Adrien Dufumier le 12 juin 1916
Le 8 juillet 1942 à Auschwitz

Matricule « 45 499″ à Auschwitz

Adrien Dufumier : né en 1895 à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) ; il habite à Paris 19ème ; tôlier-zingueur ; militant de l’ARAC, communiste ; engagé dans les brigades internationales ; arrêté le 5 février 1941 ;  condamné à un an de prison : Santé, Frenes ; interné aux camps de Voves et Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 4 novembre 1942

Adrien Dufumier est né le 26 septembre 1895 à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).
Il habite au 21, rue Simon Bolivar (Paris 19ème) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Maria, Julia, Herma Thuilliez, 36 ans, née en 1889 à Wismes, ménagère et de Louis, Auguste, Elysée Dufumier, 42 ans, journalier, puis cartonnier, son époux. A sa naissance la famille habite 37, rue du Four à Chaux à Boulogne-sur-Mer. Il a quatre sœurs et un frère : Marie, née en 1886 à Calais, Jules, né en 1888 à Coquelles, Julia née en 1893, Marthe, née en 1898 à Calais et René né en 1901 à Calais.
En 1906, la famille, sauf Julia, habite au 56, rue des Jardiniers à Calais. Leur père travaille comme cartonnier, Marie est giletière et Jules poêlier.
Adrien Dufumier est alors apprenti tôlier-zingueur. Selon son dossier au Komintern (1), il adhère à la CGT en 1910. Il sera chaudronnier, puis tôlier-formeur en 1939.
Il subit une condamnation à 25 francs d’amende pour « injures à policiers » le 10 décembre 1913 (il est amnistié par la Loi du 24 octobre 1919).
Conscrit de la classe 1915, il signe un engagement volontaire pour 4 ans, le 14 septembre 1914 à la mairie de Lisieux, au titre du 9ème Régiment
de Hussards (sa famille a peut-être été repliée sur le Calvados au moment de la déclaration de guerre 1914-1918).
Il rejoint le 9ème corps de Hussards le 18 septembre (il est immatriculé n° 2921). Il passe ensuite au 22ème Régiment d’Infanterie (55ème brigade de la 28ème division de la 14ème armée) le 19 octobre 1914. Son régiment participe à la reconquête de l’Alsace, à la reprise de Saint-Dié, puis en septembre 1914 à la bataille de la Marne. Campagne de la Somme et Champagne, Alsace 1915.

Lors des combats victorieux de « La Poche » et  du « Trou Bricot », Adrien Dufumier est cité à l’ordre du régiment le 1er
octobre 1915, (ordre n° 111) : « À fait preuve de beaucoup de courage en pénétrant dans une galerie (tranchée) occupée dont il s’est rendu maître ».  Le 22ème RI est cité à l’ordre de l’armée. Il est décoré de la Croix de guerre.

Le 22ème RI participe à la bataille de Verdun en février 1916 et aux combats de Thiaumont.  Adrien Dufumier est blessé le 7 août 1916 (plaie perforante par balle au pied gauche) devant le fort de Souville (Meuse).

Avec sa fiancée, Suzanne, le 12 juin 1916

Il est nommé caporal le 11 avril 1917. Adrien Dufumier épouse la même année  Suzanne Dambron en 1917. Elle est née en 1893 dans le Pas-de-Calais. Le couple a une fille, Gilette, qui naît en 1917 (elle épousera Pierre, Maurice Lancry).

Le 26 septembre 1917, il passe au 252ème Régiment d’Infanterie. Son régiment occupe un secteur « en avant de Courcy, où Allemands et Français ne sont séparés que par la largeur du canal » … « Dans le courant des mois de février et mars 1918, le régiment repousse plusieurs coups de main ennemis, qui restent sans résultats » (Histoire du 252ème RI).
Le 28 mars 1918 Adrien Dufumier est détaché au 1er groupe aviation du Régiment, comme ouvrier d’aviation. A ce titre il sera versé personnel navigant dans la réserve.
Adrien Dufumier est mis en congé illimité au dépôt aéronautique de Lille le 10 août 1919.

Le 19 août 1919, Adrien Dufumier vient habiter au 13, rue du Capitaine de vaisseau Moras à Boulogne-sur-mer. Le 16 février 1921, il déménage au 46, rue Léonard de Vinci à Calais.
Il participe à la réunion du 28 avril 1923 présidée par Paul Vaillant-Couturier au cours de laquelle est fondée la section locale de Calais de l’ARAC (Association républicaine des anciens combattants) in Le Maitron.

Il est condamné le 29 avril 1925 à quatre mois de prison, accusé de « recel », vraisemblablement après une action contre la guerre du RIF, car il est « cassé de son grade de réserve » sur ordre du général de brigade commandant le 1er corps d’armée et rayé du « personnel navigant » de la réserve. Désaffecté de la Réserve du 39ème d’aviation, il est alors affecté au premier groupe spécial le 24 avril 1925.
Adrien Dufumier devient en 1932 secrétaire de la section de l’ARAC de Calais (Le Maitron).
Il adhère en 1926 au Parti communiste, et devient « stagiaire », parrainé par le secrétaire de rayon, Pierre Allard (l’adhésion se fait sur parrainage), puis « titulaire ». Il travaille aux Tôliers Réunis, et il est alors adhérent au syndicat CGTU de la Métallurgie.
Puis il est embauché chez Dressoir, 86, rue de Paris à Saint Denis. Il est adhérent aux cellules du PCF n° 1981 et n° 1909 de Paris.
Adrien Dufumier est un des responsables communistes du quartier Combat dans le 19ème arrondissement (en 1941 les Renseignements généraux recensent quatre « ex-secrétaires de cellule » du quartier Combat  « récemment démobilisés » : Camille Delattre, Alphonse Ducreux, Bataille, Colin). Il
est membre du sous-rayon du 19ème. Il est alors en contact avec Auguste Touchard, secrétaire général de l’ARAC depuis juin 1936, militant
communiste du 19ème, élu député de la première circonscription du 19ème le 3 mai de la même année.

En 1936, la famille Dufumier habite au 21, avenue Simon Bolivar à Paris (19ème). Il est tôlier.

Batterie sur le font de l’Ebre

Adrien Dufumier s’engage dans les Brigades Internationales pour la défense de l’Espagne Républicaine. Il arrive à Albacete en Espagne le 12 novembre 1936.
Il est d’abord téléphoniste au 1er groupe d’artillerie de la 13ème brigade (soit au bataillon Louise Michel (franco-belge), soit au bataillon Henri Vuillemin (composée de Français).
Il est affecté à la 11ème brigade (bataillon Commune de Paris) entre le 9 février et le 30 août 1936 à la 3ème batterie internationale (compagnie d’artillerie « Anna Pauker ») avec le frère d’Henri Gorgue, tous deux sous les ordres de Gaston Carré (1), militant communiste d’Aubervilliers, capitaine commandant la batterie Anna Pauker (35èmeDivision).

Il participe à la première bataille de Téruel (décembre), à celle de Jarama (entre les 6 et 27 février 1937) dans le contexte du siège de Madrid par les franquistes. Sa batterie est engagée à Guadaljarara (du 8 au 11 mars) contre le corps expéditionnaire italien. Dans sa biographie (in RGASPI), il écrit avoir été affecté à une batterie de l’escadron de cavalerie « Pasionaria » (composé de Belges et de Français), puis avoir été engagé entre 22 octobre 1937 au 22 octobre 1938 au sein du 2ème groupe d’artillerie lourde à la bataille de Tolède puis en Estrémadure (la deuxième bataille de Téruel).

Adrien Dufumier est rapatrié le 21 janvier 1939. Il trouve du travail à la Compagnie Générale de Construction, 114, rue de la Gare à Saint Denis.
En 1939, il habite au 21, avenue Simon Bolivar à Paris (19ème). Il y est encore domicilié au moment de son arrestation.
Le 28 mars 1940, il est « rappelé à l’activité » au dépôt d’infanterie n° 11. Il devrait alors être « Affecté Spécial » à la Compagnie Générale de Construction, mais comme son Affectation Spéciale a été annulée (comme l’ont été la plupart des « AS » des hommes soupçonnés d’être communistes ou syndicalistes), il est réaffecté au dépôt d’artillerie n°1 à Saint-Omer, le 16 avril 1940.

Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Quelques mois après l’occupation de Paris par l’armée allemande, la recrudescence d’inscriptions à la craie, collages de papillons gommés et diffusions de tracts dans le 19ème arrondissement a alerté les services de la Préfecture de police, à l’hiver 1940-1941. Des enquêtes et filatures sont effectuées dans les milieux communistes du 19ème par les inspecteurs du commissariat du quartier Combat et ceux de la Brigade
spéciale des Renseignements généraux.

Adrien Dufumier, démobilisé, a retrouvé du travail comme tôlier au salaire horaire de 13 F. Il est arrêté le 5 février 1941, pour « activité communiste » en même temps que 4 autres militants, dont Georges Allard et Henri Kesterman (2), à la suite de la saisie de listes sur Charles Camerlinck (3), un militant communiste de Montrouge, arrêté le 29 janvier. Camille Delattre, un autre ancien des Brigades internationales et Alfred Marinelli, tous deux militants communistes du 19ème sont arrêtés un mois plus tard, le 6 mars.

PV de « mise à disposition » d’Adrien Dufumier

Ci-contre le procès verbal de sa mise à disposition : « Nous mettons à votre disposition le sieur Dufumier Adrien, Jules,
Alexis, né le 26 septembre 1895 à Boulogne sur mer, de Louis et de Maria Thuilier, marié, un enfant, chaudronnier, demeurant , avenue Simon Bolivar  à Paris 19ème appréhendé dans les
circonstances suivantes. 
A la suite de l’arrestation le 29 Janvier 1941, d’un sieur Camerlinck Charles, demeurant 99 rue de Fontenay à Montrouge, agent de liaison de la propagande communiste clandestine, dans la région parisienne, divers documents ont été trouvés sur le susnommé, notamment un rapport ayant trait à des arrestations de militants communistes et attestant que Dufumier était responsable d’un groupe de militants chargés de la propagande clandestine dans le quartier Combat ». Adrien Dufumier qui a d’abord nié toute participation à la propagande communiste clandestine, a fini après interrogatoires, par reconnaître qu’il était chargé d’en contrôler la diffusion.
Adrien Dufumier est inculpé avec ses camarades d’infraction aux articles 1 et 3 du décret du 26 septembre 1939 (3).
Il est écroué le même jour à la Maison d’arrêt de la Santé et mis à disposition du Procureur.
Le 21 mai 1941, il est condamné par la 12ème chambre du tribunal correctionnel de la Seine à 1 an d’emprisonnement. Il fait appel de la sentence.
Le 4 juin 1941, il est écroué à la Maison d’arrêt de Fresnes (registre d’écrou correction homme n° 8352).
Le 7 novembre 1941 le préfet de police de Paris, François Bard, ordonne (dossier 214.478) son internement administratif en application de la Loi du 3 septembre 1940 (2). A la date d’expiration normale de sa peine d’emprisonnement, il est maintenu au Dépôt de la Préfecture en
attente de transfert.

16 avril 1942

Le 16 avril 1942, à 5 h 50, il fait partie d’un groupe de 60 militants « détenus par les Renseignements généraux » qui est transféré de la permanence du dépôt au camp de Voves (Eure-et-Loir), convoyé par les gendarmes de la 61ème brigade. Ce camp (Frontstalag n° 202 en 1940 et 1941) était devenu le
5 janvier 1942 le Centre de séjour surveillé n° 15. Il y est interné avec le n° 99. Dans deux courriers en date des 6 et 9 mai 1942, le chef de la Verwaltungsgruppe de la Feldkommandantur d’Orléans envoie au Préfet de Chartres deux listes d’internés communistes du camp de Voves à transférer au camp d’internement de Compiègne à la demande du Militärbefehlshabers Frankreich, le MBF, commandement militaire en France.
Adrien Dufumier figure sur la première liste de 81 noms qui vont être transférés le 10 mai 1942 à
Compiègne.

Montage photo à partir du début de la liste de Voves

Le directeur du camp a fait supprimer toutes les permissions de visite « afin d’éviter que les familles assistent au prélèvement des 81 communistes pris en charge par l’armée d’occupation ».

La prise en charge par les gendarmes allemands s’est effectuée le 10 mai 1942 à 10 h 30 à la gare de Voves. Il poursuit : « Cette ponction a produit chez les internés présents un gros effet moral, ces derniers ne cachent pas que tôt ou tard ce sera leur tour. Toutefois il est à remarquer qu’ils conservent une énergie et une conviction extraordinaire en ce sens que demain la victoire sera pour eux ». Il indique que « ceux qui restèrent se mirent à chanter la «Marseillaise» et la reprirent à trois reprises ». Le directeur du camp a fait supprimer auparavant toutes les permissions de visite « afin d’éviter que les familles assistent au prélèvement des 81 communistes pris en charge par l’armée d’occupation ».
Sur les deux listes d’un total de cent neuf internés, arrivés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122) les 10 et 22 juin
1942, 87 d’entre eux seront déportés à Auschwitz.
A Compiègne, selon la famille, il aurait été sollicité par la direction politique de la résistance du camp pour participer à l’évasion réussie du 22 juin. Mais il aurait finalement décliné à cause des représailles inévitables envers sa famille. Quoique sa date d’arrivée à Compiègne soit très proche de celle de l’évasion, son profil (militant communiste actif, ancien poilu décoré de la croix de guerre, ancien Brigadiste en Espagne) plaide pour qu’il ait effectivement été sollicité pour l’évasion qui comprend des politiques et des hommes d’action. Lire dans le site 22 juin 1942 : évasion de 19 internés.

Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Adrien Dufumier est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Appel à témoignage, 2014

On ignorait son numéro d’immatriculation à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 : Lire dans le blog le récit de leur premier jour à Auschshwitz L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale »En effet le numéro «45 499 ?»inscrit dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 (éditions de 1997 et 2000) correspondait à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules et était incertain du fait de la présence de 4 listes.

Ce numéro est désormais validé par les petits-enfants d’Adrien Dufumier en 2017.
En comparant sa photo (5) prise à l’occasion de ses fiançailles en 1916 et la photo du déporté portant ce numéro « 45499 », on constate qu’elle est très ressemblante malgré les 26 ans qui les séparent.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de
savoir dans quel camp il est affecté à cette date

Dessin de Franz Reisz, 1946

Adrien Dufumier meurt à Auschwitz le 4 novembre 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2, page 244 et le site internet © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) où il est mentionné avec ses dates, lieux de naissance et de décès, avec l’indication « Katolisch » (catholique). Un arrêté ministériel du 6 février 1992 paru au Journal Officiel du 27 mars 1992 porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur ses actes et jugements déclaratifs de décès en reprenant la date de décès de l’état civil d’Auschwitz.

Adrien Dufumier est homologué comme « Déporté politique ». La carte est délivrée à Suzanne Dufumier. Une plaque a été apposée sur son domicile rue Simon Bolivar. Elle a été retirée depuis à l’occasion d’un ravalement.
Adrien Dufumier est homologué comme Résistant, au titre de la Résistance Intérieure Française (RIF), comme appartenant à l’un des cinq mouvements de Résistance (FFC, FFI, RIF, DIR, FFL). Cf. service historique de la Défense, Vincennes  GR 16 P 198362

Une cellule du PCF du 19ème a porté son nom. Une anecdote racontée par Jean Thibeaudeau dans un chapitre de « Mes années Tel Quel » où il
explique les raisons de son départ de la revue littéraire dirigée par Philippe Solers, confirme le nom de la cellule et l’existence de la plaque : « Sollers (lui seul) m’ayant un jour demandé comment s’appelait ma cellule, je lui avais dit Dufumier. Ce nom, m’avait-il répondu, n’était pas bien joli. Je lui avais raconté qu’en effet, Adrien Dufumier avait été un camarade, entre la rue de Belleville, l’avenue Simon-Bolivar, et la rue Rébeval. Qu’il avait été de la Résistance, avait été arrêté, puis déporté, et qu’il était mort dans un camp. Qu’on avait placé une plaque, à sa mémoire, à l’entrée de son immeuble, avenue Simon-Bolivar, à hauteur d’homme. Que cette plaque, à cause du nom qu’elle portait, comme de l’histoire qu’elle rappelait, avait été si souvent souillée par d’ignobles graffitis, de la main d’imbéciles, ou de « fascistes » pour de vrai, que l’épouse d’Adrien Dufumier, sa veuve, une dame âgée, chez qui, à son étage, nous portions notre journal, avait enfin décidé de l’ôter de la rue, la plaque, et la conserver chez elle, sur la cheminée de sa salle à manger. Sollers, le 29 février 1972, en même temps qu’il piétinait notre amitié, marchait sur ce détail ».

  • Note 1 : Les volontaires communistes pour les Brigades internationales ont rempli des biographies, conservées par le Komintern. Arch. AVER (dossier MDN). En octobre 1940, Gaston Carré participa à la mise en place de l’Organisation spéciale (OS) puis, plus tard, des formations militaires de Francs-tireurs et partisans (FTP). À ce titre il supervisa différentes actions de sabotage à partir de juillet 1941 : déraillement de trains de matériel de guerre à Épinay, Gagny, Brétigny ; incendie de stock de caoutchouc à Citroën-Clichy.
  • Note 2 : Georges Allard, né le 17 juin 1916 à Paris, électricien, militant communiste, habitait avec son épouse et leur enfant au 93, rue Rebeval, dans le 19ème. Son nom figure au bas d’un des documents trouvés sur Charles Camerlinck. Il est déporté le 21 mai 1944. Il meurt le 5 mars 1945 dans un sous-camp de Neuengamme.
    Henri Kesterman après guerre, montre son évasion du tunnel de Compiègne

    Henri Kesterman sera l’un des 19 évadés du camp de Compiègne : lire dans le site : 22 juin 1942 : évasion de 19 internés . 

  • Note 3 : Charles Camerlinck : Né le 26 janvier 1912 à Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine) ; militant communiste de Montrouge. Fils de Jean Camerlinck, ébéniste, et de Marie Anne Tinlot, cannière, André Camerlinck s’était marié le 4 mars 1933 à Montrouge avec Huguette Jaboin, puis épousa en secondes noces Sylvianne Bergeot le 30 décembre 1939 toujours à Montrouge. Domicilié 99 rue de Fontenoy à Montrouge, il était, avant la Seconde Guerre mondiale un militant actif de la section de communiste de Montrouge et du Secours rouge. Après l’interdiction du Parti communiste, il participa à l’agitation clandestine. Arrêté le 29 janvier 1941, condamné à six mois de prison, il fut interné administrativement le 14 juin 1941, mais il s’évada du Dépôt dans la nuit du 7 au 8 juillet 1941. Il était recherché par la police (notice du Maitron, 2019).
  • Note 4 : La loi du 3 septembre 1940 proroge le décret du 18 novembre 1939 et prévoit l’internement administratif sans jugement de « tous individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique« . Les premiers visés sont les communistes.
  • Note 5 : 522 photos d’immatriculation des « 45.000 » à Auschwitz ont été retrouvées parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation du camp d’Auschwitz. A la Libération elles ont été conservées dans les archives du musée d’Etat d’Auschwitz. Des tirages de ces photos ont été remis par Kazimierz Smolen (ancien détenu dans les bureaux du camp d’Auschwitz, puis directeur du Musée d’Etat d’Auschwitz) à André Montagne, alors vice-président de l’Amicale d’Auschwitz, qui me les a confiés.

Sources

  • Fichier national de la Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre 1992.
  • Registre matricule N° 3122. © Archives en ligne du Pas-de-Calais.
  • Mairie de Boulogne-sur-mer (1979).
  • Historique du 22ème RI (Capitaine Albert 1920), numérisé par Paul Gagnère.
  • Historique du 122èmeRI, numérisée par Xavier Antoine 2010.
  • Le Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Claude Pennetier (dir), éditions de l’Atelier, CD-Rom édition 1997. Edition
    informatique 2013, notice Claude Pennetier. Edition papier, Tome 26, page 136.
  • Indicateur Bijou1930 (Saint-Denis, Villetaneuse, Pierrefitte).
  • Microfilms du fonds « Brigades internationales » du RGASPI (Centre russe pour la conservation des archives en histoire politique et sociale, Moscou) présents à la BDIC de Nanterre.545.6.1169 (Dij à Dup).
  • Archives de la Préfecture de police de Paris, Cartons occupation allemande, BA 2374.
  • Stéphane Fourmas, Le centre de séjour surveillé de Voves (Eure-et-Loir) janvier 1942 -mai  1944, mémoire de maîtrise, Paris-I (Panthéon-Sorbonne), 1998-1999.
  • © Le CCS de Voves. Archives départementales d’Eure et Loir, Comité du Souvenir.
  • © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz
    (1946).
  • Death Books from Auschwitz (registres des morts d’Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Mail de M. Jean-Pierre Lancry au nom des petits-enfants d’Adrien Dufumier (12 mai 2017).

Notice biographique mise à jour en 2010, 2013, 2019 et 2021 à partir d’une notice succincte rédigée en janvier 2001 pour l’exposition organisée par l’association « Mémoire Vive » à la mairie du 20ème arrondissement, par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages :Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé), qui reproduit ma thèse de doctorat (1995). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice. Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com 

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