Matricule « 45 566 » à Auschwitz
Louis Galant : né en 1893 à Paris 5è ; domicilié à Saint-Quentin (Aisne) ; terrassier ; communiste ; arrêté comme otage communiste le 18 octobre 1941 ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 21 février 1943.
Louis Galant est né le 13 octobre 1893 à Paris (5è) à la maternité de l’hôpital Cochin, 17, rue Claude Bernard.
Louis Galant habite au 54, rue Voltaire à Saint-Quentin (Aisne) au moment de son arrestation. Il est le fils de Marie-Louise, Léonie Galant, 19 ans, journalière, domiciliée au 132, boulevard de la Villette. Il est tailleur.
Conscrit de la classe 1913, il a vraisemblablement été mobilisé en 1914 (1).
Il épouse Virginie, Berthe, Valentine Langevin, le 30 juin 1932 à Saint-Quentin.
Elle est née le 30 janvier 1892 à Besneville (Manche) et décédera le 26 mai 1972 à Saint-Quentin. Le couple a un enfant.
Louis Galant travaille comme terrassier, mais il se déclarera tailleur à Auschwitz (sans doute sur les conseils d’un déporté, afin d’intégrer un Kommando moins dur).
Il est membre du Parti communiste et intervient dans les meetings du PCF (source policière).
Il est un des responsables de la caisse d’assurance chômage de Saint-Quentin.
Dès le 14 mai 1940, de Montcornet à Hirson, de Crécy-sur-Serre à Wassigny, les chars allemands bousculent tout sur leur chemin, non sans combats héroïques d’unités françaises, avant de toucher le Vermandois, le Chaunois, les confins du Laonnois et du Soissonnais puis le Sud du département jusqu’au 13 juin. Les blindés allemands de Gudérian sont devant Laon le 15 mai 1940. La Nordost Linie ou ligne noire (également appelée ligne du Führer), qui passe au sud de Laon est créée
le 7 juillet 1940 et fonctionne le 20 juillet. Les « zones réservées » ainsi délimitées sont destinés à devenir des zones de peuplement allemand. Le 14 juin 1940, l’armée allemande d’occupation entre dans Paris. L’armistice est signé le 22 juin. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ».
Le 20 septembre 1941, le commissaire principal des Renseignements généraux de Laon transmet au préfet une liste de « communistes notoires » de plusieurs localités du département « qui semblent continuer leurs agissements anti-nationaux ». Louis Galant est parmi les sept hommes désignés pour Saint-Quentin. Avec lui figure le nom de Marcel Lenglet.
Le 18 octobre 1941, Louis Galant est arrêté comme otage communiste par la Feldgendarmerie, sur ordre de la Feldkommandantur 602 de Laon, puis interné au camp allemand de Royallieu (le Frontstalag 122). Marcel Lenglet est arrêté le lendemain. Le 19 mars 1942 une liste d’hommes (où figure leur deux noms) pouvant être choisis comme otages est à nouveau transmise aux autorités allemandes, avec la mention « ancien communiste » (liste émanant de la préfecture de l’Aisne et transmise aux autorités allemandes (KF 602) (In document CDJC XLIV- 2). Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz.
Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Le 6 juillet 1942, à six heures du matin, il est conduit sous escorte allemande à la gare de Compiègne avec ses camarades, puis entassé dans un des wagons de marchandises qui forment son convoi. Le train s’ébranle à 9 heures trente.
Depuis le camp de Compiègne, Louis Galant est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro « 45 566 ». On sait seulement qu’il se déclare « catholique » et « tailleur » à son arrivée au camp d’Auschwitz.
S
Sa photo d’immatriculation (2) à Auschwitz a été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté à cette date.
Louis Galant meurt à Auschwitz le 21 février 1943 (date inscrite dans les registres du camp et transcrite à l’état civil de la municipalité d’Auschwitz ; in Death Books from Auschwitz, Tome 2, page 330).
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Saint-Quentin, près de la gare.
- Note 1 : Mais nous ne l’avons pas trouvé dans les registres matricule militaires des départements de Paris et la couronne parisienne, ni dans la Somme, l’Aisne, la Marne, l’Oise, la Seine et Marne, l’Eure, ni la Manche, département de naissance de son épouse.
- Note 2 : 522 photos d’immatriculation des « 45 000 » à Auschwitz ont été retrouvées parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation du camp d’Auschwitz. A la Libération elles ont été conservées dans les archives du musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau. Des tirages de ces photos ont été remis par Kazimierz Smolen (ancien détenu dans les bureaux du camp d’Auschwitz, puis devenu après-guerre directeur du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) à André Montagne, alors vice-président de l’Amicale d’Auschwitz, qui me les a confiés.
Sources
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense Caen et Val de Fontenay en 1992. Pas de fiche individuelle en 1992, il existe uniquement un dossier administratif établi à partir d’un certificat d’Auschwitz communiqué par le centre d’Arolsen en 1990.
- Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau indiquant généralement la date de décès au camp.
- © Site Site Internet Mémorial-GenWeb
Notice biographique rédigée en janvier 2011, complétée en 2019, 2020 et 2024 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de « Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 »« , éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
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