Henri Roy DR
Henri Roy ; né en 1898 à Reims (Marne), où il réside au moment de son arrestation ; ouvrier verrier ; secrétaire du syndicat CGT des métaux; arrêté le 3 juin 1941 et le 26 février 1942 ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 18 septembre 1942.

Henri Roy est né le 13 janvier 1898 à Reims. Ouvrier verrier, il est domicilié à Reims au 12, rue Louis Bréhier, au  moment de son arrestation le 26 février 1942.
Il est né au domicile de ses parents à la Verrerie. Il est le fils de Louise Laforêt, 45 ans, journalière et de Joseph Roy , 50 ans, son époux.
Son registre militaire nous apprend qu’il mesure 1m 74, a les cheveux et les yeux noirs, le front et le nez moyens le visage ovale. Au moment du conseil de révision, il habite à Décize (Nièvre). Il est verrier, puis il sera manœuvre spécialisé, puis terrassier. Il a un niveau d’instruction n° 3 pour l’armée (sait lire, écrire et compter, instruction primaire développée).
Conscrit de la classe 1918, il est recensé dans le département de la Marne (matricule 1537). Il devrait être mobilisé par anticipation en avril 1917, comme tous les jeunes hommes de sa classe depuis la déclaration de guerre, mais il est ajourné pour « faiblesse » en 1917. Il est mobilisé en 1918 et affecté le 17 avril au 11ème Régiment du Génie. Le 13 janvier 1919, il est transféré au 17ème Bataillon du génie. Le 21 juin 1919, il est transféré au 9ème Régiment du génie, compagnie 6/1. Il est en prévention de conseil de guerre et condamné à 8 mois pour « dissipation de munitions et menaces de mort le 14 août ». Il rentre au dépôt le 29 décembre 1919. Il est démobilisé le 27 juillet 1921, « certificat de bonne conduite refusé ».
Il retourne à Reims. A la mi-septembre 1921, il est domicilié au n°5 des Cités de la Verrerie de Reims.

Le 27 mai 1922 à Reims, Henri Roy épouse Annette, Germaine Guedat. Le couple aura huit enfants : Henry, né le 7 juin 1926, Louis, né le 10 octobre 1929, Jeanne, née le 12 novembre 1930, Raymond né le 22 mai 1933, Huguette, née le 28 février 1935, et Jean, né le 29 mars 1937.
La famille y habite jusqu’en septembre 1928, date à laquelle Henri Roy est domicilié à Boulogne (Seine / Hauts-de-Seine) au 28, rue d’Aguesseau jusqu’en novembre 1930, date à laquelle il est revenu à Reims au 122, rue Courlancy.
Ils déménagent au 14 rue Narcisse Brunette et routes prolongées jusqu’en mai 1936. Puis ils habitent le quartier de la « Case Fayère ».
Henri Roy est le secrétaire du Syndicat CGT des Métaux de Reims en 1935 (25 adhérents).
Père de famille de 6 enfants (ramené à ce titre à la classe « 1907 »), Henri Roy ne sera pas mobilisé à la déclaration de guerre en 1939.

Adolf Hitler à la cathédrale de Reims, le 26 juin 1940 (© journal L’Union).

En 1940, l’évacuation de Reims est décrétée par les autorités militaires françaises le 19 mai devant l’avancée allemande. Le 11 juin 1940 des éléments de la 45ème division d’infanterie allemande entrent à Reims. Le 14 juin, la Wehrmacht défile à Paris, sur les Champs-Élysées. Le 22 juin, l’armistice est signé : la France est coupée en deux par la « ligne de démarcation » qui sépare la zone occupée de celle administrée par Vichy. Le 22 juin 1940, l’armistice est signé : la moitié nord de la France et toute la façade ouest sont occupées. Le pays est coupé en deux par la « ligne de démarcation » qui sépare la zone occupée et celle administrée par Vichy. Le 10 juillet 1940 Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

René Bousquet et à sa droite Carl Oberg, Gruppenführer, chef de la SS et de la Police pour la France

Dès septembre 1940, le Préfet René Bousquet fait établir par commune, des listes de “communistes notoires” et effectue des enquêtes dans les entreprises. Ainsi, en décembre 1940, 200 militants sont identifiés et photographiés dans une trentaine de communes du département. Au lendemain de l’invasion de l’Union soviétique, il donne des instructions très précises pour la surveillance des « menées communistes ». En septembre 1941, avec l’institution de la « politique des otages », les autorités allemandes se font remettre les notices individuelles des communistes arrêtés et incarcérés par la police française. On lira sur le net les articles consacrés à Bouquet par Jean-Pierre et Jocelyne Husson : « René Bousquet et la politique vichyste d’exclusion et de répression ».
Lire l’article du site : Le rôle de René Bousquet dans la déportation des « 45.000 » de la Marne.

Henri Roy  est arrêté une première fois pour distribution de tracts et propos communistes, le 3 juin 1941, il est arrêté par la gendarmerie française et conduit à la Maison d’arrêt de Reims. Il est condamné en juillet, pour « propos communistes » (sans doute à un mois de prison). Il est libéré le 15 août suivant.
Il est arrêté à nouveau le 26 février 1942, à son domicile, par la Feldgendarmerie, comme otage, le même jour que 17 autres Marnais. Le 26 février 1942, la Feldgendarmerie arrête en effet à Reims 18 militants syndicaux et politiques dont huit seront déportés à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 » : Marcel GauthierJules HuonGuy LecruxRené ManceauFélix ReillonMaurice Roussel,  Henri RoyRoland Soyeux, ainsi que des membres de la communauté juive.
Henri Roy est interné à la prison Robespierre à Reims, puis interné au camp de détention allemande de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122), le 5 mars 1942.

Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Henri Roy est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Aushwitz-Birkenau.
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Henri Roy meurt à Auschwitz le 4 novembre 1942
d’après les registres du camp (Sterbebücher von Auschwitz). Dans les années d’après-guerre, l’état civil français, n’ayant pas eu accès aux archives du camp d’Auschwitz emportées par les armées soviétiques, a fixé la date de son décès au 6 juillet 1942 à Compiègne.
Un rectificatif de 1999 la reporte au 11 juillet 1942 à Auschwitz (soient les 5 jours après le départ du convoi)…. Ce qui n’est toujours pas la vraie date. Sa famille s’est adressée à Fernand de Brinon, Délégué général pour le gouvernement de Vichy pour les territoires occupés, afin d’obtenir de ses nouvelles après sa déportation. Mais en vain. µ
Henri Roy a été homologué « Déporté politique ».
Il est homologué au titre des Forces Française de l’Intérieur (FFI) comme appartenant à l’un des mouvements de Résistance .

Reims. Plaque rue Bréhier, photo Husson DR

Une plaque commémorative apposée sur sa maison en 1947 par la municipalité de Reims indique « Patriote mort en déportation au camp d’Auschwitz ».
Son nom est gravé sur le monument aux morts et de la Déportation de Reims

Sources

  • « Reims, souviens-toi« , travail effectué par les élèves de Mme Jocelyne Husson, professeur à Reims. 1990.
  • Recensement par André Aubert des déportés marnais non rentrés.
  • Bureau de la Division (ou Pôle) des archives des victimes des conflits contemporains
    Dessin d’élève in “Reims souviens-toi”, p. 35

    (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen (dossier individuel).

  • Fichier national des déplacés de la Seconde guerre mondiale (archives des ACVG).
  • Le Maitron, Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier, tome 47, p.7.
  • Death Books from AuschwitzSterbebücher von Auschwitz (registre des morts) : Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Registres matricules militaires.
  • Correspondance avec M. Ducrot (2019).

Notice biographique (mise à jour en 2010, 2018, 2019 et 2021) réalisée à l’occasion de la conférence donnée au CRDP de Reims sous l’égide de l’AFMD de la Marne le 4 décembre 2002, par Claudine Cardon-Hamet en 2002, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, Paris 2005. Prière de mentionner les références (auteur et coordonnées du site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com 

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