Daniel Nagliouck @DR |
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Daniel
Matricule « 45918 » à Auschwitz
Rescapé
Daniel
Nagliouck est né à Kolki en Ukraine, le 18 octobre 1897.
Il est domicilié 35 rue du Pré à Rouen (Seine-Maritime) au moment de son arrestation.
Pendant
la première guerre mondiale, en 1916, il fait partie du corps expéditionnaire
russe en France (1ère brigade) où il a une attitude courageuse au
moment de l’offensive de Champagne à Auberive.
Il reste en France la
guerre terminée. Daniel Nagliouck est mécanicien. Il
est célibataire.
Sa
fiche d’otage (25 février 1942) indique comme nationalité, la «Russie soviétique» et comme «race»
: «Juif».
En réalité, comme
Daniel Nagliouck n’est pas retourné dans son pays après la guerre 1914-1918, il
est douteux qu’il ait réellement eu la nationalité soviétique.
Sa fiche d’otage |
De
même, indique Claude Paul Couture(1), il n’est pas du tout
certain qu’il soit juif. Son numéro matricule à Auschwitz permet seulement de
dire qu’il a bien été déporté en tant que prisonnier politique.
Il convient néanmoins de rappeler que Kolki est un grand centre culturel Juif d’Ukraine.
Pendant
l’Occupation, Daniel Nagliouck travaille comme mécanicien dans un garage Peugeot.
Il appartient à la résistance communiste depuis janvier 1941, puis au Front
national. Il sabote des camions allemands placés en réparation chez Peugeot en
introduisant de la limaille de fer dans les moteurs et en provoquant des
fêlures dans les pièces de rechange. Il conseille des ouvriers du garage
Renault voisin sur la manière de saboter les camions allemands. Le 15 septembre
1941, une quinzaine de camions tombent en panne au bout de quelques kilomètres.
Les
Allemands procèdent à des arrestations parmi les ouvriers des deux garages.
Daniel Nagliouck est arrêté le 18 septembre 1941. Il est vraisemblablement
libéré faute de preuves, car il est à nouveau arrêté le 21 octobre 1941, date
mentionnée sur sa fiche d’otage. Celle-ci indique qu’il arrêté parce que
soupçonné d’activité communiste par la (Sipo) SD (le service de Sécurité
du parti nazi) (fiche reproduite ci-contre).
Cette arrestation a lieu dans le
cadre de la rafle qui touche une centaine de militants communistes, ou présumés
tels de Seine Inférieure, et qui fait suite au sabotage, le 19 octobre, de la
voie ferrée entre Rouen et Le Havre (au tunnel de Pavilly). Lire dans le
blog Le
« brûlot » de Rouen.
La Caserne Hatry |
Ecroués
à la caserne Hatry de Rouen, tous les hommes appréhendés sont remis aux
autorités allemandes à leur demande, qui les transfèrent au camp allemand de
Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122) entre le 19 et le 30 octobre 1941.
Trente neuf d’entre eux seront déportés à Auschwitz. Le 9 février 1942, la
Feldkommandantur 517 de Rouen inscrit Daniel Nagliouck sur une liste
d’otages «fusillables» en représailles aux attentats d’Elbeuf (le 21 janvier un
caporal est tué par balles, le 4 février 1942 un soldat est tué) et adresse
cette liste le 25 février 1942 au Frontstallag 122. Pour
comprendre la politique de l’Occupant qui mène à leur déportation, lire dans le
blog «une déportation d’otages
Cf Article du blog : Les wagons de la Déportation |
Daniel
Nagliouck est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des «
45000 ». Ce convoi d’otages composé, pour l’essentiel, d’un millier de
communistes (responsables politiques du parti et syndicalistes de la CGT)
et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur
enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de représailles
allemandes destinées à combattre, en France, les « Judéo-bolcheviks »
responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti
communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht,
à partir d’août 1941.
Il
est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro « 45918 ».
Sa photo d’immatriculation à
Auschwitz n’a été pas retrouvée parmi les 522 photos que des membres de la Résistance
intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction,
ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le blog le récit
de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée
au camp principal, 8 juillet 1942. et 8
juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale »
Après l’enregistrement, il passe
la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux
pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau,
situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est
interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs
ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement
la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement
et à la construction des Blocks.
Le mur du Block 11 |
Entre
le 14 août 1943 et le 12 décembre 1943, il est en quarantaine au Block 11 avec
la quasi totalité des Français survivants. Lire
l’article du blog « les 45000 au block 11. Le 12 décembre, il quitte le
Block 11 comme les autres « 45000 ».
En
avril 1944, Daniel Nagliouck est au Block 10 de Birkenau. D’Auschwitz, il est
transféré le 29 août 1944 avec vingt neuf autres «45000», au camp de
Sachsenhausen, où ils arrivent le lendemain. L’évacuation du camp de
Sachsenhausen a lieu le 21 avril 1945, en direction de Schwerin puis de Lübeck ou de Hambourg. Au cours d’une marche de 12
jours que René
Maquenhen qualifie « d’hécatombe », aboutissant à « un
château » (sans aucun doute celui de Traumark, près de Schwerin, en
Meklembourg), que décrit aussi René Petitjean : « Au bout de 6 jours –
se souvient Georges
Marin, apparition d’un cavalier russe ».
Daniel Nagliouck et ses
camarades Victor
Louarn, René
Maquenhen, Henri
Mathiaud, Georges
Marin, Auguste
Monjauvis, René
Petitjean sont libérés par les soviétiques, le 2 mai.
Très affaibli, Daniel Nagliouck est hospitalisé à Hagenau, et ne rentre à Rouen que le 9 juin 1945.
Il habite alors à Rouen au 1 rue des Boucheries.
À
son retour, Daniel Nagliouck obtient la carte de “Combattant Volontaire
de la Résistance” au titre du Front national. Il est homologué comme «Déporté
politique».
Daniel
Nagliouck est décédé le 4 octobre 1963.
Sources
- Claude-Paul
Couture, instituteur, auteur de «En Seine Maritime de 1939 à 1945» CRDP Rouen,
1986, correspondant du Comité d’histoire de la deuxième guerre mondiale. Courrier
du 30 avril 1992. Photo DR - Fiche
d’otage du 25 février 1942. Documents
allemands, CDJC, Paris. - Fichier
national de la division des archives des victimes des conflits contemporains
(DAVCC), Ministère dela Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en 1992. - Traductions
(cassette audio) de Lucienne Netter, professeur d’allemand au Lycée Jules
Ferry, Paris, 1990.
Biographierédigée en septembre 2011 par
Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à
Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 », Editions Autrement,
2005 Paris et de «Mille otages pour
Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions
Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références
(auteur et coordonnées de ce blog) en cas de reproduction ou d’utilisation
totale ou partielle de cette biographie. Pour compléter ou corriger cette biographie, vous pouvez me faire
un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.comPensez à indiquer les
sources et éventuellement les documents dont vous disposez pour confirmer ces
renseignements et illustrer cette biographie.