Lucien Rosier : né en 1924 à Saint-Jean-des-Vignes (Saône-et-Loire) ; domicilié à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) ;  ouvrier du bâtiment ; arrêté le 28 mars 1941, puis le 26 février 1942 ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 28 octobre 1942.

Lucien Rosier est né le 15 mars 1924 à Saint-Jean-des Vignes (Saône-et-Loire), commune associée à Chalon-sur-Saône en 1954. Il habite à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) au moment de son arrestation.  Il est le fils de Marthe Rosier.
Il est célibataire, ouvrier du bâtiment, comme le jeune Léon Michaud, qui sera arrêté en même temps que lui.

la Saône-et-Loire est coupée en deux par la ligne de démarcation

Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Après l’armistice du 22 juin 1940, la Saône-et-Loire est coupée en deux par la ligne de démarcation et fait passer sous contrôle allemand toute la partie industrielle du département. Le 10 juillet 1940 Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Très tôt l’hostilité au gouvernement de Pétain et à l’occupant se manifeste en Saône-et-Loire par des distributions de tracts, graffitis, sabotages. De lourdes amendes sont appliquées aux villes où ces actes sont constatés.

Le 28 mars 1941, Lucien Rosier est jugé « pour chants séditieux » et condamné à 6 mois de prison (L.A 16629).
Il est à nouveau arrêté le 26 février 1942, par les polices française et allemande, en même temps que trois autres chalonnais qui feront partie du même convoi pour Auschwitz : Léon Michaud , Henri Goux  (45625) et Léon Thibert. Cette arrestation s’inscrit en représailles après l’attentat de la rue de Bourgogne place du Théâtre à Dijon (attaque à la grenade par un groupe de l’O.S. – « organisation spéciale » du Parti communiste clandestin – d’une école réquisitionnée par l’armée allemande pour servir de Soldatenheim (foyer du soldat). Les milieux syndicaux et communistes sont visés. Trois autres châlonnais, arrêtés comme otages Juifs, seront déportés à Auschwitz dans le convoi du 5 juin 1942.

D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par la police française (maison d’arrêt de Chalon, puis Beaune) les quatre Chalonnais sont envoyés, à la demande des autorités allemandes, au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré par la Wehrmacht (le Frontstalag 122) camp de détention des “ennemis actifs du Reich”.

Depuis ce camp, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation :
La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages». 

Depuis le camp de Compiègne, Lucien Rosier est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Son numéro d’immatriculation à Auschwitz n’est pas connu. Le numéro « 46.061 » figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 (éditions de 1997 et 2000) et signalé comme incertain correspond à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules, qui n’a pu aboutir en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Il serait donc hasardeux de maintenir ce numéro en l’absence de nouvelles preuves.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Dessin de Frantz Reisz, 1946

Lucien Rosier meurt à Auschwitz le 28 octobre 1942 selon les registres du camp (archives du camp / Death Books from AuschwitzSterbebücher von Auschwitz (registre des morts). Dans les années d’après-guerre, l’état civil français n’ayant pas eu accès aux archives d’Auschwitz emportées par les armées soviétiques a fixé celle-ci 15 septembre 1942. Cette date fictive est maintenue dans un arrêté du 14 septembre 1998 portant apposition de la mention « Mort en déportation » sur les actes et jugements déclaratifs de décès.

Son homologation comme « Déporté politique » date du 22 juillet 1946.

Sources

  • Listes – incomplètes – du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de la F.N.D.I.R.P).
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Fichier national du Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BACC), Ministère de la Défense, Caen, juin 1992.
  • FNDIRP Châlon-sur-Saône, M. Georges Mazoyer (1990)
  • Confirmation de sa présence dans le convoi par Léon Thibert, rescapé chalonnais du convoi qui le décrit : « un grand, maigre« . (Fév. 1991).

Notice biographique rédigée par Claudine Cardon-Hamet en avril 2006, réinstallée en 2014, complétée en 2018 et  2021 ; Docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 », Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000. Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice.
Pour la compléter ou corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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