Matricule « 45 311 » à Auschwitz
Emile Bureau : né en 1900 à Paris 18ème ; employé de banque, de commerce ; communiste ; militant national et permanent du Secours rouge internatinal puis du Secours populaire ; prisonnier de guerre en juin 1940 ; libéré en octobre par mesure sanitaire ; arrêté le 22 juin 1941 ; interné à Compiègne et déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 21 septembre 1942.
Emile, Alfred Bureau est né le 20 mai 1900 à Paris (18ème), arrondissement où il habite au 221, rue Championnet au moment de son arrestation.
Il est le fils de Virginie, Emma Leleu, 32 ans, ménagère et de Léon Bureau, 40 ans, cordonnier, son époux, domiciliés au 8 cité Marcadet.
Les éléments biographiques qui suivent (entre guillemets et couleur bistre) de la naissance d’Emile Bureau à son arrestation sont extraits de la riche notice biographique du site internet du « Maitron » dictionnaire du mouvement ouvrier. Elle a été rédigée par René Lemarquis, Jean Maitron et Claude Pennetier.
Les informations qui suivent ou recoupent cette notice concernent son arrestation, internement et déportation proviennent de mes sources habituelles (Archives de la police, Brigades spéciales des Renseignements généraux, DAVCC, témoignages de rescapés).
« Le père d’Émile Bureau était un cordonnier à façon décédé en 1921, sa mère, ménagère après avoir été lessiveuse-blanchisseuse, s’était remariée en 1922 avec un garçon de course d’une compagnie d’assurance, socialiste dans le Nord avant 1914, qui adhérera au Parti communiste en 1936. Muni de son CEP à sa sortie de l’école primaire à douze ans, Émile Bureau commença à travailler le 1er octobre 1912 comme vendeur et coupeur dans des maisons de soieries et rubans, jusqu’en 1917. À cette date, ayant fait la connaissance d’Alice Collas et ayant besoin d’indépendance financière, il se fit embaucher comme manœuvre dans divers entrepôts, en particulier de l’armée américaine, jusque septembre 1919. Il épousa Alice Colas en 1919 (le 9 septembre 1918 à Paris 10ème) et ils eurent la même année un garçon.
Son registre militaire (matricule n° 2227 du 6ème bureau de la Seine) nous apprend qu’il mesure 1m 72, a les cheveux blonds, les yeux gris clairs, le front moyen et le nez rectiligne, le visage allongé. Au moment du conseil de révision, il travaille comme employé de commerce. Il sera ensuite garçon plombier. Il a un niveau d’instruction n° 3 pour l’armée (sait lire, écrire et compter, instruction primaire développée). Conscrit de la classe 1920, il est appelé au Service militaire à compter du 6 octobre 1920, il rejoint le 3ème Régiment d’infanterie le même jour. Il est désigné comme soutien indispensable de famille le 12 octobre.
« Il se sépara d’Alice Collas en mai et divorça en octobre 1924 ». A cette date, il s’inscrit sur les listes électorales, et habite au 221, rue Championnet (quartier des Grandes Carrières). « À cette date, il se lia à Yvonne Isella, née le 22 juin 1906 à Hollerich (Grand Duché de Luxembourg), une vendeuse « un peu dactylo qu’il épousa en mai ou août 1927 « (le 20 août 1927 à Paris 18ème, année de la naissance de son deuxième garçon (Rémi naît en 1927). « Émile Bureau fit adhérer son amie en 1924 au 18ème Rayon communiste et au SRI (Secours rouge international). Elle était en 1938 téléphoniste au journal Ce soir ». (…) « Après un mois en novembre 1919 à la SOMUA de Saint-Ouen, il fut reçu n° 2 à un concours des chemins de fer de l’État et « aidé par le pistonnage d’un oncle et de sa femme, il devint chef de service, employé aux écritures, aux services techniques de la Gare de l’Est. Il travailla ensuite jusqu’en octobre 1920 aux gares de Pantin et de Reuilly où il participa, sans être syndiqué, aux grèves de mars et mai 1920. Il effectua alors son service militaire à Paris d’octobre 1920 à septembre 1922 comme musicien (sans grade). À son retour, il ne retrouva pas son emploi, conséquence de son activité pendant les grèves, et travailla avec son frère dans des distilleries jusque fin 1923»,.
« À cette date il devint, sur recommandation, employé de banque à la Société marseillaise de crédit et au début de 1924 à la Banque belge pour l’étranger, comme caissier. Il fut congédié lors de la grève des banques d’avril 1925 pour aide financière aux grévistes, sa banque n’ayant pas débrayé. Il reprit ensuite de 1926 à 1928 du travail comme garçon plombier dans de multiples entreprises avec des interruptions liées à son militantisme. Émile Bureau commença son activité politique en 1920. Auparavant, esprit très curieux, il avait par de nombreuses lectures étendu sa culture. Il déclarait en effet, dans son autobiographie de 1933, avoir lu à partir de l’âge de dix-sept ans successivement des traités de philosophie élémentaire, des poésies de Victor Hugo, Baudelaire, la Critique de la raison pure de Kant, des romans philosophiques de Tolstoï, Balzac avant de rencontrer Plekhanov, Boukharine, Staline et Lénine. Au début de 1920, il adhéra au groupe du 18ème arrondissement du « petit » Parti communiste qui éditait Le Communiste et regroupait des anarcho-syndicalistes sympathisants de la révolution russe (le parti de Raymond Péricat et Jacques Sigrand*). Il lisait alors Le Journal du Peuple. Il abandonna le groupe à son incorporation et lut alors l’Humanité tout en s’intéressant à l’occultisme et fréquentant le Club du Faubourg de Léo Poldes alors membre du PC. C’est en octobre 1921 qu’il vint adhérer dans une permanence du Parti communiste où il fut reçu par Georges Marrane et présida une réunion du Parti en tenue militaire. Mais, « gêné par les opinions adverses de sa première femme », il ne milita vraiment qu’en 1924 lorsqu’il fut élu au comité puis, en mai, au secrétariat de la section du 18ème arrondissement et ensuite de la cellule d’entreprise n° 81. Il suivit en 1924 l’école marxiste dirigée par Paul Marion. Il devint secrétaire du 8ème rayon avec Robert Blache et Renan Radi de 1925 à 1928. Pendant cette période, Emile Bureau qui habitait au 221 rue Championnet (18ème), fut un militant extrêmement actif. Il fut délégué à la conférence de la Région parisienne précédant le congrès de Clichy (1926), puis aux conférences régionales de 1927 et 1928. Lors des élections législatives de 1928, il fut secrétaire administratif de la Région parisienne. Adhérent au Syndicat unitaire de la banque, il avait participé à la grève d’avril 1925, après 1926 il fut membre de la section plombier du Syndicat unitaire du bâtiment.
En 1925, il fut appelé par Alfred Costes au Comité central d’action contre la guerre du Maroc(Maurice Thorez en est le président) où il fut trésorier et secrétaire de l’organisation pendant huit mois. Le 28 août de cette année il fut arrêté avec Yvonne Isella au cours de la manifestation, place de l’Opéra, contre l’exécution de quatre jeunes ouvriers en Pologne. Condamné à un mois de prison pour violence à agents (sa compagne à quinze jours pour « outrages ») il fut incarcéré à la Santé».
En juillet 1927, lors d’une période de réserve au 129ème RI à Coëtquidan, il organisa avec un camarade une manifestation regroupant 250 soldats pour la libération de deux retardataires. Cet épisode, longuement exposé dans son autobiographie de 1933, fut relaté (article de Marcel Fourrier) dans deux numéros de l’Humanité (24 juillet 1927). Outre diverses interpellations pour distributions de tracts et journaux ou en sortie de réunions (salle Reflut à Clichy, en mars 1929), Émile Bureau fut de nouveau arrêté le 21 juillet 1929 à la réunion de Villeneuve-Saint-Georges qui préparait le 1er août. Transféré à la Préfecture de police, aux locaux de la PJ avec une douzaine d’autres responsables, isolé, puis au dépôt, il fut inculpé de complot contre la Sûreté de l’État. Maintenu à la Santé il n’en sortit que le 1er février 1930, libéré en même temps que Colomer des « Amis de l’URSS ».
Lors de sa libération le journal « Le Temps » parle de la « mise en liberté provisoire de deux inculpés du « complot communiste ».
« Il fit en prison plusieurs grèves de la faim par solidarité avec d’autres poursuivis et suivit des cours politiques suivis de débats dans un cercle d’études marxistes dirigé par Paul Bouthonnier et apprit un peu d’allemand avec Claude Calzan (…).
Émile Bureau était coopérateur à la Prolétarienne du 18ème puis à la Bellevilloise, mais il milita essentiellement au SRI (Secours rouge international) : il fut désigné par Costes et Bonafons pour être secrétaire appointé (1400 F par mois) à cette organisation de masse à partir d’août 1928″.
« Il assura ensuite cette responsabilité en permanence, en dehors d’une interruption lors de son emprisonnement et d’un passage au secrétariat de la Région lyonnaise de novembre 1930 à août 1931, à la direction du Secours rouge puis du Secours populaire jusque 1939 (…) ».
Le recensement de population de 1936 au 221 rue Championnet indique « employé SRI, secours Rouge International.
Cette direction comprenait en outre à cette date, Jean Chauvet, François Vittori, Charles Désirat (1) et M. Raimond. Il publiait régulièrement des articles dans la Défense. Il s’occupait particulièrement des problèmes de trésorerie mais la police le soupçonnait de mener, en utilisant le SRI, une « action clandestine, favorisant le séjour en France de militants révolutionnaires étrangers ou facilitant le départ de ceux recherchés par la police française » (Arch. J. Maitron) et le signalait en 1933 comme l’intermédiaire financier entre le Comité international du SRI et les communistes indochinois utilisant le relais de Hong-Kong. Il s’intéressait aux problèmes de la main-d’œuvre étrangère, siégeant en 1936 au bureau du Centre de liaison des comités pour le statut des immigrés et en 1937 au conseil d’administration du journal Voce deghi Italiani ».
« En septembre 1936, il rend compte devant la presse que la mission du Secours rouge international venait d’accomplir en Espagne, composée de délégué Français, Allemands, Autrichiens, Italiens et Belges. « Notre objectif fut d’abord d’informer le peuple et le gouvernement espagnols de l’élan de sympathie et de solidarité que la lutte du Front populaire soulève à l’étranger. Puis de se rendre compte des besoins du gouvernement en matériel chirurgical et médical, d’enquêter sur les massacres et atrocités commis par les rebelles afin d’effectuer une collaboration effective entre le Secours Rouge international et les Croix Rouges afin de remplir efficacement notre mission d’entraide humanitaire auprès du peuple espagnol… ».
Selon le témoignage d’Henri Peiffer qui l’accompagne, Emile Bureau assiste en 1937 à une conférence donnée par un antifasciste allemand évadé du camp de Sachsenhausen, et découvre ainsi l’existence des camps nazis.
« Il était au comité directeur de l’Entente internationale pour la liberté et la paix en Italie, au comité directeur de l’Association des amis du peuple chinois, au secrétariat du Bureau international pour le respect du droit d’asile, au secrétariat du Comité national de secours aux réfugiés politiques, et au secrétariat du Rassemblement mondial contre le racisme et l’antisémitisme ».
« Enfin, il était président (avec Maurice Honel et Maurice Naile) du Comité de soutien des victimes de Clichy. Le Parti communiste présenta Bureau aux élections municipales de mai 1935, dans le quartier de Notre-Dame-des-Champs (6ème arr.) où il rassembla 507 voix sur 8 414 inscrits et 6 851 votants ».
En janvier 1938, Emile Bureau, secrétaire national du Secours populaire de France présente les responsabilités particulières de son organisation lors d’une séance élargie du Comité central du Secours populaire de France à Paris, en particulier « en faveur de l’aide à l’Espagne républicaine et au peuple Chinois victime de l’agression nippone« .
Le 2 août 1939, l’Humanité annonce sa participation en tant que secrétaire de secours populaire à une réunion publique qui aura lieu le 11 août à la Mutualité.
Le 11 août il intervient ainsi comme le rapporte l’Humanité du lendemain. « Emile Bureau fait un brillant exposé. Fréquemment applaudi, le secrétaire du Secours populaire appelle au rassemblement des forces démocratiques pour aider le peuple chinois à triompher. La tragédie chinoise continue la tragédie espagnole. Là encore joue, malgré les engagements pris devant S.D.N., la tragique non-intervention. Mieux, le gouvernement français a interdit les collectes en faveur des blessés chinois ! La Chine a besoin de la solidarité de tous. Pour cela l’union s’impose afin que la solidarité se fasse plus active et pour que partout la propagande s’organise en faveur du peuple chinois, termine l’orateur tandis que les applaudissements éclatent ».
Mobilisé le 28 août 1939 au 4ème régiment d’infanterie coloniale, il est fait prisonnier à Montargis (Loiret) en juin 1940, puis libéré en octobre 1940, « à titre sanitaire ».
Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
En juin 1940, un triangle de direction clandestin du Parti communiste fonctionne depuis plusieurs mois dans le 18ème. Il est composé de Spilers, Guilleminot et Maurice Rioux. Avec le retour de l’armée de plusieurs militants, le triangle est modifié et constitué de Laprade, Armand Schkolnic et Maurice Rioux jusqu’au soir du 26 novembre 1940 où Laprade et Schkolnic sont arrêtés.
Armand Schkolnic est déporté comme Juif à Auschwitz dans le convoi du 5 juin 1942. Lire dans le site la notice le concernant et le témoignage de Georges Guinchan qui le retrouve à Auschwitz peu avant son décès : Des militants communistes arrêtés comme tels, sont déportés comme otages juifs
Gustave Depriester devient alors le responsable politique du quartier des « Grandes Carrières », au sein d’un triangle de direction clandestin qu’il compose avec Maurice Rioux et Alex Le Bihan. Alex Le Bihan prend la responsabilité du triangle clandestin à suite de l’arrestation de Gustave Depriester le 29 novembre 1940.
On ne sait pas de manière certaine si les militants clandestins du 18ème sont entrés en contact avec Emile Bureau. Mais l’un d’eux, Roger Lebras habite lui aussi au 221, rue Championnet, ainsi que Gustave Depriester.
Enfin, aux archives des brigades spéciales de la Préfecture de Police figure le PV d’interrogatoire d’Yvonne Bureau dans le cadre de « l’affaire » Gustave Depriester lui aussi domicilié au 221, rue Championnet (PV du 30 novembre
1940).
Yvonne Bureau qui travaille alors comme téléphoniste, déclare que Gustave Depriester « est devenu son
ami depuis trois ans » et certifie qu’il n’exerce aucune activité politique. Il est fort possible que ses déclarations soient destinées à la fois à couvrir Gustave Depriester, responsable du triangle clandestin du quartier des « Grandes Carrières », mais aussi à écarter les soupçons des RG des activités clandestine – sans doute à caractère régional – de son mari.
Emile Bureau est arrêté le 22 juin 1941 dans le cadre d’une grande rafle concernant les milieux syndicaux et communistes. En effet, ce 22 juin 1941, jour de l’attaque hitlérienne contre l’Union soviétique, sous le nom «d’Aktion Theoderich», les Allemands arrêtent plus de mille communistes connus dans la zone occupée, avec l’aide de la police française.
D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy (ici l’Hôtel Matignon), ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré par la Wehrmacht, le «Frontstalag 122», camp destiné à l’internement des «ennemis actifs du Reich», alors seul camp en France sous contrôle direct de l’armée allemande. Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, Emile Bureau est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
EmileBureau est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro «45311» selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz.
Sa photo d’immatriculation (2) à Auschwitz a été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ». Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté à cette date.
Emile Bureau meurt à Auschwitz le 21 septembre 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from
Auschwitz Tome 2 page 149 et le site internet©Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) où il est mentionné avec ses dates et lieux
de naissance et de décès, et avec l’indication « Katolisch » (catholique).
Ce certificat porte comme cause du décès « Herzschwäche » (insuffisance cardiaque). L’historienne polonaise Héléna Kubica explique comment les médecins du camp signaient en blanc des piles de certificats de décès avec «l’historique médicale et les causes fictives du décès de déportés tués
par injection létale de phénol ou dans les chambres à gaz». Il convient de souligner que cent quarante-huit «45000» ont été déclarés décédés à l’état civil d’Auschwitz les 18, 19, 20 ou 21 septembre 1942, ainsi qu’un nombre important d’autres détenus du camp ont été enregistrés à ces mêmes dates. D’après les témoignages des rescapés, ils ont tous été gazés à la suite d’une vaste sélection interne des inaptes au travail, opérée dans les blocks d’infirmerie.
Lire dans le site : Des causes de décès fictives.
Selon Henri Peiffer, Emile Bureau était atteint du typhus, maladie qui fit des ravages dans le camp et qui fut à l’origine de nombreuses « sélections » pour la chambre à gaz.
A la Libération, plusieurs sections départementales du Secours populaire lui rendront hommage, ainsi qu’à un autre dirigeant du SPF, Maurice Raimond déporté dans le même convoi (ci-contre photo montage du SPF de l’Ain en 1947).
Un arrêté ministériel du 30 septembre 1987 paru au Journal Officiel du 3 novembre 1987 porte apposition de la mention «Mort
en déportation» sur les actes et jugements déclaratifs de décès d’Emile
Bureau, reprenant la date officielle de décès.
Son fils Pierre, sera réalisateur de télévision dans les années 1970 (il tourne des téléfilms adaptés d’œuvres littéraires, comme Le fauteuil hanté (1970), Le nez d’un notaire (1972), et des séries comme Permis de construire (1985) et La guerre des femmes (1986).
Il est pendant trente-cinq ans le compagnon d’Anne Delbée, comédienne et metteur en scène. Il meurt en 2004. Leur fille fut danseuse dans la compagnie de Maurice Béjart.
- Note 1 : Emile Bureau retrouvera Charles Désirat au camp de Compiègne où celui-ci avait été transféré depuis la prison de Fresnes (il y purgeait une peine de 12 mois de prison après qu’il ait été arrêté après la manifestation du 13 janvier 1941 au métro Solférino). Charles Désirat avait été chargé par la direction clandestine du P.c. de reconstituer le Secours populaire dès 1940. ll fit partie de l’évasion par le tunnel creusé par les internés au camp de Compiègne dans la nuit du 21 au 22 juin 1942. Lire dans le site 22 juin 1942 : évasion de 19 internés.
- Note 2 : 522 photos d’immatriculation des « 45.000 » à Auschwitz ont été retrouvées parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation du camp d’Auschwitz. A la Libération elles ont été conservées dans les archives du musée d’Etat d’Auschwitz. Des tirages de ces photos ont été remis par Kazimierz Smolen (ancien détenu dans les bureaux du camp d’Auschwitz, puis devenu après guerre directeur du Musée d’Etat d’Auschwitz–Birkenau) à André Montagne, alors vice-président de l’Amicale d’Auschwitz, qui me les a confiés.
Sources
- Archives de Jean Maitron
- Site internet du « Maitron », dictionnaire du mouvement ouvrier. La notice a été rédigée par René Lemarquis, Jean Maitron et Claude Pennetier.
- L’Humanité, 19 janvier 1924, 18 mars 1929 et 6 mai 1935.
- Arch. Secrétariat d’État aux Anciens combattants et victimes de guerre.
- Archives du Komintern, Moscou, RGASPI, 495 270 454 : Autobiographies des 24 juillet 1933 et 5 avril 1938.
Sources du site
- Archives en ligne de Paris
- Mairie du 18ème
- Le Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Claude Pennetier (dir), éditions de l’Atelier, CD-Rom édition 1997. Edition informatique 2013.
- Carton Brigades Spéciales des Renseignements généraux (BS1), aux Archives de la Préfecture de police de Paris. Procès-verbaux des interrogatoires (2017).
- Death Books from Auschwitz(registres des morts d’Auschwitz), Musée d’Étatd’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
- Acte de décès (mairie du 18ème).
- Témoignage d’Henri Peiffer, rescapé du convoi.
- Registres matricules militaires de la Seine.
Notice biographique mise à jour en 2010, 2013, 2019 et 2021 à partir d’une notice succincte rédigée en janvier 2001 pour l’exposition organisée par l’association « Mémoire Vive » à la mairie du 20ème arrondissement, par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages :Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé), qui reproduit ma thèse de doctorat (1995). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com