Matricule « 45 571 »  à Auschwitz

Rescapé

Eugène Garnier : né en 1908 à Saint-Georges-des-Groseillers (Orne) ; domicilié à Flers (Orne) ; ajusteur-outilleur ; syndicaliste Cgt, communiste ; arrêté le 18 octobre 1941, comme otage communiste ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz ; rescapé ; décédé le 22 août 1969.

Eugène Garnier est né le 16 juin 1908 à Saint-Georges-des-Groseillers (Orne).
Il habite au 14, rue Lemonnier à Flers (Orne) avec sa femme Jeanne et ses deux fils au moment de son arrestation.
Il est le fils de Berthe, Noémi, Marie Vallée, dévideuse, née le 26 avril 1887 à Flers et d’Eugène, Louis Garnier,  son époux, chaudronnier, né à Le Hops (53) en 1884. Il a un frère, Georges, Eugène, Pierre  (1914-1986).
Leur père est tué le 28 janvier 1916 pendants les combats à Châlons-sur-Marne.
Enfant, il est élève au séminaire d’Avranches. Il est « adopté par la nation » (jugement du tribunal de Mortain en date du 23 octobre 1918). « Eugène Garnier fréquenta le collège jusqu’à treize ans » (Le Maitron).  

L’Ouest Eclair du 4 novembre 1928

Il épouse Jeanne, Anna, Germaine Laisné (1909-2003) à Flers le 27 octobre 1928. Elle est caoutchoutière. Il habite à l’époque au 102, rue de Paris et elle au 6, rue du docteur Vayssières. Le couple aura deux garçons : Georges, (20-09-1929 / 25-02-2013) et Michel (1930-2011).

Ajusteur-outilleur, Eugène Garnier travaille chez Demolin, entreprise de mécanique générale à Flers. Dès 1926, il adhère à la CGTU. Il est par la suite monteur diéseliste (une des spécificité de l’entreprise de Flers).
Sa mère décède le 26 avril 1930 à Flers.
Eugène Garnier adhère au Parti communiste en 1932, après un bref passage à la SFIO.
Il est licencié en 1933 ou 1934 pour avoir créé le syndicat CGTU dans son entreprise.
En avril 1935, il contribue à la création de la Fédération de l’Orne du Parti communiste (une réunion constitutive a lieu à Alençon, en présence de Gabriel Roucaute, membre du Comité central). En 1935 « il organisa avec Victor Couturier un centre d’études sociales qui siégeait à la Maison des syndicats et où l’on donnait des conférences d’histoire ou de théorie politique » (Le Maitron). Il est candidat aux élections municipales à Flers en 1935.
En 1936, il participe aux grèves et à la formation de l’Union locale CGT réunifiée de Flers (il fait partie de la direction locale). Il participe aussi à la rédaction et à la diffusion du Journal du Front populaire dans l’Orne « La voix du peuple » (1). « Ayant participé activement aux luttes contre les bandes du colonel De Laroque, bataille à la fois politique et physique, car il fallait empêcher les réunions, j’étais forcément très connu des dirigeants réactionnaires et par la police » (Eugène Garnier).

L’Humanité du 12 octobre 1937

Il est candidat aux élections municipales à Flers en 1935 sur la liste communiste dirigée par Pierre Mohrange et Victor Couturier (la liste obtient entre 199 et 411 voix, pour une majorité absolue à 1.167 voix). Il est présenté comme candidat aux élections cantonales le 10 octobre 1937. Il met sur pied des comités locaux du mouvement Amsterdam-Pleyel, et anime les comités de réception des réfugiés républicains espagnols.

En 1938, il devient le secrétaire de la section communiste de Flers. Il devient membre des instances fédérales en 1939.

Fin 1939, il fait partie de la première direction du Parti communiste dans l’illégalité (le Parti communiste est interdit le 26 septembre 1939). Lors de la déclaration de guerre, Eugène Garnier est « affecté spécial » à l’usine Manathis, dans la vallée de la Vère, puis il est vraisemblablement radié de l’affectation spéciale, comme presque tous les syndicalistes et communistes connus.  Il est alors mobilisé le 6 mai 1940.  Jusqu’à cette date il diffuse tous les documents du Parti communiste clandestin.

Du 7 au 19 juin 1940 la Normandie est envahie par les chars de Rommel. Le 14 juin 1940, Alençon est ciblée par la Lufwaffe. Le 16 juin la 7èmePanzerdivision ravitaille à Flers, et traverse l’Orne à Alençon le 17. Flers, Vire et Coutances sont prises sans résistance. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…)

Après la capitulation, Eugène Garnier est démobilisé. Il renoue le contact avec ses camarades et organise les premières réunions clandestines à son domicile (Emile Banis, Lucien Blin, José Espeletta, Maurice Hochet, Léon Leriche, Faustin Merle, Paul Saniez, Gaston Valet, Henri Véniard (2).
En octobre 1941, il rencontre à Flers le colonel Fabien (Pierre George) et fonde, à la suite de cet entretien, le premier groupe FTPF dans la vallée de la Vire. Après l’armistice et dès le début de l’Occupation allemande, la police de Vichy a continué de surveiller les syndicalistes, anciens élus, candidats ou militants communistes « notoires » et procédé à des perquisitions et des arrestations.
« Ayant participé activement aux luttes contre les bandes du colonel de la Roque », bataille à la fois politique et physique (…) Eugène était forcément très connu des dirigeants réactionnaires et de la police » écrit sa femme, Jeanne Garnier. C’est pourquoi, après une distribution de tracts appelant « au sabotage des installations des occupants et des entreprises sous leur contrôle« , il se sait menacé.
Début octobre 1941, avec Jeanne, il se rend chez son ami et camarade Gaston Valet, dans la maison du Bois de Flers de celui-ci. « La Gestapo était sur ses pas, mais avant son arrestation il voulait donner les moyens de continuer la lutte – et malgré le danger, avec un grand courage – il m’a mis en contact avec un responsable clandestin. Il m’a donné tout le matériel, ce qui m’a permis de recréer le réseau de Résistance dans l’Orne. C’était un homme exceptionnel » (Gaston Valet 2/09/1969 lettre à son épouse après le décès d’Eugène).
Eugène Garnier est arrêté à son domicile, par la police allemande, le 18 octobre 1941, à 6 heures du matin. Le même jour que Lucien Blin, Justin Daguts, Maurice Denis, Louis Leriche et Christ Vannier, syndicalistes ou militants communistes de l’Orne qui seront comme lui déportés à Auschwitz le 6 juillet 1942. « Le danger imminent de voir se développer des attentats et de nouvelles distributions massives de tracts, notamment dans la région flérienne où elles ont été très nombreuses durant les mois précédents, pousse les autorités locales à lancer une grande opération de ratissage sur tout le département. Au total, dix-neuf personnes sont arrêtées dans la journée» (3). Il écrit (7 mars 1969) « La perquisition de la Gestapo le jour même, a lieu à la suite de la distribution massive d’un tract (rédigé et imprimé par imprimerie clandestine). Cette diffusion est à la base de l’arrestation de 3 camarades traduits en cour martiale, dont l’un deux, Henri Veniard fut fusillé à Caen le 12 novembre 1941. Les tracts appelaient au sabotage des installations de l’Occupant et des entreprises sous leur contrôle, également au renforcement de la Résistance et à la création de comités populaires, qui par la suite donnèrent naissance au Front national et aux premiers groupes FTPF »

Eugène Garnier est incarcéré à Alençon. Puis le 18 octobre 1941, il est remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne, le lendemain. Au Frontstalag 122, il devient rapidement l’un des responsables de la Résistance clandestine.
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Eugène Garnier est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Eugène Garnier le 8 juillet 1942

Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro matricule  « 45.571 ».

Sa photo d’immatriculation (3) à Auschwitz a été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Du fait du manque d’hygiène, il est comme beaucoup de ses camarades, victime de furoncles aux jambes (infections bactériennes) « Dans la première quinzaine de décembre 42, j’ai du rentrer au « Krankenbau » lieu sinistre qui veut dire en français « maison du malade ». J’avais les jambes pleines de furoncles et ne pouvais me tenir sur mes jambes. Ce repos me fut salutaire malgré tout, mais la nourriture y étant encore plus rationnée qu’au camp, je me voyais maigrir à vue d’œil. C’est pourquoi dès que mes plaies ont commencé à se cicatriser, j’ai fait l’impossible pour quitter au plus vite cet antichambre de la mort » (lettre à la veuve de Marcel Le Fevre)

Entre le 14 août 1943 et le 12 décembre 1943, il est en quarantaine au Block 11 avec la quasi totalité des Français survivants. Lire l’article du site « les 45000 au block 11.  Le 12 décembre, les Français quittent le Block 11 et retournent dans leurs anciens Kommandos.

Le carnet de Roger Abada

Il est l’un des organisateurs de la Résistance, avec Robert Lambotte et Roger Abada (ci-contre la page du carnet de Roger Abada écrite au camp de Dora en 1945, où il a noté les noms des « 45 000″ qui organisent la résistance à Auschwitz). Il note « Eugène », décembre 42, Femmes. Marie-Elisa Cohen, rescapée du convoi des « 31.000 », parle de lui avec admiration, disant ce que sa présence au Kommando Jardin apporta aux déportées françaises, aide matérielle et réconfort moral.
Tous les survivants consultés expriment les mêmes sentiments d’estime et d’affection.

Il est jusqu’à la libération du camp, l’un des principaux animateurs de la Résistance. Il représente les Français au sein du Comité international clandestin.

Dès 1944, devant l'avancée des armées soviétiques, les SS commencent à ramener vers le centre de l’Allemagne les déportés des camps à l’Est du Reich, dont Auschwitz. Les premiers transferts de "45.000" ont lieu en février 1944 et ne concernent que six d’entre eux. Quatre-vingt-neuf autres "45.000" sont transférés au cours de l'été 1944, dans trois camps situés plus à l'Ouest - Flossenbürg, Sachsenhausen, Gross-Rosen - en trois groupes, composés initialement de trente "45000" sur la base de leurs numéros matricules à Auschwitz.  Une trentaine de "45.000" restent à Auschwitz jusqu'en janvier 1945.

Il reste à Auschwitz lors du dernier transfert (janvier 1945) en se dissimulant jusqu’à la libération du camp d’Auschwitz, le 27 janvier, par l’armée soviétique (le récit qu’il en donne est passionnant).
« Il est l’un des rares rescapés, sinon le seul, à avoir été libéré à Auschwitz » écrivait Roger Arnould dans une note. En fait, son camarade André Faudry y est également libéré.

Lire dans le site : La Résistance et la libération d’Auschwitz : témoignage d’Eugène Garnier « 45.571 », qui se termine par ces paragraphes : « Pour nous, rescapés de ce camp d’Auschwitz, nous pouvons dire que ce 27 janvier 1945 fut le plus beau jour de notre vie. Et c’est à la glorieuse Armée Rouge que nous le devons. Elle nous a rendu ce que les hommes ont de plus cher, la liberté. Cela nous ne l’oublierons jamais… Le grand honneur des patriotes français déportés à Auschwitz a été d’avoir apporté au travail clandestin dans le camp un souffle nouveau d’énergie et de dynamisme. Ils avaient pour cela parmi eux des militants communistes qui surent rester fidèles à leur mission et travailler dans des conditions encore jamais connues. Les internés des autres nationalités s’inclinaient devant leur foi dans la victoire et leur combativité et disaient, pleins d’admiration : « Ces Français ont un moral de fer ». Mais bien peu de ces douze cents patriotes déportés de Compiègne en juillet 1942 sont revenus. Bien peu des dizaines de milliers d’israélites venus de France par trains entiers sont rescapés. Des millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont péri dans les chambres à gaz et les fours crématoires du maudit «camp de la mort ».  Pourtant de cette multitude de martyrs, des noms de combattants se détachent comme un exemple éternel pour les survivants : Danielle Casanova, Georges Varenne, parmi tant d’autres sont de ceux-là. Rudolf Friemel, Ludwig Wessely et notre dirigeant viennois Ernst Burger ont concrétisé par leur supplice la lutte commune de tous les peuples contre la barbarie fasciste ».

Eugène Garnier et André Faudry sont libérés par les Soviétiques, le 27 janvier 1945. Son rapatriement s’effectue par le port d’Odessa : il embarque le 10 mai 1945.

Eugène Garnier en 1956

Sa santé est compromise (il est pensionné à 100 % + 13 %), mais son activité demeure intacte.
Il est secrétaire de la section de l’ADIRP de Flers depuis 1945.
En 1946 il est l’un des témoins du livre « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz.
« Il se présenta aux élections législatives en 1945 et 1956″.

Selon l’Association « Mémoire vive », il aurait été, comme Henri Gorgue, témoin au procès de Rudolf Höss en 1947, au titre de l’Amicale d’Auschwitz. Nous n’avons néanmoins pas trouvé trace de son témoignage parmi les dizaines de ces témoignages conservés à l’Institute of National Remembrance, dont celui d’Henri Gorgue que nous publions par ailleurs.

En 1964, il est élu secrétaire de l’ADIRP de l’Orne. Il est membre du comité national de la FNDIRP depuis le premier comité national de Marseille.
Dans l’Orne, aux élections à la proportionnelle du 21 octobre 1945, où les femmes votent pour la première fois, si le Parti communiste fait plus que tripler ses voix de 1936 avec 13.332 voix, il n’arrive qu’en quatrième position avec (le MRP est largement premier avec 55.804 voix), alors que le PCF est premier au niveau national avec plus de 27 % des suffrages.

Dans les années 1960

« Il continua après 1945, à animer la section communiste de Flers et à être un des principaux responsables de la CGT sur le plan départemental. Après 1969, date de sa mort, son fils, Michel Garnier, lui succéda dans ces rôles. Administrateur de la Sécurité sociale et membre de nombreuses associations populaires, Eugène Garnier a marqué la vie flérienne de sa forte personnalité. La population ouvrière, même chrétienne, lui a reconnu des qualités de dévouement et de combativité. L’assemblée réunie le jour de son inhumation fut, au dire des témoins, la plus importante qui ait suivi à l’époque une cérémonie funèbre à Flers ».
Il est membre du Comité national de la FNDIRP, et il est élu à plusieurs reprises conseiller municipal de Flers.
Il est élu administrateur de la Caisse Primaire de Sécurité sociale de l’Orne, membre de la Commission régionale de la Sécurité sociale à Roue, et administrateur de l’hôpital de Flers.

Le titre de « Déporté Résistant » lui a été attribué (N° 1039 32259).
Il est homologué Lieutenant premier échelon de la Résistance Intérieure Française, au titre du Front national (n°156.555). Il a la carte du combattant (n°40.261). Il est décoré de la Légion d’Honneur, et il a reçu la Médaille de Combattant volontaire de la Résistance.

Il a reçu la Croix de l’IMOS polonaise

Il a reçu également la Croix de guerre polonaise (lettre du commandant du mouvement de résistance IMOS : « pour les qualités militaires dont tu as fait preuve au KL d’Auschwitz » (Josek pour le groupe Auschwitz).

La lettre de l’IMOS

Il a fait de nombreux courriers aux familles de ses camarades disparus, comme celle adressée à la veuve de Marcel, Louis Le Fèvre le 5 février 1965.

Venger leur mémoire. La mort de Marcel Le Fevre, témoignage d’Eugène Garnier.

Dans la lettre adressée à l’épouse de Marcel Le Fevre, où il relatait les derniers moments de son mari, il concluait : « jusqu’à mon dernier souffle, soyez assurée madame que je ferai l’impossible pour qu’il n’y ait plus jamais d’Auschwitz. Plus jamais de fascisme et de nazisme ».

Toujours domicilié au 14, rue Lemonnier à Flers, il soutient un rythme exceptionnel d’activité, malgré la maladie. Il prend sa retraite professionnelle à 60 ans, en juin 1968.

Il décède le 22 août 1969 à l’Hôpital Saint-Antoine (Paris 12ème. INSEE n° 2313). 2000 personnes assistent à ses obsèques à Flers : aucune cérémonie funèbre n’avait rassemblé une assemblée aussi importante à Flers. « Administrateur de la Sécurité sociale et membre de nombreuses associations populaires, Eugène Garnier a marqué la vie flérienne de sa forte personnalité. La population ouvrière, même chrétienne, lui a reconnu des qualités de dévouement et de combativité. L’assemblée réunie le jour de son inhumation fut, au dire des témoins, la plus importante (2 000 personnes) qui ait suivi à l’époque une cérémonie funèbre à Flers » (Jean-Pierre Besse, in Le Maitron).
Plusieurs orateurs lui rendent hommage (FNDIRP, Parti communiste, et André Montagne pour les « 45 000 »).
Son nom a été donné à la rue de l’hôpital de Flers, l’année même de son décès.

  • Note 1 : « Organe bimensuel ou hebdomadaire des comités antifascistes de l’Orne au service du Front populaire », qui devient l’organe « des comités de Front populaire de l’Orne » puis « de défense du Front populaire dans l’Orne ». Après 56 numéros publiés depuis le 5 avril 1936 à décembre 1938, le journal devient le 8 janvier 1939 « La Normandie  populaire » hebdomadaire d’information édité par les régions communistes de l’Orne et du Calvados.
    Note 2 : Centre de Recherche d’Histoire Quantitative (CRHQ) Biographies de résistants de l’Orne, par Thomas Pouty et Stéphane Robine.
    Note 3 : 522 photos d’immatriculation des « 45.000 » à Auschwitz ont été retrouvées parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation du camp d’Auschwitz. A la Libération elles ont été conservées dans les archives du musée d’Etat d’Auschwitz. Des tirages de ces photos ont été remis par Kazimierz Smolen (ancien détenu dans les bureaux du camp d’Auschwitz, puis directeur du Musée d’Etat d’Auschwitz) à André Montagne, alors vice-président de l’Amicale d’Auschwitz, qui me les a confiés.

Sources

  • Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Le Maitron, Claude Pennetier (dir), éditions de l’Atelier, CD-Rom édition 1997. 
    (Tome 29, page 145). Le  Maitron souligne « son dévouement et sa combativité« .
  • Témoignage de Georges Valet (2 septembre 1969)
  • Questionnaire biographique (contribution à l’histoire de la déportation du convoi du 6 juillet 1942), envoyé aux mairies,
    associations et familles au début de mes recherches, en 1987, rempli par 
    son épouse Jeanne, qui m’a transmis des récits, textes et photos (20 novembre 1987).

Notice biographique  réalisée en avril 2001 (modifiée en  2011, 2017, 2018 et 2021), pour l’exposition organisée par des enseignants et élèves du collège Paul Verlaine d’Evrecy, le lycée Malherbe de Caen et l’association «Mémoire Vive». Par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942″ Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des 45.000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000. Pour compléter ou corriger cette biographie, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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