Son prénom est bien Henri et non Henry (acte de naissance n° 198)

Matricule « 45 403 » à Auschwitz

Henri Coudray : né en 1913 à Fontainebleau (Seine-et-Marne) ; domicilié à Ecuelles (Seine-et-Marne) ; électricien , monteur en chauffage ; communiste ; arrêté le 19 octobre 1941 ; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt.

Henri, René, Coudray est né le 24 novembre 1913 à Fontainebleau (Seine-et-Marne). Au moment de son arrestation il habite chemin ou rue de Ravanne à Écuelles.
Il est le fils de Léontine Perthuison, 30 ans, sans profession et de Charles Désiré Coudray, 29 ans, plombier, son époux. Ses parents sont domiciliés au 33, rue de France à Fontainebleau. Il a un frère et une sœur.
Leur père est « tué à l’ennemi » le 12 septembre 1914. Henri Coudray est de ce fait « adopté par la Nation » le 8 mars 1919, par jugement du tribunal.

L’Abeille de Fontainebleau du 5 juin 1934

Membre des jeunesses communistes, il distribue un tract aux jeunes conscrits le jour du conseil de révision à Fontainebleau, salle des élections, conseil auquel il a lui-même été appelé. Ce jour de  mai ou juin 1934,  il distribue un tract de la JC à ses camarades, intitulé « les misères des jeunes soldats ». Interpelé par la police, il est emmené au commissariat où procès verbal lui est dressé (extrait de presse colorisé par nos soins pour plus de lisibilité). A l’issue de ce conseil de révision, il est classé « service auxiliaire ».

Henri Coudray épouse , Emilienne, Antoinette Dejean à Ecuelles le 18 mai 1935
. Elle est née dans le bourg le 9 juillet 1914 (elle est décédée à Fontainebleau le 22 mai 1997).
Le couple a quatre enfants : Jean-Claude, René né le 9 décembre 1935, Ghislaine, née le 7 décembre 1936, Bernard, Lucien né le 9 décembre 1937 (décédé le 3/12/1986), et Chantal, née le 11 décembre 1940.

L’Humanité du 16 avril 1936

Sportif, Henri Coudray a pratiqué le vélo au « Lutèce sportif » : il se classe cinquième d’une course de 30 km « à l’américaine » avec Ghisoni, au Vélodrome d’hiver en novembre 1932.
Cette même année il est dans les 10 premiers d’une épreuve de sprint sur 250 m, avec 19 secondes 3/5e (in Paris-soir du 7 novembre 1932).
Plus tard il est inscrit dans un club affilié à la FSGT : « l’Etoile Sportive de Veneux-les-Sablons« , qui jouxte Moret-sur-Loing où il travaille, club dont il est le secrétaire (l’Humanité publie ses informations ou demandes de rencontres : par exemple le 22 décembre 1934 pour un cross-country ou le 16 avril 1936 pour une compétition d’athlétisme (coupure de presse ci-contre). Même parution dans « Le Peuple » journal de la CGT du 17 avril 1936.
En avril la famille habite au 35, Cité Céramique à Ecuelles (Seine-et-Marne).

Il est recensé à Ecuelle en 1936 au n° 24 du Hameau de l’Usine. Il travaille alors comme monteur en chauffage.
Fin octobre 1937, il est employé à l’usine du secteur électrique de « Moret-sur-Loing et extensions », appartenant à la « société de l’Énergie de Seine et Loing ». Il est adhérent à la CGT. Il est adhérent au Parti communiste et un des responsables de la section d’Ecuelles.
Henri Coudray, conscrit de la classe 1933, est mobilisé en 1939.

Le 14 juin, les troupes allemandes sont à Meaux ; le 15 juin à Brie-Comte-Robert et à Melun. Le dimanche 16 juin 1940, des éléments motorisés de la Werhmacht franchissent la Seine à Valvins sur un pont de bateaux. Ils traversent Avon avant d’entrer dans Fontainebleau, précédant le gros des troupes. .Le 14 juin, l’armée allemande était entrée par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cessant d’être la capitale du pays et devenant le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne et les départements voisins les jours suivants.  Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Au début de l’Occupation, Henri Coudray diffuse des tracts anti-nazis selon son épouse. Au cours d’un interrogatoire de police, Henri Coudray, s’il reconnaît avoir été membre du Parti communiste, déclare avoir envoyé les archives de la section communiste de Moret au siège de la région, à Montreuil-sous-Bois (Seine / Seine-Saint-Denis) avant sa mobilisation. Interrogé par le commissaire spécial de Melun, Henri Coudray déclare ne pas connaître Théodore Bonhomme, trésorier de la cellule « alors assis à côté de lui » (Ils habitent le même bourg de moins de 400 habitants et nous savons qu’ils ont travaillé dans la même entreprise à Moret).

Henri Coudray est arrêté à son domicile par la police française et la Feldgendarmerie le 19 octobre 1941 à Ecuelles, en même temps que Théo Bonhomme qui travaille comme lui à Moret sur Loing. Il est connu des services de police, puisque le nom d’Henri Coudray figure sur une liste de communistes susceptibles d’être choisis comme otages, avec la mention « Eh K », ancien communiste. Cette liste datée du 25 août 1941 émane du RSHA (Reichssicherheitshauptamt, « Office central de la sécurité du Reich », In document XLIV- 59-60, Saint Germain 24 décembre 1941).
De nombreux élus ou militants communistes du département sont arrêtés comme la première semaine d’octobre et les 19 et 20 octobre. Parmi eux, 42 seront déportés à Auschwitz. Lire dans le site : la rafle des communistes en Seine-et-Marne, octobre 1941.

A la demande des autorités allemandes Henri Coudray et Théo Bonhomme sont transférés au camp de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122), le 20 octobre 1941.
A Compiègne il reçoit le numéro matricule 1702.
Son nom figure sur la liste de recensement (décembre 1941) des communistes du camp de Compiègne nés entre 1912 et 1922 « aptes à être déportés à l’Est », en application de l’avis du 14 décembre 1941 du commandant militaire en France, Otto von Stülpnagel (archives du CDJC IV 198).
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz.
Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Henri Coudray est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro 45 403. Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka en polonais), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Aucun document des archives SS préservées de la destruction ne permet de connaître la date exacte de son décès à Auschwitz. Dans les années d’après-guerre, l’état civil français n’ayant pas eu accès aux archives d’Auschwitz emportées par les armées soviétiques, a fixé celle-ci au 15 septembre 1942 sur la base du témoignage de deux de ses compagnons de déportation.
Il a été déclaré « Mort pour la France ».

Une rue porte son nom à Ecuelles (rue Henry Coudray), avec un Y malencontreusement substitué au i.
Le 16 mars 1991, André Montagne, rescapé du convoi du 6 juillet 1942 a rencontré des familles de « 45 000 » à l’assemblée générale de l’ADIRP de Seine-et-Marne, et notamment Maximilien Bonhomme, le fils de Théo et son épouse, fille d’André Ménager « 45.867 », qui habitent rue Théo Bonhomme, ainsi que madame veuve Henri Coudray et son fils, qui habitaient au 20 rue Henry Coudray.

Sources

  • Questionnaire biographique (contribution à l’histoire de la déportation du convoi du 6 juillet 1942), envoyé aux mairies, associations et familles au début de mes recherches, en 1987, rempli par son épouse Emilienne Coudray le 15 avril 1991. André Montagne a rencontré Maximilien Bonhomme et son épouse (fille d’un autre déporté, André Ménager, 45867), ainsi que madame Coudray, veuve d’Henri Coudray 45403) à l’AG de l’ADIRP à Ecuelles le 16 mars 1991.
  • Site Internet mémorial « GenWeb ».
  • « La Résistance en Seine-et-Marne« , Claude Cherrier et René Roy, (Presses du Village).
  • Bureau des archives des Victimes des conflits contemporains (BAVCC), Ministère de la Défense, Caen (fiche individuelle consulté en juillet 1992).
  • « La Résistance en Seine et Marne« , Claude Cherrier et René Roy, (Presses du Village).
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
  • Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys, cabinet du préfet.
  • Archives en ligne de Fontainebleau, acte de naissance.
  • Registre matricule militaire de son père.

Notice biographique installée en 2011, complétée en 2017, 2022 et 2024 par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) .  Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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