Matricule «45 963» à Auschwitz
Maurice Penverne : né en 1920 à Paris 6ème ; domicilié à Paris 15ème ; tourneur ; arrêté le 23 mars 1941 ; arrêté le 18 février 1942 ; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt.
Maurice Penverne habite au 22, rue de Lourmel à Paris (15ème) (1) au moment de son arrestation. Il est né le 24 mars 1920 à Paris 6ème.
Maurice Penverne est le fils d’Anne Duverger, 38 ans, (née en 1882 dans les Côtes-du-Nord / Côtes d’Armor) et de Joseph Penverne, 45 ans, terrassier, son époux (né le 25 novembre 1885 à Saumur (Maine-et-Loire), décédé en 1957. Ses parents se sont mariés à Paris 15ème le 3 janvier 1903. Il a un frère, Georges, Vincent, né à Paris en 1910, qui est ébéniste chez Méruis en 1936 (il est décédé en 2007). La famille habite alors au 22, rue de Lourmel depuis au moins l’année 1910.
Maurice Penverne est toujours domicilié au 22, rue de Lourmel lors du recensement de 1936. Il travaille alors comme tourneur.
Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Le 23 mars 1941 il est arrêté en possession d’un tract communiste par la police française. Il est possible qu’il s’agisse là des suites du procès des jeunes communistes des 14ème et 15ème arrondissements (lire dans le site Le procès de 9 « JC » des 14 et 15ème arrondissements de Paris). En effet, dans la mesure où les inscriptions sur les murs et le collage de papillons continuent dans l’arrondissement, il est vraisemblable que la police ait poursuivi la surveillance des jeunes ayant côtoyé ou appartenu à la Jeunesse communiste. On ignore quelles suites sont données à cette arrestation. Mais, soit condamné à une peine de prison, soit relaxé en raison de la faiblesse des charges, il a été relâché (il y a en effet mention d’une deuxième date d’arrestation).
Maurice Penverne est arrêté à nouveau le 28 avril 1942, comme otage à Paris par la Police française dans le cadre d’une rafle concernant tout le département de la Seine et visant des militants du Parti communiste clandestin ou considérés comme tels.
Lire dans le site La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942). Suivant cette politique des otages, les autorités d’occupation ordonnent l’exécution d’otages déjà internés et le 28 juin, arrêtent 387 militants (avec le concours de la police parisienne), dont la plupart avaient déjà été arrêtés une première fois par la police française pour « activité communiste » depuis l’interdiction du Parti communiste (le 26 septembre 1939) et libérés à l’expiration de leur peine. Les autres sont connus ou suspectés par les services de Police. Il s’agit de représailles ordonnées à la suite d’une série d’attentats à Paris (le 20 avril un soldat allemand de première classe est abattu au métro Molitor, deux soldats allemands dans un autobus parisien, le 22 avril un militaire allemand est blessé à Malakoff). Lire le témoignage de Claude Souef : La rafle des communistes du 28 avril 1942 à Paris. Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (le Frontstalag 122).
Maurice Penverne est ensuite remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122).
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, Maurice Penverne est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Maurice Penverne est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro matricule «45 963» selon la liste par matricules (2) du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz. Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner au camp principal d’Auschwitz (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Du 28 août 1942, puis du 16 au 31 septembre 1942, on sait par les relevés des rapports journaliers qu’il est admis au « Revier » du camp (3) au Block 20. Il entre à nouveau au « Revier » d’Auschwitz le 8 décembre 1942, mais on ignore la date exacte de son décès (le site internet © Mémorial
et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) confirme seulement son numéro matricule sous le nom de «Penwerne Maurice».
Un arrêté ministériel du 2/12/1996 paru au Journal Officiel du 19/02/1997 porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur ses actes et
jugements déclaratifs de décès. Cet arrêté corrige le précédent qui indiquait mort le 6 juillet 1942 à Compiègne et précise une date que l’on sait erronée puisque nous avons de traces écrites de son passage au Revier fin septembre : décédé le 11 juillet 1942 à Auschwitz, soient les 5 jours prévus par les textes en cas d’incertitude quant à la date réelle de décès à Auschwitz.
Maurice Penverne a été déclaré « Mort pour la France » et homologué comme « Déporté politique ».
- Note 1: Selon le témoignage de Fernand Devaux, rescapé de Saint-Denis, il habitait la ville de Saint-Ouen. Mais il s’agit peut-être de son entreprise, dans la mesure où jusqu’à ses 17 ans il habite avec ses parents (recensement de 1936) et que sa fiche au DAVCC mentionne bien Paris comme lieu d’arrestation.
- Note 2 : Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
- Note 3 : L’hôpital (le « Revier ») des prisonniers du KZ Auschwitz ne possède aucun équipement et le travail des rares médecins – prisonniers se résume à ce qu’auraient pu faire des infirmiers ou des aides-soignants, matériel et médicaments en moins. Au sein d’un seul bâtiment, les Blocks avaient pour numéros : 19, 20, 21 et 28.
Sources
- © Site Internet Legifrance.
- Etat civil en ligne de Paris, recensements de 1921 à 1936.
- Fichier national du Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre 1993.
- Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
- Liste des détenus ayant été soignés à l’infirmerie d’Auschwitz (DAVCC. Ausch 3/T3).
- Témoignage de Fernand Devaux, rescapé du convoi (décembre 1985).
- © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
Notice biographique mise à jour en 2010, 2013, 2019 et 2021 à partir d’une notice succincte rédigée en janvier 2001 pour l’exposition organisée par l’association « Mémoire Vive » à la mairie du 20ème arrondissement, par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages :Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé), qui reproduit ma thèse de doctorat (1995). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice.
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