Stanislaw Tamowski en 1970 chez lui, collection Patrick Grosjean
En mai 1945,  » Stachek » d’après Henri Peiffer

Matricule « 46.127 » à Auschwitz

Rescapé

Stanislas Tamowski : né en 1899 à Lodz (Pologne) : domicilié à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire) ; communiste ; résistant au groupe Tourraine ; arrêté le 10 février 1942; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, Flossenbürg, Wansleben ; rescapé ; décédé le 3 septembre 1978

Stanislas Tamowski (surnommé Stachek) est né le 9 mars 1899 à Lodz (Pologne).
Il habite 6, impasse Grand’cour à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Maryana Rentyn et de Vincenty Tamowski son époux.
Il arrive en France avec un contrat de travail comme ébéniste en août 1924 pour la CIMT (Compagnie industrielle de matériel de transport, aujourd’hui Alsthom).
Il est marié avec Alice, Jeanne Coadou. Le couple a deux garçons (âgés de 10 et 17 ans en 1944).
Il est ébéniste, travaillant à la réparation des wagons à la CIMT.
Membre du Parti communiste, Stanislas Tamowski est membre du bureau de la cellule communiste d’entreprise à la CIMT.

Le 14 juin 1940, l’armée allemande d’occupation entre dans Paris. La ville cesse alors d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 10 juillet 1940 Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…). L’Indre-et-Loire fait partie des 13 départements dont le territoire est partagé par une « ligne de démarcation », en deux zones : une zone occupée par les Allemands et une zone « non occupée » dite libre, sous l’autorité du régime de Vichy. Dès juillet 1940, un commandement militaire est installé en Indre-et-Loire.

Stanislas Tamowski entre dans la Résistance « en 1940, au groupe Touraine, sous le nom de Charles » (C.F. sa lettre de 1972 ci-contre).

Lettre de Stanislas Tamowski 1972

Il est arrêté dans la nuit du 9 au 10 février 1942 à son domicile par la police allemande, à la suite de la mort d’une sentinelle allemande, rue du Hallebardier à Tours (en cliquant sur ce lien, lire l’article du site ). 50 otages sont désignés (40 Juifs et 10 communistes). Stanislaw Tamowski mentionne Seguin, Le Tondu, Legendre de Joué les Tours, Morin, Hayot, Jacques Mazein, André Marteau, Chauveau, Rossignol (évadé avant le transfert à Compiègne).
A Fontevraud, 6 communistes sont exécutés le 22 février en représailles.
A Tours, les otages communistes sont enfermés à la caserne du 501è RCC au champ de Mars, puis transférés à la prison de Tours.
Stanislas Tamowski, emprisonné à Tours le 9 février 01942, pense avoir été interné à Compiègne le 27 avril 1942 en vue de sa déportation comme otage (C.f. sa lettre ci-contre de 1972).
Cependant il convient de noter que les 8 autres communistes tourangeaux ont été transférés à Compiègne le 17 avril 1942, selon les documents administratifs et les témoignages auprès de leurs veuves recueillis par Robert Guerineau et Jean-Claude Guillon.

Depuis ce camp, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Stanislas Tamowski est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet  1942

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro « 46127 ». 

Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Récit de son parcours

Ebéniste de profession, Stanislas Tamowski est ramené à Auschwitz I, il est affecté au Block 18 A.
En application d’une directive de la Gestapo datée du 21 juin 1943 accordant aux détenus des KL en provenance d’Europe occidentale la possibilité de correspondre avec leur famille et de recevoir des colis renfermant des vivres, Stachek, comme les autres détenus politiques français d’Auschwitz, reçoit en juillet 1943 l’autorisation d’échanger des lettres avec sa famille – rédigées en allemand et soumises à la censure – et de recevoir des colis contenant des aliments. Ce droit leur est signifié le 4 juillet 1943.

Entre le 14 août 1943 et le 12 décembre 1943, il est en quarantaine au Block 11 avec la quasi totalité des Français survivants.
Lire l’article du site « les 45000 au block 11.  Le 12 décembre, les Français quittent le Block 11 et retournent dans leurs anciens Kommandos.

Dès 1944, devant l’avancée des armées soviétiques, les SS commencent à ramener vers le centre de l’Allemagne les déportés des camps à l’Est du Reich, dont Auschwitz. Les premiers transferts de « 45.000 » ont lieu en février 1944 et ne concernent que six d’entre eux. Quatre-vingt-neuf autres « 45.000 » sont transférés au cours de l’été 1944, dans trois camps situés plus à l’Ouest –
Flossenbürg, Sachsenhausen, Gross-Rosen – en trois groupes, composés initialement de trente « 45000 » sur la base de leurs numéros matricules à Auschwitz.  Une trentaine de « 45.000 » restent à Auschwitz jusqu’en janvier 1945.

En 1944-1945 : Les 45000 pris dans le chaos des évacuations (janvier-mai 1945) et Itinéraires des survivants du convoi à partir d’Auschwitz (1944-1945).

Fiche d’immatriculation à Flossenburg. Le nom de sa ville de naissance, Lotz, est indiqué en allemand : Litzmannstadt.

Stanislas Tamowski est transféré le 28 août 1944 à Flossenbürg, où il arrive le 31 août 1944 avec un groupe de 30 autres « 45.000 »… : il s’agit de Georges Hanse (45653-19907), Jules Le Troadec (45766-19887), Albert Morel (45895-19885), Louis Paul (45952-19902), Henri Peiffer (45956-19 878), Roger Pelissou (19 908), Etienne Pessot (19 880), Gustave Raballand (19 904), Maurice Rideau (19 888), Mario Ripa (19 884), Jean Rouault (19 890), Georges Rousseau (19 895), Camille Salesse (19 898), André Seigneur (19 892), Stanislas Slovinski (19 883), Stanislas Tamowski (19 886), Jean Tarnus (19 881), Marcel Thibault (19 889), Léon Thibert (19 894), Gabriel Torralba (46264-19900), Lucien Tourte (19 906), Antoine Vanin (19 899), Lucien Vannier (46173-19903), Pierre Vendroux (46184-19 879), Francis Viaud (46190-19905). Jean Bach (46217-19882), Roger Debarre (46231-19893), Louis Faure (46234-19896), André Gaullier (46238-19891).
Il est dirigé sur le sous-Kommando de Graslitz (Kralice) le 24 octobre 1944 (in fiche de l’Amicale de Flossenburg et Kommandos).

Fiche au camp de Wansleben, le 3b novembre 1944

Stanislas Tamowski est ensuite transféré directement le 1er novembre à Wansleben, (usine de potasse, un des kommandos extérieurs de Buchenwald) avec 10 autres « 45.000 », où ils sont enregistrés. « Stachek » reçoit le  matricule « 93414 » :  André Gaullier (93 417), Jules Le Troadec (93 419), Henri Peiffer (93 420), Gustave Raballand (93 418), Maurice Rideau (93 421), Jean Rouault (93 422), Georges Rousseau (93 423), Stanislas Tamowski (93 413), Lucien Tourte (93 425), Lucien Vannier (93 427), François Viaud (93 248).
Le 12 avril 1945, le camp de Wansleben est évacué à marche forcée (une de ces «Marche de la Mort» très éprouvantes, au grand nombre de morts).
Au sein de cette colonne, les « 45.000 » survivants contournent Halle par le nord. André Gaullier et Maurice Rideau s’évadent le 13. Les autres, dont Stanislas Tamowski sont libérés le 14 ou le 15 avril 1945 entre les villages de Quellendorf et de Hinsdorf.
Il convient de signaler que la fiche concernant Stanislas Tamowski rédigée par l’Amicale de Flossenburg et Kommandos, mentionne qu’il est libéré à Halle le 14 avril 1945.

Le 12 avril 1945, Wansleben est évacué à marche forcée (une terrible « marche de la Mort »). Les « 45.000 » contournent Halle par le
nord.

Mai 1945. Assis Henri Peiffer.  Selon celui-ci Stanislaw Tamowski est assis à sa droite, avec un bonnet

Libéré le 14 avril 1945 à Halle par les troupes américaines, « Stachek »  regagne la France le 12 mai, très éprouvé et présentant de nombreuses séquelles de sa déportation.

Le titre de « Déporté politique » lui a été attribué (n° 1109 11297).

Il reçoit la carte de Combattant volontaire de la Résistance (N° 124627).

En 1970, René Maquenhen (rescapé du convoi qui a connu Stanislaw Tamowski à Auschwitz) et Bernard Linquet (rescapé de Sachsenhausen) lui rendent visite à Saint-Pierre-des-Corps, lors de vacances avec le couple Linquet dans la région de Tours, où Bernard Linquet a de la famille.

René Maquenhen a connu Bernard Linquet au kommando Siemens de Berlin-Siemenstadt (kommando de Sachsenhausen).

Bernard Linquet, Stanislaw Tamowski  (il montre son tatouage), René Maquenhen. Diapositive prise par Bernadette Maquenhen en 1970

Stanislas Tamowski est décédé à la maison de santé de Saint-Benoît-la-Forêt (Indre-et-Loire) le 3 septembre 1978.

Il a été homologué « Déporté politique » et décoré de la médaille de « Combattant volontaire de la Résistance ».

Sa mémoire a été honorée sur le site de la fédération du PCF d’Indre et Loire.

Sources

  • De Gauche à droite Bernard Linquet, Stanislaw Tamowski,  ss doute Alice son épouse, et Bernadette Maquenhen. Photo prise par René Maquenhen.

    Fiche départementale FNDIRP (N° 022943)

  • Fiche: «  Victimes de l’occupation allemande« 
  • Sa lettre (janvier 1972 )
  • Souvenirs de Maurice Rideau, qui rappelle qu’on le surnommait « Stachek » (1982). — Acte de décès (17 décembre 1980).
  • Journaux locaux 1942 et 1945 (sources Robert Guérineau).
  • Enquêtes de Robert Guerineau (1980) et Jean-Claude Guillon (1980), (bibliothécaire retraité, membre de l’Institut CGT d’histoire sociale en région Centre, collaborateur du Maîtron).
  • Courriers de Roger Prévost, (déporté résistant, ancien de Sachsenhausen, de l’ADIRP d’Indre-et-Loire (1981 et 1991, 1993).
  • Photos  de groupe chez Stanislaw Tamowski, collection de Bernard Grosjean, petit-fils de René Maquenhen.
  • Courriel de July Tamowski, sa petite fille (octobre 2018).
  • Photo de mai 1945 (envoi d’Henri Peiffer), prise par un Prisonnier de guerre français.
  • Fiche de Wansleben in Archives d’Arolsen © International Center on Nazi PersecutionBad Arolsen Deutschland
  • Fiche de Stanislas Tamowski in Amicale de Flossenburg et Kommandos.

Notice Biographique rédigée en octobre 2010 (complétée en 2017, 2018, 2019 et 2023) par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de « Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 » », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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