Henri Goux le 8 juillet 1942 à Auschwitz

Matricule « 45 625 » à Auschwitz

Henri Goux :  en 1922 à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), où il habite ; électricien, manœuvre en bâtiment ; arrêté le 26 février 1942 ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt.

Henri Goux est né le 27 mars 1922 à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire).
Il habite 6, rue aux Prêtres à Chalon au moment de son arrestation.
Il est le fils de Marie Pierrette Bouchard, née le 18 février 1878 à Ménétreuil (Saône-et-Loire) et de Bonaventure Goux, né en 1885 à Montpont (Saône-et-Loire), charpentier. Le couple s’est marié le 2 février 1924 à Chalon.
Il a deux frères aînés, Gaston, né à Louhans en 1910 et Gilbert, né en 1921 à Chalon.
En 1936, il vit chez son frère Gaston son frère aîné, l’épouse et la fille de celui-ci,  ainsi que  son père qui est au chômage et leur mère.

Courrier de Saône et Loire du 18 juillet 1937

On trouve dans le Courrier de Saône et Loire du 18 juillet 1937, les résultats des examens de fin d’étude « des élèves ayant obtenu le « Certificat d’étude d’ancien élève des ENP » le nom d’Henri Goux, avec la mention « électricien ».
Célibataire, il est manœuvre dans le Bâtiment au moment de son arrestation en 1942.
Henri Goux est membre du Parti communiste, connu comme militant par les services de police.

La Saône-et-Loire est coupée en deux par la ligne de démarcation

Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Après l’armistice du 22 juin 1940, la Saône-et-Loire est coupée en deux par la ligne de démarcation et fait passer sous contrôle allemand toute la partie industrielle du département. Le 10 juillet 1940 Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Très tôt l’hostilité au gouvernement de Pétain et à l’occupant se manifeste en Saône-et-Loire par des distributions de tracts, graffitis, sabotages. De lourdes amendes sont appliquées aux villes où ces actes sont constatés.

Le 26 février 1942, Henri Goux est arrêté par les polices française et allemande, en même temps que 3 autres chalonnais qui feront partie du même convoi pour  Auschwitz Léon Michaud (45876), Lucien Rosier (46069), Léon Thibert. Cette arrestation s’inscrit en représailles après l’attentat de la rue de Bourgogne place du Théâtre à Dijon (attaque à la grenade par un groupe de l’O.S. – « organisation spéciale » du Parti communiste clandestin – d’une école réquisitionnée par les Allemands pour servir de Soldatenheim (maison ou foyer du soldat). Les milieux syndicaux et communistes sont visés. (Témoignages d’Alfred Savin et Léon Michaud, internés en même temps que lui à Chalon et Beaune).
Henri Goux est emprisonné à la maison d’arrêt de Chalon, puis de Beaune. A la demande des autorités allemandes, les quatre Chalonnais sont envoyés début mai 1942, au camp de Royallieu  à Compiègne (témoignage d’Alfred Savin emprisonné en même temps que lui à la maison d’arrêt de Châlon et de Beaune), administré par la Wehrmacht (le Frontstalag 122) camp de détention des “ennemis actifs du Reich”.

Depuis ce camp, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Henri Goux est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau

Henri Goux est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro matricule « 45625 ». Sa photo d’immatriculation (1) à Auschwitz a été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Aucun document des archives SS préservées de la destruction ne permet de connaître la date de son décès à Auschwitz. Dans les années d’après-guerre, l’état civil français n’ayant pas eu accès aux archives d’Auschwitz emportées par les armées soviétiques a fixé celle-ci 15 août 1942.
Léon Thibert m’a fait au téléphone en 1990, le récit de sa mort, survenue selon lui à l’automne 1942, au camp de Birkenau : Atteint du typhus, « il ne pouvait plus marcher, il était devenu « musulman » et mourut d’épuisement« .
La mention «Mort en déportation» est apposée sur son acte de décès paru au Journal Officiel du 18 février 1994 et du 07/ mars 1995. Il est déclaré « Mort pour la France »mention du 10/12/1947.
Son nom est honoré sur le monument aux morts de la commune.

  • Note 1 : 522 photos d’immatriculation des « 45.000 » à Auschwitz ont été retrouvées parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation du camp d’Auschwitz. A la Libération elles ont été conservées dans les archives du musée d’Etat d’Auschwitz. Des tirages de ces photos ont été remis par Kazimierz Smolen (ancien détenu dans les bureaux du camp d’Auschwitz, puis devenu après guerre directeur du Musée d’Etat d’AuschwitzBirkenau) à André Montagne, alors vice-président de l’Amicale d’Auschwitz, qui me les a confiés.

Sources

  • Témoignage de Léon Thibert (février 1990)
  • FNDIRP Chalon-sur-Saône, M. Georges Mazoyer (1990)
  • Listes – incomplètes – du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de la F.N.D.I.R.P).
  • Fichier national du Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), Ministère de la Défense, Caen.
  • © Site Legifrance.gouv.fr

Notice biographique rédigée par Claudine Cardon-Hamet en avril 2006, réinstallée en 2014, complétée en 2018 et  2021 ; Docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 », Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000. Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice.
Pour la compléter ou corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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