Georges Moreau : né en 1906 à Saint-Jean-les-deux-Jumeaux (Seine-et-Marne) ; domicilié à Meaux (Seine-et-Marne) ; mécanicien, tôlier ; communiste ; arrêté le premier février 1940 ; arrêté le 10 octobre 1941, condamné à 3 mois de prison ; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 31 août 1942.
Georges Moreau est né le 5 juin1906 à Saint-Jean-les-deux-Jumeaux (Seine-et-Marne). Il habite au deuxième étage du 29, avenue Foch à Meaux au moment de son arrestation. fils d’Henriette Delorme, née en 1875 et de Georges Moreau, né en 1874, menuisier. Il a un frère : Félix, né le 11 novembre 1898 à Villiers Saint-Georges et une sœur, Louise, née à Saint-Jean en 1902. Leurs parents se sont mariés le 18 décembre 1897 à Saint-Jean-lès-Deux-Jumeaux.
Georges Moreau épouse Madeleine, Germaine, Anna Petit, mécanicienne, le 14 juin 1932 à Saint-Jean-les-deux-jumeaux (née le 24 mars 1909 à Versailles, elle décède le 2 juin 1949 à Paris). Le couple a deux enfants (Colette, Madeleine épouse Lejeune, née le 2 avril 1933 à Saint-Jean et Jean, Georges né le 26 octobre 1935 à Meaux).
Grâce à une photo de famille, on sait qu’il effectue son service militaire en 1926 au 32ème Régiment d’Artillerie au Fort de Charenton (Redoute de la Faisanderie – Redoute de Gravelle ).
Georges Moreau est employé comme mécanicien chez Edelman, à Esbly du 10 octobre 1929 au 18 juin 1936. Puis il est employé à la Tôlerie Melchoise rue Jean Jaurès, d’août 1936 à janvier 1938.
Il est au chômage pendant trois mois.

Courant 1938, il est embauché à la chocolaterie Menier à Noisiel (Seine-et-Marne).
A la déclaration de guerre, il est mobilisé le 4 septembre 1939. Du centre mobilisateur, il rejoint le 401èmeDCA cantonné à Luzarches. Compte tenu de sa qualification professionnelle, il est alors versé comme « Affecté spécial » à Issy-les-Moulineaux, jusqu’à sa démobilisation le 2 août 1940. Il retourne alors chez Menier à Noisiel comme ajusteur.
Georges Moreau, après avoir été pris en filature, est arrêté une première fois le premier février 1940 par la police de Vaires-sur-Marne (il est porteur de tracts communistes et de l’Humanité clandestine). Son domicile est perquisitionné par la police de Meaux en présence de son épouse qui se trouvait au débit Schewitz situé au rez-de-chaussée. Perquisition sans résultat. Le 20 février, le Tribunal correctionnel de Meaux condamne Georges Moreau à trois mois de prison, ainsi que deux autres militant·e·s, les époux Dutertre.
Le 14 juin 1940, les troupes allemandes sont à Meaux ; le 15 juin à Brie-Comte-Robert et à Melun. Le dimanche 16 juin 1940, des éléments motorisés de la Werhmacht franchissent la Seine à Valvins sur un pont de bateaux. Ils traversent Avon avant d’entrer dans Fontainebleau, précédant le gros des troupes. Le 14 juin, l’armée allemande était entrée par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cessant d’être la capitale du pays et devenant le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne et les départements voisins les jours suivants. Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Il est arrêté à nouveau le 19 octobre 1941 à son domicile par des policiers allemands et français, le même jour que 72 autres élus ou militants, dont 39 seront comme lui déportés à Auschwitz.
Son fils, Jean Moreau, a raconté en 2010 comment il s’est accroché en pleurant à la jambe de son père lorsque les Allemands sont venus l’arrêter (témoignage rapporté par son neveu François Le jeune). Le 20 octobre d’autres militants de Seine et Marne sont également arrêtés, dont 5 seront aussi déportés à Auschwitz. Lire dans le site : 77 – Seine-et Marne, Les 45 déportés de Seine-et Marne (octobre 1941).
Cette rafle importante en Seine et Marne, semble avoir été ordonnée en représailles de l’attaque d’un convoi allemand près de la Ferté Gaucher en Seine-et-Marne : «Un câble d’acier tendu à travers la route fit s’écraser deux voitures d’officiers précédant un convoi de 8 camions de fourrage et, pendant que soldats se rendaient en tête du convoi, le feu était mis à tous les camions et tous furent détruits par feu » Télégramme présumé de Jacques Duclos à Georges Dimitrov, daté du 10 octobre 1941.
Inculpé par le commissaire de Meaux d’infraction aux articles 1 et 3 du décret du 26 septembre 1939 (dissolution du Parti communiste et propagande notoire des doctrines de la IIIème internationale), il est mis à la disposition du procureur.
Le 20 février 1941, le Tribunal correctionnel de Meaux le condamne à 3 mois d’emprisonnement.
A la demande du Préfet, il doit être convoqué aux services de police à sa sortie de prison « pour un sévère avertissement et être informé qu’en cas de moindre observation relevée à son encontre une mesure d’internement administratif serait prise sans délai » (note du 22 mars 1941).
Il en est informé le 27 avril, puis le le 3 mai 1941, au lendemain de sa levée d’écrou.
Mais le nom de Georges Moreau est inscrit sur la liste d’otages préparée le 25 août 1941 par les services de la Préfecture (Archives du CDJC, document XLIV- 59-60 – Saint Germain 24 décembre 1941).

Sa fiche (Liste d’arrestation LA 3384 de l’arrondissement de Meaux, DAVCC) mentionne qu’il porte une cicatrice sur la joue gauche).
Georges Moreau est appréhendé et avec 80 de ses camarades il est transféré par cars au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122), le 20 octobre.

Il y est affecté au camp, Bâtiment A3, avec le numéro matricule « 1809 » (ci contre, une lettre du camp adressée à sa femme et ses enfants le 17 juin 1942).
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, Georges Moreau est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
On ignore son numéro d’immatriculation à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942. L
e numéro « 45893 ? » figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 (éditions de 1997 et 2000) correspondait à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Cette reconstitution n’a pu aboutir en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Il ne figure plus dans mon ouvrage «Triangles rouges à Auschwitz».
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ». Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Georges Moreau meurt à Auschwitz le 31 août 1942 d’après son certificat de décès établi au camp pour le registre d’état civil de la municipalité d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz, Tome 3, page 828).
Sa fiche d’état civil établie en France à la Libération porte toujours la mention «décédé le 15 septembre 1942, à Birkenau (Pologne)». Il est regrettable que le ministère n’ait pas corrigé cette date, à l’occasion de l’inscription de la mention « mort en déportation » sur son acte de décès (Journal officiel du 8 mars 1997). Ceci était pourtant rendu possible depuis la parution de l’ouvrage publié par les historiens polonais du Musée d’Auschwitz en 1995.
Lire dans le site Les dates de décès à Auschwitz.
Georges Moreau a été déclaré « Mort pour la France » le 28 septembre 1946.

Le titre de «Déporté politique» lui a été attribué. Son nom figure sur le monument aux morts de Saint-Jean-les-deux-Jumeaux.

Ci-contre, la carte d’adhérente à la FNDIRP de son épouse et la carte de « Déporté politique » de Georges Moreau.


Son frère a cherché à connaître les circonstances de sa mort : ci-contre la réponse de Jean Marti le 4 juillet 1945 dont il avait eu l’adresse à la FNDIRP, mais qui n’avait pas d’information à lui communiquer et qui lui transmettait une liste de noms de rescapés.
Sources
- Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen (dossier individuel consulté en avril 1992).
- Photos, documents personnels, documents d’archives, articles du « Patriote Résistant » fournis par son petit fils, François Lejeune (décembre 2010 et novembre 2012).
- Lettres reçues par Félix Moreau (le frère de Georges) aux demandes d’informations qu’il avait adressées aux rescapés, en particulier une lettre de Jean Marti (ci-contre) en date du 4 juillet 1945, qui est désolé de ne pas se souvenir de son frère, mais qui lui communique toutes les adresses en sa possession, dans l’espoir qu’un rescapé pourra lui donner des informations.
- Site internet Mémorial «GenWeb».
- Cité Menier à Noisiel in site Jacques.vouillot.free.fr/
Notice biographique installée en 2011, complétée en 2017 et 2022 par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) . Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique. Pour la compléter ou la corriger cette notice biographique, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com
j’aimerais échanger des documents avec les descendants , s’ils sont d’accords , de
Georges Henri MOREAU :
sa soeur , Louise MOREAU (épouse COQUILLON) était ma marraine.
la soeur , Julienne Anastasie (1872-1924) , de son père Georges Victor Edmé (1874-
était la mère de ma mère.
Merci de me donner , si possible , une adresse.
Salutations Daniel BOYER.
Merci pour cette démarche. La seule adresse que j’aie est ancienne, c’est celle de son petit-fils : lejeune-fr@wanadoo.fr
Pierre Cardon pour Claudine Cardon-Hamet