Laurent Guizard : né en 1906 à Paris 10è ; domicilié à Boulogne-Billancourt (Seine) ; monteur, charpentier en fer chez Renault ; communiste ; arrêté le 10 décembre 1940 ; condamné à 10 mois de prison après appel ; interné aux camps de Rouillé et Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 1er septembre 1942.

Louis, dit Laurent Guizard est né le 24 octobre 1906 à Paris (10è).
Laurent Guizard habite au 93, rue de Saint-Cloud à Boulogne-Billancourt (Seine / Hauts-de-Seine) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Louise, Marie, Francine Lucas, 22 ans, journalière. Il est légitimé par le mariage de sa mère,
le 22 décembre 1910 avec Laurent, Jean-François Guizard, cimentier.
La famille habite au 265, faubourg Saint-Martin (Paris 10è).
Il a une sœur, Georgette, et un frère Henri (né en 1909).
Laurent Guizard est monteur, charpentier en fer chez Renault à Boulogne en 1936.
Il est domicilié appartement 12, au 93, rue de Saint-Cloud.
Il est adhérent au Parti communiste.
Il est célibataire.

Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Toute la banlieue parisienne est occupée les jours suivants. Un premier détachement allemand occupe la mairie de Nanterre et l’état-major s’y installe.Le 22 juin, l’armistice est signé.
Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Membre du Parti communiste, il est arrêté le 10 décembre 1940 dans le cadre d’une rafle qui concerne 15 boulonnais et la saisie de 1000 tracts.
Le 1er janvier 1941, inculpé d’infraction au décret du 26 septembre 1939 (dissolution du Parti communiste), Laurent Guizard est déféré au Dépôt et retenu à la Maison d’arrêt de la Santé en attente de son procès. Celui-ci a lieu le 17 mai 1941, devant la 12è chambre du tribunal correctionnel de la Seine, où il comparait avec Marcel Bec  (ancien de chez Renault) et quatorze autres co-inculpés. Ils sont tous deux condamnés à 15 mois de prison. Ils font appel de la sentence : la peine de Marcel Bec est ramenée à 8 mois, celle de Laurent Guizard à 10 mois de prison.
Il est écroué à la Maison d’arrêt de Fresnes le 3 juin 1941.

Le 23 octobre 1941, à la date d’expiration normale de sa peine d’emprisonnement, le préfet de police de Paris, François Bard, ordonne son internement administratif en application de la Loi du 3 septembre 1940 (1).
Le 10 novembre 1941, Laurent Guizard, maintenu jusque là au Dépôt de la préfecture de Paris, est interné au camp de Rouillé (2) avec un groupe de 57 autres militants communistes parisiens.
Début mai 1942, les autorités allemandes adressent au directeur du camp de Rouillé une liste de 187 internés qui doivent être transférés au camp allemand de Compiègne (le Frontstalag 122). Le nom de Laurent Guizard (n° 96 de la liste) y figure et c’est au sein d’un groupe de 168 internés (3) qu’il arrive au camp allemand de Royallieu à Compiègne le 22 mai 1942. La plupart d’entre eux seront déportés à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet.

Lire dans le site : 27 militants communistes et syndicalistes des usines Renault de Boulogne-Billancourt déportés à Auschwitz le 6 juillet 1942.

A Compiègne il reçoit le matricule n° « 5 897 ». Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à leur déportation, voir les deux articles du site : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et«une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Laurent Guizard est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

On ignore son numéro d’immatriculation à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942. Le numéro «45 630 ?» inscrit dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 (éditions de 1997 et 2000) correspondait à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Seule la reconnaissance, par un membre de sa famille, ami ou camarade, de la photo d’immatriculation publiée au début de cette biographie pourrait désormais en fournir la preuve.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Laurent Guizard meurt à Auschwitz le 1er septembre 1942, d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 409).
La mention «Mort en déportation» est apposée sur son acte de décès (arrêté du 7 juillet 1994, paru au Journal Officiel du 17 août 1994.

  • Note 1: La loi du 3 septembre 1940 proroge le décret du 18 novembre 1939 et prévoit l’internement de « tous individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique« . Les premiers visés sont les communistes.
  • Note 2 : Le camp d’internement administratif de Rouillé (Vienne) est ouvert le 6 septembre 1941, sous la dénomination de «centre de séjour surveillé», pour recevoir 150 internés politiques venant de la région parisienne, c’est-à-dire membres du Parti Communiste dissous et maintenus au camp d’Aincourt depuis le 5 octobre 1940. D’autres venant de prisons diverses et du camp des Tourelles. / In site de l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé.
  • Note 3 : Dix-neuf internés de la liste de 187 noms sont manquants le 22 mai. Cinq d’entre eux ont été fusillés (Pierre Dejardin, René François, Bernard Grimbaum, Isidore Pertier, Maurice Weldzland). Trois se sont évadés (Albert Belli, Emilien Cateau et Henri Dupont). Les autres ont été soit libérés, soit transférés dans d’autres camps ou étaient hospitalisés.

Sources

  • ACVG, avis de décès avril 1992.
  • Archives communales de Boulogne-Billancourt, recherches de Mme Edith Bauer, archiviste (juillet 1988)
  • Liste du 22 mai 1942, transfert vers Compiègne (Centre de Documentation Juive Contemporaine XLI-42).
  • Listes reconstituées du registre de Compiègne au DAVCC, Division des archives des victimes des conflits contemporains (Caen).
  • Death Books from Auschwitz(registres des morts d’Auschwitz), Musée d’Étatd’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Fichier national de la Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre 1993.
  • © Site InternetLégifrance.gouv.fr
  • © Site Internet Mortsdanslescamps.com
  • Archives de la Préfecture de police, Cartons occupation allemande, BA 2374.
  • Photo d’immatriculation à Auschwitz : Musée d’état Auschwitz-Birkenau / collection André Montagne.
  • © Dessin de Franz Reisz  in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).

Notice biographique (complétée en 2016, 2019 et 2021), réalisée initialement pour l’exposition sur les «45 000» de Gennevilliers 2005, par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, Paris 2005. Prière de mentionner les références (auteur et coordonnées du blog) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com 

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