Commentaires

  1. Je suis tombée par hazard sur cet article et je suis terriblement émue : Alfred JOLY était mon grand-père qu'il m'a donc été impossible de connaître… Merci pour lui, merci pour ma mère, sa fille…
    Catherine

    1. Bonjour je suis une des arrières petites filles de Alfred Joly . Connaissez vous une de vos cousines qui s’appellerait Valérie car si c’est le cas vous êtes donc une sorte de cousine pour moi .

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