Matricule « 46.181 » à Auschwitz

René Vasnier : né en 1916, à Bayeux (Calvados) ; domicilié à Cheux (Calvados) ; employé de Mairie ; arrêté comme otage le 3 mai 1942 ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz ; décédé à Auschwitz-Birkenau. 

René Vasnier est né le 12 juin 1916, à Bayeux (Calvados) au domicile de ses parents, 102, rue Saint-Loup.
Il habite Cheux (Calvados) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Berthe, Marie, Henriette Cauvet, 41 ans, née le 4 février 1875 à Fleury-sur-Orne, sans profession et de Charles Edmond Vasnier, 38 ans, né le 23 août 1877 à Caen, monteur en téléphone aux PTT, son époux.
En 1926 et 1931, la famille a déménagé et habite au 100, rue Saint-Loup à Bayeux.
Ils ont à changé de domicile en 1936, et habitent à Fleury-sur-Orne, la commune de naissance de sa mère, au n°102 du lieu-dit « Mont-Barbey ». Le registre du recensement indique « néant » comme profession pour les 3 locataires (son père est sans doute retraité : à 59 ans, monteur en lignes, il a dû bénéficier de la Loi du 18 août 1936 qui abaisse les limites d’âge).
René Vasnier aurait été militant des Jeunesses Socialistes avant son départ au régiment en octobre 1937 (témoignage de M. Fournier, Union Départementale des Syndicats Ouvriers du Calvados, syndicat autorisé, dont il est le secrétaire administratif à Caen, lettre à De Brinon (représentant du gouvernement français auprès du Haut-Commandement allemand) du 11 avril 1943 pour indiquer que René Vasnier n’a jamais été communiste)

Liste d’individus suspects d’affinités communistes. Montage photo Pierre Cardon

Concernant sa profession nous savons par un document allemand qu’il est employé de mairie à Caen (une liste d’arrestations opérées par les allemands le 7 mai 1942, d’individus suspectés d’affinités communistes comporte le nom de Vasnier, sans prénom, mais avec comme profession : employé à la Mairie de Caen).
Sa mère décède le 21 juillet 1937 à l’hôpital du Bon sauveur à Caen.

René Vasnier est mobilisé en septembre 1939 comme soldat de deuxième classe, 3è brigade hippomobile. Il est fait prisonnier pendant la Bataille de France et interné au Stalag XII A (matricule 23.277). 

Le 14 juin 1940, l’armée allemande d’occupation entre dans Paris, vidé des deux tiers de sa population. La ville cesse alors d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Toute la Basse Normandie est occupée le 19 juin. Les troupes de la Wehrmacht arrivant de Falaise occupent Caen le mardi 20 juin 1940. La Feldkommandantur 723 s’installe à l’hôtel Malherbe, place Foch. En août huit divisions d’infanterie allemande – qu’il faut nourrir et loger – cantonnent dans la région. L’heure allemande remplace l’heure française.

René Vasnier 
est rapatrié d’Allemagne le 17 mars 1942. A peine rentré à Fleury, d’où il a été absent pendant cinq ans (service militaire, mobilisation en 1939

et stalag). Il est arrêté le 3 mai 1942, comme otage suspect d’affinités communistes, en représailles au déraillement de deux trains de permissionnaires allemands à Airan-Moult-Argences (38 morts et 41 blessés parmi les permissionnaires de la Marine allemande à la suite des sabotages par la Résistance, les 16 et 30 avril 1942, de la voie ferrée Maastricht-Cherbourg où circulaient deux trains militaires allemands. Des dizaines d’arrestations sont effectuées à la demande des occupants. 24 otages sont fusillés le 30 avril à la caserne du 43ème régiment d’artillerie de Caen occupé par la Werhmarcht. 28 communistes sont fusillés en deux groupes les 9 et 12 mai, au Mont Valérien et à Caen. Le 9 mai trois détenus de la maison centrale et des hommes condamnés le 1er mai pour « propagande gaulliste » sont passés par les armes à la caserne du
43ème RI.  Le 14 mai, 11 nouveaux communistes sont fusillés à Caen.
Lire dans le site : Le double déraillement de Moult-Argences et les otages du Calvados (avril-mai 1942) et la note du Préfet de Police de Paris à propos des deux sabotages de Moult-Argences : Collaboration de la Police français (note du Préfet de police, François Bard).

Il est remis aux autorités allemandes à la demande de la Feldkommandantur 723. Celles-ci l’internent au camp de Royallieu à Compiègne, le 4 mai, en vue de sa déportation comme otage.
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, René Vasnier est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante trois « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro matricule « 46181 ».
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi les 522 que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.  Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Il est signalé à l’infirmerie de Birkenau le 21 novembre 1942. Mais aucun document des archives SS préservées de la destruction ne permet de connaître la date exacte de son décès à Auschwitz. Dans les années d’après-guerre, l’état civil français n’ayant pas eu accès aux archives d’Auschwitz emportées par les armées soviétiques a fixé celle-ci en septembre 1942 sur la base du témoignage de deux de ses compagnons de déportation.
Le titre de « Déporté politique » lui a été attribué.

Une plaque commémorative a été apposée le 26 août 1987 à la demande de  David Badache et André Montagne, deux des huit rescapés calvadosiens du convoi. Le nom de Maurice Scharf est inscrit sur la stèle à la mémoire des caennais et calvadosiens arrêtés en mai 1942. Située esplanade Louvel, elle a été apposée à l’initiative de l’association « Mémoire Vive », de la municipalité de Caen et de l’atelier patrimoine du collège d’Evrecy. Elle est honorée chaque année.

Source

  • Listes – incomplètes – du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de la F.N.D.I.R.P).
  • Fichier national de la Division des archives des victimes des conflits contemporains SHD Caen (DAVCC), ministère de la Défense, Caen.
  • Recherches généalogiques (état civil, recensement, registre matricule militaire) effectuées par Pierre Cardon

Notice biographique rédigée en janvier 2001 (complétée en 2014, 2016, 2017, 2020 et 2021) par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé), à l’occasion de l’exposition organisée par des enseignants et élèves du collège Paul Verlaine d’Evrecy, le lycée Malherbe de Caen et l’association « Mémoire Vive ». Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique. Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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