Sur
une liste des archives du Ministère des Anciens combattants des « détenus ayant été soigné (sic) à
l’infirmerie d’Auschwitz
 » (BAVCC, Aus. 3/T3) on trouve le nom de « Brenner Julius, matricule 45300, né le
4/5/1896 à Pretot / Seine, entré à l’infirmerie le 30/07/1942″.

Ce
sont les seules données connues concernant ce déporté, car les recherches dans
les archives sont demeurées vaines. Il n’existe notamment pas d’acte de naissance correspondant à cette date dans les archives de Prétot-Vicquemare (Seine-Inférieure/Seine-Maritime).

Dès lors, on peut s’interroger sur l’existence même de « Julius Brenner ». En
effet si on compare les renseignements portés sur le registre d’Auschwitz avec
ceux qui se rapportent à deux autres « 45000 », Julien Aligny et Louis
Brenner, on est frappé par d’étranges similitudes. Son identité semble provenir de l’emprunt alterné de données relatives à l’un et l’autre de ces deux « 45000 ».

  • Brenner
    Louis, « 45300 »,
     né le 21/06/1896 à  St Cadou-en-Sizun / Finistère, mort le
    19/9/1942.
  • Aligny Julien, « 46214 »,  né le 04/05/1914 à  Prêtot / Seine-Inférieure, mort le 30/07/1942

  • Brenner Julius, « 45300 », né le 4/5/1896 à Pretot / Seine, entré à l’infirmerie le 30/07/1942″
Crématoire. Musée d’Auschwitz-Birkenau

Ce « malade » dénommé « Julius Benner » pourrait être le résultat d’une falsification des registres pour tenter de sauver Louis Brenner. On
sait que pour sauver des malades « sélectionnés » pour la chambre à
gaz, les détenus travaillant au Revier
comme infirmiers ou comme médecins falsifiaient les registres en leur
attribuant l’identité de malades récemment décédés.

Un document du camp d’Auschwitz indique qu’il a été « soigné » au block 20 de l’infirmerie du camp entre le 17 et le 27 juillet 1942, et qu’il est décédé le 19 septembre 1942. 

On peut dans ce cas émettre l’hypothèse suivante : Louis Brenner dont le nom, le
matricule, l’année de naissance auraient été relevés le 30 juillet 1942 pour un
départ vers la chambre à gaz, aurait été sauvé par son
échange avec le cadavre de Julien Aligny, mort dans la nuit ou le jour même, et par
l’attribution d’une fausse identité, proche de la sienne (nom, numéro
matricule, année de naissance) mais différente grâce à l’emprunt de données
relatives à Julien Aligny (prénom, jour et mois de naissance, lieu de naissance). La substitution des personnes étant rendue possible par le fait qu’à cette date les numéros matricules n’étaient pas encore tatoués pour la majorité des détenus.

Sur le site du Mémorial-Musée d’Auschwitz-Birkenau, on trouve pour le numéro « 45300 » le nom de Louis Brenner, né le 28 juin 1896 à St Cadou-en-Sizun, mort le 19 septembre 1942. Ce stratagème ne lui aurait accordé qu’un faible sursis de moins de deux mois.

Août 2012, Claudine
Cardon-Hamet
, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le
convoi politique du 6 juillet 1942
 »
Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille
otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000
»,
éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces
références (auteur et coordonnées de ce blog) en cas de reproduction ou
d’utilisation totale ou partielle de cette biographie. Pour compléter ou
corriger cette biographie, vous pouvez me faire un courriel deportes.politiques.auschwitz@gmail.comPensez à indiquer les sources et
éventuellement les documents dont vous disposez pour confirmer ces
renseignements et illustrer cette biographie.

Sources

  • Liste des détenus ayant été
    soignés à l’infirmerie d’Auschwitz (BAVCC. Ausch 3/T3).
  • Death Books from Auschwitz(registres des morts
    d’Auschwitz), Musée
    d’Étatd’Auschwitz-Birkenau,
    1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats
    de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet
    1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés). Julien Aligny,
    tome 3 page 1423 et Louis Brenner, tome 2 page 131
  • Fichier national du Bureau des
    archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), Ministère de la
    Défense, Caen. Fiches individuelles consultées en octobre 1993.

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