Auguste Dubois : né en 1904 à Joeuf (Meurthe-et-Moselle) ; domicilié à Homécourt (Meurthe-et-Moselle) ; mineur de fer ; délégué mineur ;  communiste ; arrêté le 20 février 1942 ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 25 septembre 1942

Auguste Dubois est né le 25 avril 1904 à Joeuf (Meurthe-et-Moselle).
Il habite 4, rue Gambetta à Homécourt (Meurthe-et-Moselle) au moment de son arrestation.
Il est le fils d’Amélie Humbert et d’Édouard Dubois, né le 30 septembre 1876 à Génaville (Meuthe et Moselle).
Leurs parents se sont mariés le 20 février 1895 à Auboué (Meurthe et Moselle).
Il a un frère aîné, Léon, né à Joeuf le 3 mars 1897. En 1911, la famille habite Neuves-Maisons puis Pompey en 1920, et à nouveau Neuves-Maisons. Leur père est employé comme comptable à la mine.
Conscrit de la classe 1924, Auguste Dubois suit l’exemple de son frère qui a devancé l’appel en 1915 et s’est engagé et il signe un engagement dans la Légion étrangère (1924 à 1928). A son retour de la légion il habite à Créhange (près de Faulquemont / Moselle).  En 1925, son frère est embauché comme lamineur à l’usine Marine De Wendel.
Le 25 avril 1932 à Jœuf, Auguste Dubois épouse Hubertine Reynders (tapé Reynoders à la machine sur le registre de recensement d’Homécourt en 1936), elle est née en 1897 à Lanaken (Belgique).

Puits du Fond de la Noue / (carte postale Punti,  éditeur, Homécourt; Collection : industrie.lu

Auguste Dubois est mineur de fer à la mine du « Fond de la Noue » à Homécourt.
Il est membre du Parti communiste. Militant syndical CGT, il est délégué mineur de 1936 à 1940.

Par décision de l’Occupant, la Meurthe-et-Moselle se trouve dans la « zone fermée » ou « zone réservée », destinée au futur «peuplement allemand ».

Fin juin 1940, toute la Meurthe-et-Moselle est occupée : elle est avec la Meuse et les Vosges dans la « zone réservée » allant des Ardennes à la Franche-Comté, destinée au « peuplement allemand ». À l’est de la « ligne du Führer », tracée depuis la Somme jusqu’à la frontière suisse, les autorités nazies envisagent une germanisation des territoires suivant différentes orientations. C’est un autre sort que celui de la Moselle et de l’Alsace, annexées par le Reich, du Nord et du Pas-de-Calais, mis sous la tutelle du commandement militaire allemand de Bruxelles, qui attend les territoires situés le long de cette ligne dite du Nord-Est. En tout ou partie, ces départements, et parmi eux les francs-comtois, font l’objet d’une « zone réservée » des Allemands (« En direct », Université de Franche-Comté). Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…). L’Alsace Moselle est occupée. Plus de 20 000 Allemands, soit l’équivalent de deux divisions, sont stationnés en permanence en Meurthe-et-Moselle. Le Préfet de Meurthe-et-Moselle collabore sans état d’âme avec les autorités allemandes, il « ne voit aucun inconvénient à donner à la police allemande tous les renseignements sur les communistes, surtout s’ils sont étrangers » (Serge Bonnet in L’homme de fer p.174).

La résistance communiste est particulièrement active dans le « Pays-Haut » (in Magrinelli, Op. cité pages 229 à 251). A Homécourt la Préfecture de Police recense 1 sabotage de voie ferrée et 3 sabotages de freins de wagons, à Auboué commune voisine de deux kilomètres : 2 sabotages de lignes téléphoniques, 2 sabotages d’installations industrielles, 3 sabotages de voies ferrées.

Auguste Dubois est membre d’un groupe de combat de la Résistance, organisé par le Parti communiste (témoignage de Charles Dallavalle).
Le sabotage du transformateur d’Auboué, entraîne une très lourde répression en Meurthe-et-Moselle.
Lire dans le site : Meurthe et Moselle Le sabotage du transformateur électrique d’Auboué (février 1942).
Hans Speidel à l’Etat major du MBF annonce qu’il y aura 20 otages fusillés et 50 déportations.

Le 20 février 1942, Auguste Dubois est arrêté comme otage, avec Arsène Dautréaux après le sabotage du transformateur d’Auboué (lire le récit du sabotage du transformateur d’Auboué, dans la nuit du 4 au 5 février 1942).
Auguste Dubois est remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122) en vue de sa déportation comme otage.
Depuis ce camp, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Auguste Dubois est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942. Son camarade Arsène Dautréaux, dans une lettre qu’il jette sur le ballast, signale sa présence dans le convoi.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Son numéro d’immatriculation à Auschwitz n’est pas connu. Le numéro « 45488 » figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 (éditions de 1997 et 2000) et signalé comme incertain correspond à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules, qui n’a pu aboutir en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Il est donc hasardeux de maintenir ce numéro en l’absence de nouvelles preuves.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Auguste Dubois meurt à Auschwitz le 25 septembre 1942 d’après son certificat de décès établi au camp pour le registre d’état civil de la municipalité d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 242.

Sources

  • Témoignage de Jacques Jung, d’Homécourt, 45699, rescapé du convoi
  • Dossier d’Arsène Dautréaux, arrêté en même temps qu’Auguste Dubois.
  • M. Jean Pierre Minella, maire d’Homécourt (9 mars 1989).
  • Témoignages de Charles Dallavalle, ouvrier sidérurgiste aux usines Marine Wendel d’Homécourt avant guerre et Résistant (1972).
  • Listes – incomplètes – du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de la F.N.D.I.R.P).
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Fichier national du Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BACC), Ministère de la Défense, Caen, octobre 1993.
Le Républicain Lorrain 28 juillet 1997
Affiche de la conférence du 5 juillet 1997 salle Pablo Picasso à Homécourt

Notice biographique rédigée en 1997 pour la conférence organisée par la CGT et le PCF de la vallée de l’Orne, à Homécourt le 5 juillet 1997, complétée en 2015, 2018 et 2021 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45.000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000.
Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger  vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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