Jean-Louis Le Mouël : né en 1909 à Plouay (Morbihan) ; domicilié à Suresnes (Seine) ; Charron, ajusteur ; militant CGT, communiste ; arrêté le 25 avril 1941, condamné peine de prison (Santé, Fresnes) ; interné aux camps de Voves et de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 27 octobre 1942.
Jean, Louis Le Mouël dit Jean-Louis, est né le 7 janvier 1909 à Plouay (Morbihan). Il habite au 181, rue de Verdun à Suresnes (Seine / Hauts de Seine) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Marie Jaouen, 41 ans, ménagère et de Louis Le Mouël, 49 ans, retraité, son époux.
Le 8 septembre 1928, en mairie du 15è arrondissement de Paris, Jean-Louis Le Mouël épouse Marie Le Blévec, cuisinière, née le 13 décembre 1907, à Pouray en Bretagne elle aussi (commune distante d’une trentaine de kilomètres de Plouay), elle est décédée le 30 septembre 1998).
Le couple a deux enfants, Gilbert, né le 22 février 1929, et une fille, Gisèle, née le 30 juillet 1931, tous deux nés à Paris.
Toutes les citations qui suivent, de couleur bistre, sont de Gilbert Le Mouël, leur fils aîné (1).
Mon père est venu à Paris très jeune après le C.E.P, une année de « cours complémentaire » et l’apprentissage du métier de charron. Sa spécialité (travail du bois) lui a permis de trouver du travail aux Usines Renault de Billancourt. Les voitures de l’époque étant intérieurement habillées de bois et non de matière plastique, comme de nos jours. Le nom d’Usine « 0 »(2) résonne encore dans ma mémoire : j’ai donc du l’entendre souvent, lorsque j’étais tout petit. Avant d’habiter Suresnes, nous avons habité Fontenay-sous-Bois, d’abord avenue Victor Hugo, puis 35, boulevard de Verdun. Mon père avait loué un bout de jardin ouvrier à Montreuil, où nous allions souvent avec lui, étant enfants, ma sœur et moi ».
En 1933, la famille habite Fontenay-sous-Bois au 162, avenue Victor hugo. Il s’inscrit sur les listes électorales de la commune. Ils déménagent au 35, rue de Verdun, puis sont domiciliés au 181, rue de Verdun à Suresnes (Seine / Hauts-de-Seine) au moment de son arrestation.
Membre du Parti communiste, adhérent de la CGT, Jean-Louis Le Mouël, envoie de l’argent pendant la guerre d’Espagne pour soutenir les Brigades Internationales. D’après des brochures retrouvées par son fils et sa petite-fille, il suit des cours de formation pour les cadres du Parti communiste.
« Il participait à des manifestations politiques, car je me vois encore juché sur ses épaules et brandissant mon petit poing, sans trop savoir pourquoi… Sans doute pour faire comme tout le monde, autour de moi. En 1936 (1), mon père, qui portait toujours à la boutonnière l’insigne de la CGT, a participé activement aux évènements de l’époque. J’ai encore aux oreilles les mots « Croix de Feu » qui devaient revenir fréquemment dans les conversations à la maison, après certains affrontements. Mon père a participé à l’occupation des usines Renault à cette époque.
Puis, figurant sur les « listes noires » du patronat et ne pouvant plus trouver de travail, après une courte période de chômage, il a appris un nouveau métier : l’ajustage de précision qui, CAP obtenu, lui a permis de « brouiller les pistes », de se faire « oublier » et de retrouver du travail chez Morane-Saulnier, constructeur aéronautique à Puteaux. C’est probablement à cause de ce nouveau travail que nous avons déménagé pour Suresnes, où nous étions petitement et pauvrement logés dans d’anciennes étables transformées en appartements bruyants et insalubres. Durant la guerre de 1939-40, mon père a été mobilisé sur place, « affecté spécial » chez Morane-Saulnier. On manquait d’ouvriers qualifiés dans la mécanique aéronautique ».
Mobilisé comme « affecté spécial » sur son poste de travail chez Morane-Saulnier le 9 novembre 1939, il est démobilisé de fait le 25 juin 1940.
Le 3 juin 1940, plusieurs bombes tombent sur Suresnes, dont deux rue de Verdun. Le vendredi 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 24 juin, la première présence allemande se manifeste par un side-car arrivant par la rue du Bac. Les pavillons entourant le fort sont occupés, ainsi que la radiotechnique rue de Verdun. Plusieurs unités de la Wehrmacht s’installent à Suresnes (la cavalerie est cantonnée rue de Verdun, les chevaux sont gardés aux écuries de l’entreprise Watelet). Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Pendant l’Occupation, l’usine Morane Saulnier de Puteaux est réquisitionnée par l’occupant afin d’y produire le Fieseler Fi 156 «Storch» (cigogne). Jean-Louis Le Mouël retrouve du travail chez Saurer à Suresnes.
Sans doute à cause de son activité politique et syndicale, mon père a dû changer d’entreprise. Morane-Saulnier étant étroitement contrôlé par l’armée allemande et la Gestapo. Il est entré dans une usine proche, à Suresnes, l’entreprise Saurer qui fabriquait des camions et qui ne tarda pas, elle aussi, à travailler pour sous contrôle de l’occupant et pour lui (…) ». En effet, l’industriel allemand Karl Schippert, directeur général des usines Mercedes-Benz à Stuttgart est « chargé par le gouvernement du Reich de la réorganisation en France occupée de l’industrie automobile […et] s’est installé à cet effet, avec plusieurs techniciens, aux usines Renault » Schippert « déclare vouloir réorganiser l’industrie automobile en France en trois branches, dont une branche pour les camions de transport : Renault-Saurer-Latil-Unic » (rapport de la Sûreté nationale le 4 octobre 1940).
Pendant huit mois, Jean-Louis Le Mouël poursuit ses activités militantes clandestines, parfois accompagné par Gilbert.
« J’étais tout jeune, mais il me reste quelques souvenirs liés à mon père à cette époque. De temps en temps, quelqu’un venait à la maison, prendre ou porter un paquet. Mon père sortait souvent le soir et revenait dans la nuit. A plusieurs reprises il m’a « embauché » (malgré les protestations véhémentes de ma mère qui n’a jamais partagé ni approuvé les idées politiques de mon père, pas plus que ses activités syndicales) pour tenir le pot de colle et le pinceau, dissimulés sous ma pèlerine d’écolier. Je l’ai aidé ainsi, sans le savoir, à coller des papillons antinazis sur les arrêts d’autobus et sans doute à d’autres endroits dont je n’ai plus le souvenir. J’ai appris par la suite qu’ils étaient réalisés à la maison de manière très artisanale à l’aide d’une « imprimette » (2) à caractères mobiles et d’un tampon encreur dissimulés, après usage dans le charbon de la cave, laquelle se trouvait à l’extrémité de la cour, distante d’une trentaine de mètres de notre appartement ».
Jean-Louis Le Mouël est arrêté à son domicile le 25 avril 1941, pour « propagande et distribution de tracts ». Il est emmené au commissariat de Puteaux, où il est tabassé. Si dans son entourage on a pu parler de dénonciation, il est plus vraisemblable qu’ayant figuré sur les « listes noires » du patronat après 1936, Jean-Louis Le Mouël ait été arrêté dans le cadre des arrestations opérées par l’occupant dans tout le département de la Seine. Pour la seule période du 2 septembre 1939 au 31 janvier 1941, on relève 8372 arrestations, 21 152 perquisitions, 990 groupements sont dissous, 432 journaux sont interdits ou suspendus et 4492 internements sont enregistrés (3).
« Le jour de l’arrestation de mon père, je revenais de l’école, à la fin de la matinée, quand j’ai aperçu ma sœur sur le trottoir, rue des Bas-Rogers, prés de chez nous. Sous prétexte d’aller chercher du pain, ma mère lui avait dit de me rejoindre et de ne pas rentrer à la maison où la police et sans doute aussi la Gestapo perquisitionnaient notre appartement. Peut-être craignait elle qu’involontairement nous trahissions notre père, en répondant malencontreusement à une question qui aurait pu nous être posée. Heureusement, ils ne pouvaient pas savoir que nous avions une cave à l’autre bout de la cour, et elle n’a pas été fouillée… Le lendemain, je suis allé jusqu’au Commissariat de Police de Puteaux, où mon père se trouvait, pour lui porter un peu de nourriture. Il avait subi de mauvais traitements, car son visage portait des traces de coup et il semblait souffrir. Je crois y être retourné au moins une fois, avant son transfert « .
Inculpé d’infraction au décret du 26 septembre 1939 (activité communiste et reconstitution de ligue dissoute), Jean-Louis Le Mouël est écroué le 29 avril à la maison d’arrêt de la Santé : il y est toujours en juillet. Le 18 août 1941, il est condamné à plusieurs mois de prison par la 12è chambre correctionnelle. Il est alors incarcéré à Fresnes le 23 août 1941. Son épouse et son fils ont pu le visiter à la Santé puis à Fresnes.
« Je l’ai revu par la suite plusieurs fois, d’abord à la prison de la Santé, puis à Fresnes, ma mère m’emmenant avec elle, lorsqu’elle allait le voir. Dans chacune de ces deux prisons, les parloirs étaient faits de deux cabines aux grillages en losange séparés par un couloir. Un garde circulait sur une sorte de promenoir, au-dessus des cabines, un autre dans le couloir de séparation, entre les cabines. Comme j’étais plutôt menu, j’ai réussi, pratiquement à chaque fois à transmettre de l’argent (et peut-être autre chose ?), dissimulé dans une baguette de pain assez longue, préparée à l’avance par ma mère et que je dissimulais sous ma pèlerine. La technique adoptée était la suivante. Mon père guettait le moment où passait le garde circulant sur la galerie, ma mère celui qui faisait le va et vient dans le couloir de séparation. Il y avait un bref instant où ils se tournaient le dos et où il fallait agir. Lorsque mon père et ma mère me faisaient signe, je prenais l’extrémité de la baguette de pain du bout des doigts de la main droite, passais mon petit bras par un des « losanges » du grillage, et mon père, de l’autre côté, pouvait ainsi attraper la baguette du bout des doigts, lui aussi et la dissimuler dans une jambe de son pantalon. Ce stratagème a toujours réussi, à Fresnes comme à la Santé et grâce à ce stratagème, mon père a pu avoir, outre le pain, un peu de nourriture
supplémentaire qu’il achetait à la cantine de la prison, grâce à l’argent.
L’année scolaire terminée, comme ma mère avait « une tache au poumon », comme on disait alors, elle a du partir en sanatorium à Hauteville, dans l’Ain. Comme il fallait trouver une solution pour ma sœur et moi, l’Assistance publique nous a envoyés ma sœur et moi en préventorium, moi à La Queue-les-Yvelines, ma sœur à Glaye, dans l’Orne. Ce fut la grande dispersion pour nous quatre ».
A l’expiration de sa peine d’emprisonnement Jean-Louis Le Mouël est renvoyé au Dépôt de la Préfecture. Le 14 décembre 1941 un arrêté d’internement administratif est prononcé par le préfet de police de Paris, François Bard. Vraisemblablement à cause de l’encombrement des camps à cette période, il est maintenu au Dépôt.
Le 26 mars 1942 un nouvel arrêté ordonne son internement administratif en application du décret du 18 novembre 1939 (4). Mais c’est finalement un arrêté en date du 14 avril 1942 (n° 93.204) ordonnant son internement au camp de Voves
qui entraîne son transfert au Camp de Voves.
Lire dans le site : Le camp de Voves
Le 16 avril 1942, à 5 h 50, un groupe de 60 militants « détenus par les Renseignements généraux », dont Jean-Louis Le Mouël (n° 401.069), est transféré de la permanence du Dépôt au camp de Voves (Eure et Loir), convoyés par des gendarmes de la 61ème brigade.
Ce camp (le Frontstalag n° 202 en 1940 et 1941), ancien camp allemand de prisonniers de guerre était redevenu depuis le 5 janvier 1942, un camp d’internement français sous le nom de Centre de séjour surveillé n° 15.
Dans deux courriers en date des 6 et 9 mai 1942, le chef de la Verwaltungsgruppe de la Feldkommandantur d’Orléans envoie au Préfet de Chartres deux listes d’internés communistes du camp de Voves à transférer au camp d’internement de Compiègne à la demande du Commandement militaire en France.
Jean-Louis Le Mouël figure sur la première liste (sur les deux listes qui totalisent 119 internés, 87 d’entre eux seront déportés à Auschwitz).
Le directeur du camp a fait supprimer toutes les permissions de visite « afin d’éviter que les familles assistent au prélèvement des 81 communistes pris en charge par l’armée d’occupation ». La prise en charge par les gendarmes allemands s’est effectuée le 10 mai 1942 à 10 h 30 à la gare de Voves. Il poursuit : « Cette ponction a produit chez les internés présents un gros effet moral, ces derniers ne cachent pas que tôt ou tard ce sera leur tour. Toutefois il est à remarquer qu’ils conservent une énergie et une conviction extraordinaire en ce sens que demain la victoire sera pour eux ». Il indique que « ceux qui restèrent se mirent à chanter la «Marseillaise» et la reprirent à trois reprises ». Le directeur du camp a fait supprimer auparavant toutes les permissions de visite « afin d’éviter que les familles assistent au prélèvement des 81 communistes pris en charge par l’armée d’occupation ».
Gilbert Le Mouël apprend cet internement par une carte « interzone ».
« Au « prévent », où j’avais été envoyé et où il y avait pas mal d’enfants d’origine israélite, j’ai reçu un jour de ma mère une de ces cartes « interzones » à l’espace limité, qui permettait de communiquer de la « zone occupée » à la « zone libre » ». Elle m’apprenait que mon père, après avoir été jugé, puis emprisonné à la Santé puis à Fresnes avait été envoyé dans un premier temps au camp de Voves avant d’être transféré à Compiègne, d’où elle venait d’apprendre qu’il venait de partir pour un autre camp (cf. photocopie de la carte verte écrite en allemand reçue alors par ma mère en sana, datée du 16 Juillet 1942 et dont l’adresse a été écrite manifestement par une main allemande, si l’on en juge à la graphie) ».
A Compiègne, Yvan Hanlet de Paris 11è, un jeune communiste dessinateur industriel qu’il a côtoyé au Dépôt de la préfecture, fait de Jean-Louis Le Mouël un portrait intitulé « Dépôt », en souvenir de leur incarcération commune, daté du 24 mai 1942.
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, Jean-Louis Le Mouël est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Son numéro d’immatriculation lors de son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 est inconnu. Le numéro « 45 781 ? » figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 correspondait à ma tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr en raison de l’existence des quatre listes alphabétiques successives que j’ai reconstituées, de la persistance de lacunes pour quatre noms, mais d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Il ne figure plus dans mon ouvrage Triangles rouges à Auschwitz.
Jean-Louis Le Mouël meurt à Auschwitz le 27 octobre 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz / Sterbebücher von Auschwitz (registre des morts) Tome 3 page 834).
« Je n’ai jamais revu mon père. A la Libération, ma mère est allée de multiples fois à la gare de l’Est où des trains de déportes étaient annoncés, venant d’Allemagne. Elle a aussi couru d’administration en administration, pour avoir des nouvelles de mon père. Puis un jour, on lui a notifié officiellement, par présomption, qu’il était décédé en captivité. Entre temps, l’Assistance publique nous avait placés, ma sœur et moi, dans des familles à Salies-de-Béarn, dans les Basses Pyrénées ».
La mention Mort en déportation est apposée sur son acte de décès (arrêté du 7 juillet 1994 paru au Journal Officiel du 17 août 1994). Cet arrêté porte néanmoins une mention erronée : « décédé le 31 décembre 1942 à Auschwitz (Pologne) ». Il serait souhaitable que le ministère prenne désormais en
compte par un nouvel arrêté la date portée sur son certificat de décès de l’état civil d’Auschwitz, accessible depuis 1995 (Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau).
Lire dans le site l’article expliquant les différences de dates entre celle inscrite dans les «Death books» et celle portée sur l’acte décès de l’état civil français) Les dates de décès des « 45000 » à Auschwitz.
Jean-Louis Le Mouël a été déclaré « Mort pour la France« .
Il est homologué comme « Sergent » au titre de la Résistance Intérieure Française (JO du 18 décembre 1949). date de prise de rang au 1er avril 1941
Son nom figure sur la plaque apposée au mur des anciennes usines Saurer, et sur le Monument aux Morts de Suresnes.
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Note 1 : Gilbert Le Mouël, journaliste, fils aîné de Jean-Louis Le Mouël m’a adressé, en complément du questionnaire sur la déportation de son père, quatre feuilles dactylographiées riches en renseignements personnels. J’ai choisi de les utiliser dans leur intégralité pour évoquer la vie de son père, en raison de leur précision et de la qualité de leur style.
Gilbert Le Mouël est décédé le 6 août 1993. - Note 2 : L’usine « O », secteurs 30 et 31, est située près du viaduc d’Auteuil, elle est en partie dédiée au secteur aviation de Renault. Elle comprend environ 1200 ouvriers. Le 28 mai 1936, l’Usine « O » débraie, comme toutes celles du groupe. Le 5 juin, après la reprise de la grève, le personnel de l’usine « O » rejoint en cortège la place Nationale.
- Note 3 : Il s’agit d’une boite de tampons encreurs du genre de celle utilisée par Paul Gianni fin 1940 : la boite « La Mondiale » servait à confectionner des bons pour les écoliers.
- Note 4 : Jacky Tronel in « Le péril communiste » vu par un juge d’instruction du 2ème tribunal militaire de Paris.
- Note 5 : L’internement administratif a été institutionnalisé par le décret du 18 novembre 1939, qui donne aux préfets le pouvoir de décider de l’éloignement et, en cas de nécessité, de l’assignation à résidence dans un centre de séjour surveillé, « des individus dangereux pour la défense
nationale ou la sécurité publique ». Il est aggravé par le gouvernement de Vichy en 1941. L’internement administratif est décidé par arrêté du préfet. Il est purgé par placement forcé dans un « camp d’hébergement ».
Sources
- Mairie de Suresnes, mars 1989.
- Lettre de Bénédicte Le Mouël, sa petite-fille, 21 janvier 1993.
- Questionnaire rempli et texte d’accompagnement de son fils aîné, Gilbert Le Mouël, journaliste, le 13 mars 1993.
- Archives de la Police, cartons occupation allemande, BA 2374.
- Souvenirs de la grève de 1936 / Jacques Delarue, historien.
- Réorganisation en France occupée de l’industrie automobile, Annie Lacroix-Riz, février 2011, Comité Valmy.
- Nomination de Jean Le Mouël comme sergent RIF, 7 décembre 1949 (archives familiales).
- Attestation Front National, 6 juillet 1949 (archives familiales).
- ACVG, pension à titre militaire (archives familiales).
- Carte-lettre du Frontstalag 122 indiquant le transfert le 16 juillet 1942 (archives familiales).
- Photos d’avant-guerre (Gilbert et Bénédicte Le Mouël) (archives familiales).
- © Déportés politiques du Morbihan, liste L, avec photo.
- © Photo de la porte d’entrée du camp d’Auschwitz : Musée d’Auschwitz-Birkenau
Notice biographique (complétée en 2016, 2019, 2021 et 2024), réalisée en 2005 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, Paris 2005. Prière de mentionner les références (auteur et coordonnées du blog) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com