Roland Soyer © Michel Winkel DR
Roland Soyer : né en 1911 à Fouilloy (Oise) ; domicilié à Abancourt (Oise) ; cheminot ; communiste ; arrêté le 21 octobre 1941 ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt 

Roland Soyer est né le 7 février 1911 à Fouilloy, canton de Formerie (Oise).  Il habite Abancourt (même  canton), au moment de son arrestation.
Il est le fils de Marie, Marguerite, Angela Daverton, 26 ans, née le 17 février 1885, couturière et d’Henri Soyer, 33 ans, originaire de Seine-Inférieure/Seine-Maritime, employé à la Compagnie des chemins de fer du Nord, son époux.
Roland Soyer est orphelin de mère très tôt (sa mère décède une semaine après sa naissance, le 15 février). Au recensement de 1911, son père est seul avec quatre enfants : Roland et ses trois sœurs, Liliane, Cécile et Madeleine. Roland est élevé avec sa sœur Cécile par Angela Daverton, leur grand-mère.
Roland Soyer travaille d’abord comme aide-fromager à Fouilloy. En 1926, il perd son travail à la succursale des Fermiers réunis. Il quitte Fouilloy en 1931. Il est embauché comme homme d’équipe en gare d’Abancourt,à la compagnie des Chemins de Fer du Nord le 5 janvier 1937, qui deviendra la SNCF en 1938.

Roland et Emilia Soyer © Michel Winkel DR

Il se marie le 8 mai 1935 avec Emilia Hamon ou Haunoi. Le couple aura quatre enfants (les deux premiers garçons sont morts très jeunes, puis  Rolande et Pierre).En 1936, le couple habite à Rouez-en-Champagne (n° 33 Le bourg) dans la Sarthe.
Puis la famille Soyer est venue habiter Abancourt (canton de Formerie dans l’Oise), domicile au moment de son arrestation.
Il est connu comme militant communiste ce qui lui vaut d’être fiché par la gendarmerie française.

Juin 1940 : Compiègne occupée après les bombardements.

Le 14 juin, les troupes allemandes défilent à Paris, sur les Champs-Élysées.  Le 22 juin, l’armistice est signé : la France est coupée en deux par la « ligne de démarcation » qui sépare la zone occupée de celle administrée par Vichy. Le 10 juillet 1940 Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
« Dès le début juin 1940, l’Oise est envahie par les troupes de la Wehrmacht.Nombre de villes et villages sont incendiés ou dévastés par les bombardements. Département riche en ressources agricoles, industrielles et humaines l’Oise va être pillé par les troupes d’Occupation. Ce sont les Allemands qui disposent du pouvoir réel et les autorités administratives françaises seront jusqu’à la Libération au service de l’occupant » (Françoise Leclère-Rosenzweig, « L’Oise allemande »).

Roland Soyer continue ses activités politiques pendant l’Occupation. «A été puni le 18/09/1941 par un avertissement avec retard d’avancement de 4 mois pour avoir dessiné les attributs soviétiques sur une boîte de sémaphore » (dossier SNCF).

Il est arrêté le 21 octobre 1941 pour propagande communiste et remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu, le Frontstalag 122,  à Compiègne où il est enregistré sous le n° « 1837 ».
Depuis ce camp, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Roland Soyer est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Son numéro d’immatriculation à Auschwitz n’est pas connu. Le numéro «46114» figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 (éditions de 1997 et 2000) et signalé comme incertain, correspond à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Cette reconstitution n’a pu aboutir complètement en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la persistance de lacunes pour une dizaine de noms et d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi). Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Aucun document des archives SS préservées de la destruction ne permet de connaître la date de son décès à Auschwitz. 

L’arrêté du 27 septembre 2003 paru au J.O. portant apposition de la mention «Mort en déportation» sur son acte de décès, reprend la mention «décédé le 15 octobre à Auschwitz», qui est celle portée sur son acte de décès le 24 octobre 1946.
Une plaque SNCF en gare d’Abancourt honore son nom et celui de trois autres de ses camarades.
Une rue d’Abancourt, partant du pont de chemin de fer, porte son nom.

Sources

  • Echange de courriers avec Jean-Pierre Besse (1949/2012), historien, professeur d’histoire à Creil (communication de ses recherches aux archives départementales 33W8250 Série M), collaborateur du Maitron.
  • Mairie de Fouilloy (décembre1991).
  • Listes – incomplètes – du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de la F.N.D.I.R.P).
  • Photo de la plaque et notice in Site internet « Rail et mémoire« 
  • Courriel de Michel Winkel, un des deux fils de Cécile Soyer (mai 2015) concernant Angela Daverton.
  • Mail de Sandrine Soyer, fille de Pierre Soyer (juin 2018).

Notice biographique rédigée par Claudine Cardon-Hamet en 2007, complétée en 2011, 2018 et  2021. Docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 », Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000. Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice.
Pour la compléter ou corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com 

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