Robert Carle : né le 25 août 1909 à Nîmes (Gard) ; domicilié à Mormant (Seine-et-Marne) ; arrêté comme otage communiste le 19 octobre 1941; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 19 octobre 1942.

Robert Carle est né Chemin Bas de Saint-Césaire, le 25 août 1909 à Nîmes (Gard).
I
l habite rue Chertemps à Mormant (Seine-et-Marne) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Jeanne, Augusta Crespi (1877-1949) et de Léonce Abel Carles, né en 1863.
Il a une demi-sœur, Germaine, née en 1897 d’un premier mariage de son père, et il est le cadet d’une fratrie de 7 enfants (cinq sœurs et un frère) : Germaine 1897-1980, Paule 1898-1991, Francis 1900-1968, Jeanne 1903-1903, Marguerite 1905-1973 et Pauline née en 1908.
Robert Carle est employé de bureau à la station de radio Radio-Paris, première station de radio parisienne commerciale privée (jusqu’en décembre 1933) devenue chaîne de radio nationale publique publique jusqu‘au 17 juin 1940. Elle est alors récupérée la Propaganda-Abteilung- Frankreich, brocardée chaque jour par la ritournelle à la BBC inventée par Pierre Dac en 1942 et qui précédait les messages : « Radio-Paris ment, Radio-Paris ment, Radio Paris est allemand »).
Il vient habiter rue Chertemps après 1936 (en effet son nom ne figure pas sur le registre du recensement de population pour cette année).

Le 17 octobre 1939, sollicité par la direction de la Sureté nationale, le Préfet de Seine-et-Marne, Pierre Jean Paul Voizard qui a été nommé en juin 1939, transmet une liste de « fonctionnaires et agents des services publics mobilisables ayant appartenant au parti communiste et maintenus à leur poste », dont celui de Robert Carle classé parmi les employés dépendant du Ministère des PTT.
La fiche de Robert Carle au Ministère de la Défense (Division des archives des victimes des conflits contemporains, fiche individuelle consultée en 1992) indique « communiste». Conscrit de la classe 1929, Robert Carles est mobilisé en 1939 comme « Affecté spécial » à Radio-Paris.

Le drapeau nazi à Nemours

Le 14 juin 1940, les troupes allemandes sont à Meaux ; le 15 juin à Brie-Comte-Robert et à Melun. Le dimanche 16 juin 1940, des éléments motorisés de la Werhmacht franchissent la Seine à Valvins sur un pont de bateaux. Ils traversent Avon avant d’entrer dans Fontainebleau, précédant le gros des troupes. Le 14 juin, l’armée allemande était entrée par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cessant d’être la capitale du pays et devenant le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne et les départements voisins les jours suivants.
Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Le 28 novembre 1940 la Feldkommandantur 680 de Melun adresse au chef du district militaire “A” à Saint-Germain une liste de 79 otages communistes « fusillables » en représailles : le nom de Robert Carles y figure.
Robert Carle est arrêté le 19 octobre 1941 à son domicile par la Felgendarmerie. Les 19 et 20 octobre, de nombreux élus ou militants communistes du département sont arrêtés. Parmi eux, 44 seront déportés à Auschwitz.
Lire dans le site la rafle des communistes en Seine-et-Marne, octobre 1941.


A la demande des autorités allemandes, Robert Carle et ses camarades de Seine-et-Marne sont transférés par car au camp de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122), le 20 octobre 1941.
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz.
Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Robert Carle est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Son numéro d’immatriculation à Auschwitz n’est pas connu. Le numéro « 45331 ? » figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 correspondait à ma tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr en raison de l’existence des quatre listes alphabétiques successives que j’ai reconstituées, de la persistance de lacunes pour quatre noms, mais d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Il ne figure plus dans mon ouvrage Triangles rouges à Auschwitz.

Robert Carle meurt à Auschwitz le 19 octobre 1942 d’après son certificat de décès établi au camp pour le registre d’état civil de la municipalité d’Auschwitz ; in Death Books from Auschwitz, Tome 2, page 158).
Lire dans le site Les dates de décès à Auschwitz.

Le titre de « Déporté politique » lui a été attribué.
Le nom de Robert Carle est inscrit sur le monument aux morts de Mormant.

Sources

  • « La Résistance en Seine et Marne« , Claude Cherrier et René Roy, (Presses du Village).
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés d’Auschwitz-Birkenau, indiquant généralement la date de décès au camp.
  • © Site Site Internet mémorial « GenWeb ».
  • Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys, cabinet du préfet et dossier individuel.

Notice biographique installée en 2011, complétée en 2017 et 2022 par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) .  Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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