Louis Didier : né en 1911 à Fontenay-le-Fleury (Seine-et-Oise) ; domicilié à Evreux (Eure) ; tôlier ; militant communiste ; arrêté le 23 octobre 1941 ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 24 septembre 1942.

Louis, Jules, Albert Didier est né le 25 août 1911 à Fontenay-le-Fleury (Seine-et-Oise / Yvelines). Il habite au 16, rue Del’homme à Evreux (Eure) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Marie, Victorine, Eugénie Bénard, 28 ans, sans profession, née à Caen en 1928 et de Jules, Adolphe Didier, 35 ans, employé des Chemins de Fer, chaudronnier, né à Evreux (Eure) en 1875.
Ses parents se sont mariés à Bayeux (Calvados) le 2 décembre 1910.
La famille Didier va déménager au gré des affectations professionnelles du père : Conflans-Sainte-Honorine (Seine-et-Oise) en 1912, Ouville la Rivière en 1914, Gassicourt (Seine-et-Oise) en 1920, 1, cité du Port, rue Robert Lecoq à Amiens (Somme).

L’Humanité 31 mai 1937

Louis Didier est tôlier aux usines métallurgiques de Navarre d’Évreux.
Il participe à la grève des sept cent trente ouvriers des usines métallurgiques de Navarre (sur 1000 salariés) en septembre 1936.

Militant communiste connu (c’est d’ailleurs le motif qui figure sur sa fiche individuelle au SHD / DVACC de Caen), il est présenté par le Parti communiste aux élections cantonales de 1937, dans le canton d’Evreux-Sud.

L’Humanité 11/10/1937

Lors du scrutin de ballotage du 10 octobre 1937, il obtient 286 voix contre 753 au candidat SFIO, 1108 au candidat Radical-Socialiste, 114 à l’USR (Union socialiste républicaine) et 1499 au PSF, Parti social Français, parti nationaliste et anticommuniste, créé par le colonel De la Roque après la dissolution des « Croix de feu »). C’est le Radical-socialiste Victor Chardar qui est élu.

Du 5 au 10 juin 1940, les grandes villes de l’Eure sont bombardées par la Luftwaffe. Le 11 juin, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Évreux. Le 15 juin tout le département de l’Eure est occupé. Le 14 juin 1940, l’armée allemande d’occupation entre dans Paris. La ville cesse alors d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. L’armistice est signé le 22 juin. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ».

Louis Didier est arrêté le 23 octobre 1941. « Le 23 octobre 1941, domicilié 16, rue Del’homme (ou Delhomme) à Évreux, Louis-Jules-Albert Didier est arrêté par trois Feldgendarmes pour activités communistes, puis conduit à Vernon (in « L’histoire d’Evreux, www.evreux-histoire.com).
Cette arrestation s’inscrit dans la rafle de militants communistes et syndicalistes qui concerne 6 département de la région militaire A (entre les 17 et 25 octobre 1941, plus d’une centaine, dont 66 d’entre eux seront déportés à Auschwitz), rafle qui fait suite à un ordre du Commandant de la région militaire A, daté du 14 octobre 1941, visant à l’arrestation de militants communistes (cet ordre est mentionné sur plusieurs fiches d’otages de «45.000»). Un des militants de l’Eure, Jean Even, arrêté le même jour que Louis Didier figure sur une de ces listes d’otages (liste du 23 octobre 1941, CDJCXLIII-72).
Louis Didier est transféré à la prison d’Evreux, puis remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci l’internent au camp de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122). Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, LouisDidier est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante trois « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Son numéro d’immatriculation lors de son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 est inconnu.
Le numéro « 45471 ? » figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 correspondait à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Il ne figure plus dans mon dernier livre Triangles rouges à Auschwitz.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Son « certificat » de décès signé par un médecin SS

Louis Didier meurt à Auschwitz le 24 septembre 1942 d’après le registre d’état civil de la municipalité d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 225). Cette date a été reprise par l’arrêté du 29 août 1988 portant apposition de la mention «Mort en déportation» sur les actes de décès paru au Journal Officiel du 12 octobre 1988.

L’historienne polonaise Héléna Kubica a révélé comment les médecins SS du camp signaient en blanc des piles de certificats de décès avec «l’historique médicale et les causes fictives du décès de déportés tués par injection létale de phénol ou dans les chambres à gaz».  Lire dans le site : Des causes de décès fictives.

Il a été déclaré « Mort pour la France« .
Son nom figure sur une plaque dans l’Hôtel de Ville, le long de l’escalier d’honneur (transcription Généanet, Fleur Curtil).

Sources

  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Fichier national du Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en juin 1992.
  • Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
  • Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Archives de Caen du ministère de la Défense). « Liste communiquée par M. Van de Laar, mission néerlandaise de Recherche à Paris le 29.6.1948« , établie à partir des déclarations de décès du camp d’Auschwitz.N°32553 et N° 90.
  • © Site Internet Mémorial-GenWeb
  • © Site www.mortsdanslescamps.com

Notice biographique rédigée en avril 2011, complétée en 2021 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942», Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette biographie. Pour compléter ou corriger cette biographie, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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