Matricule « 46 286 » à Auschwitz
Aron Katz : né en 1910 à Ankara (Turquie) ; domicilié officiellement à Jérusalem (en Palestine sous mandat britannique) ; rabbin ; arrêté le 6 mars 1941 comme suspect d’activités communistes ; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 31 juillet 1942.
Aron Katz est né le 14 juillet 1910 à Ankara (Turquie). Il est le fils de Tobias Katz et de Rachel, née Kohn.
Sa fiche au fichier national de la Division des archives des victimes des conflits contemporains à Caen mentionne sa déportation dans le «convoi de Compiègne du 6 /7/42».
Selon les renseignements qui m’ont été communiqués par le Musée d’Auschwitz en 1993 à partir de son certificat de décès, on sait seulement qu’il est rabbin, célibataire et que son dernier domicile officiel avant sa déportation est le 17, rue Mea Schearin, à Jérusalem, Palestine (il s’agit de la Palestine sous mandat britannique 1919-1948).
Le 14 juin, les troupes allemandes défilent à Paris, sur les Champs-Élysées. Le 22 juin, l’armistice est signé : la France est coupée en deux par la « ligne de démarcation » qui sépare la zone occupée de celle administrée par Vichy. Le 10 juillet 1940 Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Le 6 mars 1941, les services de police français effectuent une perquisition au domicile d’un suspect d’activités communistes portant le nom de Katz Aron. Après son arrestation, celui-ci donne comme adresse Jérusalem.
Aron Katz est interné au camp Juif du camp de Compiègne à une date inconnue.
Lire l’article : Les déportés juifs du convoi du 6 juillet 1942
Aron Katz est déporté depuis le camp de Compiègne à Auschwitz par le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 ».
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro « 46 286 ». Sa photo d’immatriculation à Auschwitz – comme celles des autres otages juifs du convoi – n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres – dont tous les otages juifs du convoi – restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aron Katz meurt à Auschwitz le 31 juillet 1942 d’après son certificat de décès établi au camp pour le registre d’état civil de la municipalité d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 554).
Le nom d’Aron Katz figure au Mémorial de la Shoah de Paris «Déporté(e) à Auschwitz par le convoi n° 83 en 1942».
J’ai en effet transmis à Serge Klarsfeld le nom de ce déporté Juif du convoi du 6 juillet 1942 : comme Serge Klarsfeld a utilisé la classification allemande des convois de Juifs, il n’a donc pu reprendre le numéro 6 déjà attribué (le convoi des « 45 000 » est pourtant le sixième convoi de déportation parti de France) et lui a attribué à l’époque celui de «convoi N° 83». Il a depuis été renommé « convoi 451 ».
Son nom est inscrit sur le Mur des noms, Dalle n°54, colonne 18, rangée n°3.
Sources
- Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Fichier national du Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen.
Notice Biographique rédigée en septembre 2010, complété en 2022 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice.
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