Evadé du train le 6 juillet 1942

Jean Lebouteiller : né en 1911 à Dives-sur-Mer (Calvados) ; domicilié à Mondeville (Calvados) ; docker ; arrêté le 1er mai 1942 comme otage communiste ; déporté le 6 juillet 1942 vers Auschwitz ; évadé du train.

Ferdinand, Jean Christian, Denis Lebouteiller est né le 11 décembre 1911 à Dives-sur-Mer (Calvados).
Il habite rue du docteur Calmette à Mondeville (Calvados) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Marie, Sidonie Brisset, 35 ans et de Ferdinand Jules, Joseph Lebouteiller, 38 ans, ouvrier d’usine, son époux. Ses parents habitent rue de l’Avenir à Dives-sur-Mer.
Il est monteur en fer. En 1930, il habite à l’hôtel restaurant Bazin.
Sportif, il est membre de l’Union sportive ouvrière Divaise. Il fait des courses cyclistes (il fait une lourde chute en mai 1930 au cours d’un entraînement dans le quartier de la Maladrerie à l’ouest de Caen. In Le Moniteur du Calvados, 30 mai 1930).
Le 30 avril 1932, il épouse Simone, Julienne Bazin à Dives.
Il est connu des services de police (entre 1930 et 1936, pour quelques condamnations pour coups et blessures et un flagrant-délit de cambriolage) et d’après la Sureté, il est proche des milieux communistes.
En 1936, il est au chômage. Son mariage est rompu par jugement de divorce en juin 1937.
Il a travaillé comme docker chez Savare (témoignage de Félix Bouillon, avec lequel il s’est évadé).

Le 14 juin 1940, l’armée allemande d’occupation entre dans Paris, vidé des deux tiers de sa population. La ville cesse alors d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France.
Le 14 juin 1940, l’armée allemande d’occupation entre dans Paris, vidé des deux tiers de sa population. La ville cesse alors d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 18 juin 1940, les troupes allemandes arrivant de Falaise occupent la ville de Caen, et toute la Basse Normandie le 19 juin. Les troupes allemandes défilent à Caen. Toute la Basse Normandie est occupée le 19 juin. La Feldkommandantur 723 s’installe à l’hôtel Malherbe, place Foch.
Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
En août huit divisions d’infanterie allemande – qu’il faut nourrir et loger – cantonnent dans la région. L’heure allemande remplace l’heure française.  Dès le début de l’Occupation allemande, la police de Vichy a continué de surveiller les anciens élus ou militants communistes « notoires », et procède à des perquisitions et des arrestations.

Le 1er juillet 1941, son domicile est perquisitionné (sans résultat) par des gendarmes de la 3è Légion de gendarmerie du Calvados qui sont à la recherche de tracts communistes. Il fait en effet partie d’une liste de 61 hommes et femmes du Calvados (dont 8 de Mondeville), anciens militants syndicalistes ou communistes visés par une opération de « répression de la propagande communiste ». 16 d’entre eux sont arrêtés. La même opération a visé 57 femmes et hommes de nationalité Russe. « Résultat néant ». Il s’agit manifestement d’une vaste opération déclenchée dans le cadre «d’Aktion Theoderich» (dès le 22 juin 1941, jour de l’attaque hitlérienne contre l’Union soviétique, sous les Allemands arrêtent plus de mille communistes dans la zone occupée, avec l’aide de la police française). Aucun tract n’est découvert à son domicile. Il n’est pas arrêté (seul mondevillais arrêté sur les huit : Robert L., un tourneur).

Mais Jean Lebouteiller est arrêté le 1er mai 1942 : Il figure en effet sur la liste de 120 otages « communistes et Juifs » établie par les autorités allemandes. Son arrestation a lieu en représailles au déraillement de deux trains de permissionnaires allemands à Moult-Argences (38 morts et 41 blessés parmi les permissionnaires de la Marine allemande à la suite des sabotages par la Résistance, les 16 et 30 avril 1942, de la voie ferrée Maastricht-Cherbourg où circulaient deux trains militaires allemands. Des dizaines d’arrestations sont effectuées à la demande des occupants.
Lire dans le site : Le double déraillement de Moult-Argences et les otages du Calvados (avril-mai 1942).

A la demande de la Feldkommandantur 723 il est interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122), le 4 mai, en vue de sa déportation comme otage.

Depuis le camp de Compiègne Jean Lebouteiller est déporté vers le camp d’Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 ».

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Jean Lebouteiller s’évade du train peu avant Metz, avec Félix Bouillon : ils sont repris par les gardes-frontière allemands.
Jean Lebouteiller et son camarade sont ramenés sur Paris, internés à Romainville puis à Compiègne.
Il est libéré le 11 février 1943.
Lire dans le blog : Les 3 évadés du transport du 6 juillet 1942 
Jean Lebouteiller est décédé le 9 janvier 1990 à Caen.

Sources

  • Listes – incomplètes – du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de la F.N.D.I.R.P).
  • Recherches généalogiques (état civil, recensement) effectuées par Pierre Cardon

Notice biographique rédigée en janvier 2001, complétée en 2017, 2020 et 2024, par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) à l’occasion de l’exposition organisée par des enseignants et élèves du collège Paul Verlaine d’Evrecy, le lycée Malherbe de Caen et l’association Mémoire Vive, Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com 

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