André Bourdin : né en 1910 à Chartres (Eure-et-Loir), où il habite au moment de son arrestation ; mécanicien ; arrêté le 28 mars 1942 ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt.
André, Lucien Bourdin est né le 31 août 1910 à Chartres (Eure-et-Loir), où il habite au 10, rue Perrault au moment de son arrestation.
Il est le fils d’Eglantine, Elise, Lucie Lemaître, 23 ans, née en 1887 à Sandarville (Eure-et-Loir) et de Louis, Emile Bourdin, 27 ans, né à Chartres en 1883, imprimeur, son époux. Ses parents habitent alors au 3 ter, Tertre Saint-Aignan. Il a un frère ainé, Henri, lui aussi né à Chartres, le 4 février 1907.
Entre 1921 et 1942, la famille Bourdin habite au 10, rue Perrault à Chartres. En 1921, le père est imprimeur à « La Dépêche« . En 1926, André Bourdin est mécanicien chez Bégin (ou Beguini), son frère Henri est cordonnier chez Lourdin, mais leur père est devenu garçon de bureau chez Teisset, et leur mère est journalière à « La Dépêche ».
En 1931, André Bourdin est mécanicien chez Ambot. Son père est toujours garçon de bureau chez Teisset, et sa mère journalière à « La Dépêche ». En 1936, André Bourdin est manœuvre chez Lourdin. Son père est devenu journalier à la Ville de Chartres et sa mère toujours journalière à « La Dépêche ».
Nous ignorons si André Bourdin est un militant syndical et/ou politique. Mais son arrestation prouve qu’il figure certainement sur des listes de militants ou sympathisants communistes de la Préfecture de Police ou de la Sureté nationale.
Les 14 et 15 juin 1940 de violents bombardements allemands ravagent Montrichard, Vendôme et Voves. A Chartres, le 17 juin 1940 au soir, les troupes françaises laissent la place à la Werhmacht qui occupent la ville. De violents combats ont lieu le long du Cher jusqu’à l’armistice. Le 25 juin la « ligne de démarcation » passe par la vallée du Cher.
Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état
André Bourdin est arrêté le 28 mars 1942, « à la suite de l’attentat de Romainville » (mention portée sur la fiche individuelle du DAVCC, Ministère de la Défense, Caen : s’il existe un château de Romainville, à Cloyes-sur-Loir, et qu’il est possible que des officiers allemands l’aient occupé, nous n’y avons trouvé aucune mention d’un attentat. Pas plus qu’à Romainville en région parisienne).
Par contre le 15 mars 1942, des résistants communistes brisent la vitrine d’une librairie militaire allemande à Chartres et les dates d’arrestation concordent.
André Bourdin est remis aux autorités allemandes à leur demande.
Celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122), le 9 mai 1941.
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, André Bourdin est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
On ignore son numéro d’immatriculation à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942. Le numéro «45 288 ??» figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 correspondait à ma tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr en raison de l’existence des quatre listes alphabétiques successives que j’ai partiellement reconstituées, de la persistance de lacunes pour quatre noms, mais d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Il ne figure plus dans mon ouvrage Triangles rouges à Auschwitz.
Seule la reconnaissance, par un membre de sa famille ou ami, du portrait d’immatriculation publié ci-dessus pourrait désormais en fournir la preuve.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté à cette date
Aucun document des archives SS préservées de la destruction par la Résistance du camp ne permet de connaître la date du décès d’André Bourdin à Auschwitz.
Dans les années d’après-guerre, l’état civil français a inscrit la date du « 30 octobre 1942« date fictive apposée sur son état civil, afin de donner accès aux titres et pensions à sa famille.
Lire dans le site Les dates de décès à Auschwitz.
André Bourdin est homologué « Déporté politique ».
La carte est au nom de sa mère, Eglantine Bourdin
Sources
- Listes – incomplètes – du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de la F.N.D.I.R.P).
- Fichier national de la Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre 1993.
- © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
- Etat civil de Chartres. Recensements de Chartres de 1921 à 1936.
- Photo : la Wehrmacht défile à Blois © AD 28 /11F1 04210
Notice biographique rédigée en décembre 2010 (complétée en 2015, 2021 et 2024) par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 », Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice.
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