Matricule « 45 724 » à Auschwitz

Lucien Langlois ; né en 1913 à Provins (Seine-et-Marne), où il est domicilié ; plombier ; secrétaire de section du PC ; arrêté comme otage communiste le 19 octobre 1941; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 1er décembre 1942.

Lucien, Maurice, Jules Langlois est né chez ses parents le 3 avril 1913 au 9, rue du Four des Raines à Provins (Seine-et-Marne).
Il habite au 5, rue du Pont Pigny à Provins au moment de son arrestation.
Il est le fils de Marthe Marcault 28 ans, couturière et d’Henri, Louis Langlois, 27 ans, employé de commerce, né le 26 avril 1886 à Villiers-Saint-Georges (Seine-et-Marne), son époux.  Son père, soldat au 
8è Régiment de hussards est tué pendant les combats de la Somme, le 26 septembre 1914. De ce fait Lucien Langlois est adopté par la Nation par jugement du tribunal de Provins le le 29 octobre 1919.
Il est plombier, employé à l’usine de la Compagnie du gaz de Provins.
Conscrit de la classe 1933, il est appelé au service militaire pour un an au Premier Groupe Autonome d’artillerie de Fontainebleau.

Le 1er juin 1936, à Provins, il épouse Suzanne, Henriette, Mauricette Lavacherie. Elle a 17 ans,  née à La Pisserotte (Sainte-Colombe, Seine-et-Marne) le 21 juin 1918, domiciliée à Provins au 19, rue de la Cordonnerie.
Au moment du mariage, Lucien Langlois, qui exerce le métier de plombier, est domicilié au 2 bis, rue de Pontigervais à Provins, appartement n°9, avec sa mère, qui s’est remariée avec Maurice Chaumel, cheminot, son demi-frère Jean Chaumel né en 1927, et la grand mère de celui-ci.
L’appartement voisin est occupé par sa tante Marguerite, épouse Prou, épicier et leur fille Suzanne, née en 1922.
Sans enfants, Lucien Langlois est en instance de divorce au moment de son arrestation.

Roger Benenson, Assemblée nationale 1936

Lucien Langlois est membre du Parti communiste : il est secrétaire de la section de Provins en 1938, dont le trésorier est Serge Veau.
Des réunions de direction se tiennent à Ormes-sur-Voulzie (à 14 km), chez Roger Benenson, député communiste de Provins (élu le 3 mai 1936) et conseiller général du canton en octobre 1937, fondateur du journal L’Information de Seine-et-Marne (arrêté le 4 septembre 1941, il est interné à Châteaubriant et Voves jusqu’en juin 1944 puis déporté à Neuengamme puis au camp de Drütte où il devint aveugle et meurt d’épuisement).

Le 14 juin 1940, les troupes allemandes sont à Meaux ; le 15 juin à Brie-Comte-Robert et à Melun. Le dimanche 16 juin 1940, des éléments motorisés de la Werhmacht franchissent la Seine à Valvins sur un pont de bateaux. Ils traversent Avon avant d’entrer dans Fontainebleau, précédant le gros des troupes. Le 14 juin, l’armée allemande était entrée par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cessant d’être la capitale du pays et devenant le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne et les départements voisins les jours suivants.  Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

L’information recto verso, janvier 1941

En octobre 1940, les services de police notent une recrudescence de la propagande communiste clandestine et mettent en place des filatures des communistes connus avant guerre.
Le journal clandestin du Parti communiste, « L’information de Seine-et-Marne » parait en septembre 1940 et janvier 1941.
Maurice Langlois est arrêté à Provins le 19 octobre 1941, le même jour que Serge Veau, de Provins comme lui. Les 19 et 20 octobre 1941, de nombreux élus ou militants communistes du département sont arrêtés. Parmi eux, 44 seront déportés à Auschwitz. Lire dans le blog la rafle des communistes en Seine-et-Marne, octobre 1941.

Lucien Langlois est remis aux autorités allemandes à leur demande. Avec ses camarades de Seine-et-Marne il est transféré par autocar au camp de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122).
A Compiègne il reçoit le numéro matricule « 1747 ».
Son nom figure sur la liste de recensement (décembre 1941) des communistes du camp de Compiègne nés entre 1912 et 1922 « aptes à être déportés à l’Est », en application de l’avis du 14 décembre 1941 du commandant militaire en France, Otto Von Stülpnagel (archives du CDJC IV 198).
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz.
Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Lucien Langlois est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro « 45 724 ».
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz ne figure pas parmi les 522 que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Lucien Langlois meurt à Auschwitz le 1er décembre 1942. On sait qu’il entre à l’infirmerie du camp d’Auschwitz (Block 20) le 14 novembre 1942. Lucien Langlois meurt à Auschwitz le 1er décembre 1942, d’après son certificat de décès établi au camp pour le registre d’état civil de la municipalité d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz, Tome 2, page 221).

Sa fiche d’état civil établie en France à la Libération porte toujours la mention « décédé le 7 juillet 1942 (sans autre renseignement) ». Il serait souhaitable que le ministère corrige ces dates fictives qui furent apposées dans les années d’après guerre sur les état civils, afin de donner accès aux titres et pensions aux familles des déportés. Cette démarche est rendue possible depuis la parution de l’ouvrage « Death Books from Auschwitz » publié par les historiens polonais du Musée d’Auschwitz en 1995.
Lire dans le site 
Les dates de décès à Auschwitz.

Lucien Langlois a été déclaré « Mort pour la France ».
Le titre de « Déporté politique » lui a été attribué.

Sources

  • « La Résistance en Seine et Marne« , Claude Cherrier et René Roy, (Presses du Village).
  • Listes – incomplètes – du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de la F.N.D.I.R.P).
  • Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys, cabinet du préfet et dossier individuel.
  • Etat civil Provins, actes de naissance, mariage et décès, mairie de Provins août 1992.
  • Recensement provins 1936.

Notice biographique installée en 2011, complétée en 2022 par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) .  Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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